Le cyclone de malheurs qui a soufflé en République centrafricaine depuis 2013, des vents d’affrontements : entre les populations et entre les milices, est en train de perdre de sa puissance.
Le pays a opté, à travers la proclamation samedi 20 février 2016 des résultats du second tour des présidentielles, de tourner le dos au climat de violence et d’insécurité qui a prévalu ces dernières années. Grâce au comportement et au rôle joué par les différentes composantes de la société. C’est comme si le peuple centrafricain avait suivi les recommandations que nous avons faites dans les chroniques consacrées par nous sur l’avenir du pays. Les acteurs impliqués dans le processus électoral, ont accompli comme si nous les guidions dans leurs devoirs. Les électeurs, les candidats et les institutions chargées de l’organisation des élections et de la proclamation des résultats, ont joué avec précision leur partition. C’est ce qui a donné lieu à l’aboutissement heureux marqué par la désignation d’un Président démocratiquement élu. Mention honorable donc aux électeurs qui en accomplissant leurs devoirs lors des deux tours de la présidentielle, ont permis de départager les candidats en lice.
Leur implication traduisait d’une part, le désir du retour du pays à un ordre institutionnel rationnel. Mais aussi à témoigner de leur détermination à mettre fin à la forme traditionnelle de dévolution du pouvoir dans le pays, qui était celle des coups d’Etat. Mention honorable aussi aux candidats qui ont accepté de prendre part à cette échéance électorale. Leur participation à ces deux phases des élections exprimait leur engagement à confier le pouvoir à l’un des candidats qui le conquiert régulièrement. C’est-à-dire à celui qui y accède selon les dispositions règlementaires. Certains de ces candidats au premier tour, ont eu de la peine à accepter le verdict des urnes qui les déclarait défaits. Heureusement, qu’ils ont fini par entendre raison. Et c’est avec satisfaction qu’on les a vus apporter chacun librement le soutien à l’un des deux candidats retenus au second tour. Faustin-Archange Touadéra en a été le grand bénéficiaire. Ce sont 22 candidats recalés au premier tour, qui ont battu campagne à ses côtés.
C’est ce qui lui a permis de remporter avec une avance considérable (62,71%), le second tour des présidentielles face à son adversaire Anicet Doléguélé. Celui-ci malgré sa défaite, mérite néanmoins les félicitations particulières du jury par rapport à son attitude de bon perdant. En reconnaissant sa défaite après la proclamation des résultats par l’ANE, le candidat Dologuélé a non seulement respecté le code de bonne conduite, mais aussi prouvé son désir de contribuer au retour du pays à la paix, qui n’est pas seulement une proclamation, mais surtout un comportement. Mention honorable avec félicitation du jury à l’Autorité nationale des élections (ANE) qui a capitalisé les critiques formulées par les candidats et la Cour constitutionnelle au lendemain du premier tour. En revoyant qualitativement l’organisation des élections du second tour, on saluera aussi le respect du temps imparti pour la proclamation des résultats, soit six jours au total. Le régime de transition mérite aussi la mention honorable du jury pour son implication heureuse dans l’organisation du scrutin.
Sa neutralité a certainement contribué à garantir l’objectivité des différentes institutions impliquées dans l’ensemble du processus électoral. Les résultats combinés de l’action de chaque groupe d’acteurs nous autorisent à souhaiter que le nouveau Président élu, conduise réellement le pays dans la voie de la paix, de la relance économique et du rétablissement de la sécurité. L’espoir de ce changement peut trouver son fondement dans les déclarations qu’il a faites hier dimanche à Bangui. En révélant de vouloir travailler avec son adversaire Anicet Dologuélé sur le chantier de la pacification du pays et du redécollage économique, Touadéra envoie là des signaux fort saisissants qui renseignent opportunément sur sa philosophie et sur l’orientation de son pouvoir. L’idée de partager le pouvoir avec des adversaires défaits est à encourager surtout dans un pays où les démons de la division ont presque réussi à monter les citoyens les uns contre les autres. Mais tout cela ne sera d’ici-là, plus qu’un malheureux souvenir. Les évènements de ce week-end nous permettent d’affirmer sans risque de nous tromper que le soleil brillera de nouveau sur la Centrafrique.
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