Main basse sur la télévision nationale

S’il est une tache qui ait maculé, de façon indélébile, les deux mandats successifs du Président Boni YAYI, c’est bien son omniprésence sur les écrans de la Télévision du service public et la propagande, hors norme, érigée en système de gestion.

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C’est un secret de polichinelle ! Cette occupation abusive et scandaleuse des  antennes de la Télévision nationale a provoqué un dégout populaire. L’ORTB est d’ailleurs  devenu la risée de tous ; Et d’aucuns se plaisent, volontiers, à le désigner par l’infamant sobriquet de « YAYI-TiVi »,  par allusion  à une chaine thématique qui diffuse les bandes dessinées. Cette situation n’est pas pour plaire à certains agents de l’Office. Ils en ont ras-le-bol ! Qui, mieux que l’héroïque  Ozias SOUNOUVOU, pour dire leur légitime exaspération ? Le peuple béninois, tout entier, s’en souvient, comme si c’était hier ! En effet, au lendemain, des événements qui ont plongé la France, dans l’émoi, suite à la boucherie perpétrée, au sein de la Rédaction du Journal satirique, « Charlie Hebdo », le Président Boni YAYI s’est rendu sur les bords de la Seine, pour témoigner sa solidarité à François HOLLANDE.

Ce geste de compassion passerait pour un acte louable si le 1er des béninois avait su balayer sa propre case, avant de traverser les océans. Opérer une main basse sur la Télévision Nationale, pour aller, ensuite, se faire bonne conscience à Paris ! Cette frasque frappait au coin de l’indignité. Et le brillant journaliste, Ozias SOUNOUVOU, l’a relevé, en direct, sur les écrans de la Télévision ORTB, dans la nuit du 12 Janvier 2015.  Le sens de l’honneur, chevillé au corps, il déclare : « … Etre heureux et fier du sens de l’engagement de Boni YAYI, devenu ‘Charlie’ pour la liberté de presse en France, à l’international. Et comme on aurait aussi aimé, que pour aller au bout de cet engagement, le Chef de l’Etat devienne aussi Charlie ORTB : Charlie ORTB pour la liberté de Presse sur le service public de l’Audiovisuel au Bénin ; liberté de Presse qui rime avec ouverture des antennes de la Télévision Nationale aux vrais débats contradictoires sur les grandes questions politiques et autres qui engagent le présent et l’avenir de la Nation.

Monsieur, le Président de la République, sauvez la liberté des journalistes à l’ORTB, précieux héritage de la Conférence Nationale, entre autres, et entrez dans l’histoire. Pardon ! pour cette impertinence. N’est-ce pas là aussi l’esprit Charlie ? Clause de conscience et devoir républicain oblige ! Monsieur, le Président de la République, vous êtes notre recours, rendu obligé ce soir, après trois pétitions infructueuses des journalistes de l’ORTB pour le retour de la liberté de Presse sur le service public. Nous voulons juste faire notre métier et prendre notre part à la construction de la République. Vive le service public de l’information sur la chaine publique. Vive la République ». Devoir de mémoire : L’appel pathétique, lancé par Ozias SOUNOUVOU et qui a fait le tour du monde, est resté en travers de la gorge. Quel crime de lèse-majesté ! Pour essuyer, ce qui est considéré, dans les allées du Pouvoir, comme un affront, des pratiques, des plus ignobles ont été mises en branle : Des Appels anonymes, des menaces et des flics, commis d’office, pour filer le journaliste émérite. A l’ORTB, l’office, où Ozias SOUNOUVOU intervient en qualité de journaliste, des réunions s’enchainent : Demande d’explication, sanctions et autres mutations, toutes les voies ont été explorées avec l’onction du Syndicat-Maison, le SYNTRAB. Très vite, des modifications ont été faites, au niveau de la grille de présentation du journal télévisé, pour anéantir la fougue téméraire des autres journalistes qui affichent ouvertement leur soutien à Ozias SOUNOUVOU. Celui qui s’est érigé, dès lors, en bourreau a nom Stéphane TODOME. L’homme des basses besognes du Président Boni YAYI et ses valets à l’ORTB n’en pouvaient plus, de voir travailler, ces journalistes qui ont fait le serment de redorer l’image, gravement, ternie de la Télévision du contribuable. Mieux vaut prévenir que guérir! Ozias SOUNOUVOU a dû quitter son pays. Départ de Cotonou pour Washington D.C .  

A la destination finale, le jeune homme a choisi la voie de l’exil pour se soustraire des griffes des prédateurs de la liberté de Presse et leurs affidés. Plus que quelques semaines ! Et Boni YAYI va céder le fauteuil présidentiel. Laissons à l’histoire, le jugement dernier : Celui de la caporalisation des antennes de la Télévision Nationale, à des fins inavoués, et des brimades et autres entraves infligées aux journalistes de l’ORTB qui ont refusé de se laisser manipuler. Mais, il importe, dans ces conditions, d’attirer l’attention des prétendants au fauteuil présidentiel, de s’inspirer, de ces faits, préjudiciables à notre démocratie pour prendre des décisions salutaires en vue de rehausser l’image de la Télévision Nationale, la plus grande vitrine du Bénin sur le Monde. Car, comme l’a dit l’écrivain Elie Wiesel : « Le bourreau tue toujours deux fois, la seconde fois par l’oubli ». Dans l’effervescence électorale, qui gagne en intensité, les présidentiables doivent faire preuve de lucidité pour séparer le bon grain de l’ivraie et surtout se défaire du piège des soutiens douteux, voire encombrants.

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Chers candidats à l’élection présidentielle de 2016, rendez au peuple sa télévision nationale, dès les premiers jours de votre investiture officielle, à la tête de notre cher et beau pays. Il y va de l’image du Bénin, dans le concert des Nations !

Jean-Charles AFFEDJOU
Doctorant en Droit

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