Cheikh Anta Diop : le souvenir d’un savant africain atypique

C’est hier 7 février que la communauté des savants africains et du monde se souvenait du trentième anniversaire de la disparition du professeur sénégalais Cheikh Anta Diop. C’est précisément le 7 février 1986 que nous quittait ce grand historien et égyptologue.

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Trente ans plus tard les travaux et les thèses de ce érudit africain, restent présents dans les consciences. C’est surtout la pertinence de ses travaux qui ont contribué à l’inscrire dans la postérité. Cheikh Anta Diop doit aussi sa popularité à son courage. Celui d’avoir pu remettre en question la thèse de l’origine occidentale de la pensée et de la science. Son argumentaire reposait sur une démonstration scientifique bouleversante. Celle que l’Egypte antique qui a été pendant l’antiquité le berceau de tous les savoirs, était habitée et dirigée par les Noirs. Ses conclusions qu’il présentait dans le cadre des différentes thèses de doctorat qu’il a soutenues, ont reçu des fortunes diverses.

Des  partisans constitués beaucoup d’Africains dont le plus connu est le Congolais Théophile Obenga et de quelques Européens et des dissidents constitués d’Occidentaux et  des Africains aussi. Pour propager ses découvertes, Cheikh Anta Diop les a consignées dans des ouvrages indépassables sur la connaissance du passé de l’Afrique : Nations nègres et Culture, Civilisations ou Barbarie et l’Antériorité des Civilisations nègres sont les principaux ouvrages de Cheikh Anta Diop qui résument ses travaux sur le passé élogieux de l’Afrique. Pour s’assurer de la réussite de ses recherches, il s’est fait le devoir d’explorer  presque tous les domaines du savoir. Il a ainsi étudié en profondeur les mathématiques et physiques qui lui ont permis de créer à Dakar au Sénégal le laboratoire du carbone 14. Nécessaire pour établir les datations dans le cadre des recherches historiques et plus précisément en archéologie. Il a fait des études de linguistique qui lui ont permis d’établir le rapprochement entre la langue de l’Egypte antique avec les autres langues africaines.

Il a étudié l’économie pour envisager les conditions de relance de l’économie du continent. Il a appris la géographie pour étudier les potentialités du milieu physique africain. Démontrant par exemple que le débit du fleuve Congo peut permettre de générer l’énergie hydroélectrique pouvant  alimenter toute l’Afrique sub-saharienne.  Il a parcouru presque toute l’Afrique pour expliquer aux universitaires et étudiants les conclusions de ses recherches. Cela lui a valu l’admiration,  mais aussi de la délation. Ces détracteurs l’accusaient de faire de l’angélisme du passé de l’Afrique, avec des démonstrations d’un passé glorieux, qui a spectaculairement disparu. Ces critiques n’ont pas véritablement ébranlé les démonstrations irréfutables de Cheikh Anta Diop. Comme celles qui prouvent le passé nègre de l’Egypte ou qui démontrent que les grands savants européens, présentés tels des précurseurs de différents domaines du savoir, étaient plutôt allés apprendre en Egypte. Malheureusement, l’engouement d’Anta Diop n’a pas suscité de l’enthousiasme auprès des dirigeants politiques africains.

En commençant par son propre pays le Sénégal, où il a été interdit d’enseigner. Ce n’est qu’après sa mort que l’Université de Dakar a été baptisée : Université Cheikh Anta Diop. Une reconnaissance à titre posthume qui trahit les remords de ses bourreaux. De même, les travaux de Cheikh n’ont pas été adoptés par les pays africains pour être enseignés dans le cadre du programme officiel. Pour que des réflexions sur la question se prolongent soit sur l’adhésion à ses thèses soit à relever des limites à ses conclusions. La note de satisfaction provient cependant de l’avènement des continuateurs  des travaux de Cheikh Anta Diop qui sans être ses disciples, ont poursuivi et pérennisé ses thèses. Kwamé N’krumah, Joseph Ki-Zerbo et Amadou Hampaté Bâ ont su prolonger les thématiques de Diop à leur manière. Pour ce trentième anniversaire de sa disparition, on  se souvient  de Cheikh Anta Diop comme ce savant africain qui a eu le courage de remettre en question de façon scientifique,  les enseignements des Occidentaux.  Indiquant ainsi aux Africains, de sortir du complexe d’infériorité qu’il développe très souvent face au savoir présenté par ceux-ci.

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