Présidentielle 2016: Victor Topanou annonce son retrait de la course à la Marina

Victor Prudent Topanou vient de jeter l’éponge. Ni son nom ni son logo ne figurera sur le bulletin unique pour le scrutin présidentielle du 28 fevrier prochain.

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A travers une publication sur sa page facebook, le professeur de droit à l’université d’Abomey-calavi a officiellement annoncé son retrait de la course à la succession de Boni Yayi. Dans ce cette publication, le professeur donne les raison de son retrait. Lisez plutôt.

« Annonce de retrait de ma candidature »

Béninoises, Béninois, mes chers compatriotes.

Par Décision Ep-005 du 30 janvier 2016, la Cour constitutionnelle a rendu publique, la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle 2016 et mon nom y figure.
En réalité, j’avais espéré que l’élection de 2016 serait une occasion irremplaçable d’entamer la marche nécessaire qui mène de la « démocratie d’argent » que nous construisons ensemble depuis 1990 vers « une démocratie d’idées » que j’appelle de tous mes vœux. 
J’étais convaincu, à tort ou à raison, mais sans doute plus à raison qu’à tort, que nous ne pouvions plus nous satisfaire, plus longtemps, d’une « démocratie d’argent » dans laquelle le pouvoir d’Etat s’achète et se vend, les leaders politiques se vendent et sont achetés à coup de centaines de millions, voire de plusieurs milliards de Fcfa mais aussi, la crédibilité d’une candidature est directement proportionnelle à la fortune supposée ou réelle des candidats, les idées n’ont aucune importance ni aucune pertinence. Ce système-là fait l’apologie des médiocres au détriment des meilleurs et des compétents.
C’est en nourrissant cet espoir que j’ai déclaré ma candidature, très tôt, en 2013. Je pensais que tous les autres en auraient fait autant afin de lancer le débat, aussi bien sur nos moralités et nos probités respectives que sur nos projets de sociétés respectifs : il n’y eut ni l’un ni l’autre. Et encore une fois, c’est le pouvoir de l’argent qui s’imposera. 
Je constate que notre pays, son peuple et en particulier ses élites ne sont pas encore prêts à abandonner cette « démocratie d’argent » pour faire le saut qualitatif vers la « démocratie d’idées » : j’en prends acte et j’en tire toutes les conséquences. 
Dès lors, le seul vrai enjeu de la prochaine élection se pose en termes de pérennisation du système YAYI avec ou sans YAYI. Autrement dit, faut-il en 2016 une alternance sans alternative ou une alternance avec une vraie alternative.
En effet, c’est la première fois de notre jeune histoire politique qu’un Président de la République sortant choisit d’imposer un successeur, comme pour confirmer que nous sommes définitivement dans une République bananière.
Laisser Lionel Zinsou gagner cette élection, c’est admettre la pérennisation durant les vingt-cinq prochaines années du système Yayi auquel il ne pourra apporter la moindre inflexion, lui qui d’ailleurs revendique, sans aucun droit d’inventaire, tout le bilan du système Yayi de ce second mandat en restant désespérément muet face aux multiples scandales liés, d’une part, à l’organisation des concours frauduleux et, d’autre part, au PPEA II. 
Laisser Lionel Zinsou gagner, c’est tuer dans l’œuf toute velléité d’alternance porteuse d’alternative au sommet de l’Etat, seul gage de crédibilité démocratique. 
Laisser Lionel Zinsou gagner cette élection, c’est en un mot, mettre un terme à notre expérience démocratique.
C’est pour réaliser ce sombre et vil dessein que l’alliance FCBE-PRD-RB a été créée, modifiant sensiblement la donne politique. Elle crée une nouvelle majorité de cinquante députés à l’Assemblée nationale (33 FCBE+10PRD+7RB) au service d’un Exécutif FCBE, qui contrôle la Cour constitutionnelle (Holo Théodore), la Haac (Tessy Boni Adam), le COS/LEPI (Ahouanvoebla Augustin) et la CENA (Tiando Emmanuel) dont elle modifie structurellement les rapports de force internes (3+1+1 au lieu de 2+2+1). 
Face à cette coalition, nous ne pouvons opposer 35 candidats. C’est un chiffre excessif qui rend peu crédible cette élection et renvoie de notre pays à l’extérieur, une image peu reluisante d’une République bananière. On ne peut me dire qu’il y a 36 projets de société en lice. 
L’heure est au rassemblement. C’est pourquoi, la coalition des candidats pour des élections transparentes encore appelée « coalition de la rupture » a redonné espoir au peuple qui en est venu à souhaiter et espérer la mutualisation des efforts et surtout la réduction drastique du nombre des candidats afin de faire front à la forfaiture en préparation. 
Certains ont même souhaité une candidature unique de la coalition ; ce qui serait une erreur qui fournirait une explication trop facile à un éventuel K.O. comme ce fut le cas en 2011. Mais une réduction drastique des candidatures est possible, elle est même souhaitée. 
C’est pourquoi j’ai décidé de me retirer de la course à l’élection présidentielle de 2016. J’en informerai dans toutes les prochaines heures la CENA ainsi que la Cour constitutionnelle.

Pour autant, je ne resterai pas inactif, pas plus que je ne m’éloignerai de la scène politique. Je me donne encore quelques jours, jusqu’à la semaine prochaine, pour choisir un candidat à qui j’unirai mes forces. 
Mais ce candidat devra impérativement remplir cumulativement les trois conditions ci-après :
D’abord, avoir un vrai projet politique en cas de victoire mais aussi et surtout en cas de défaite.
– Ensuite, avoir l’envie mais aussi les ressources humaines et morales, matérielles, financières et logistiques d’empêcher la pérennisation du système YAYI.
– Enfin, accepter d’intégrer dans son projet, les trois points essentiels que j’appelle les trois préalables en vue d’un décollage économique de notre pays à savoir (i) les Etats généraux de l’Etat en vue de modifier substantiellement la conception que nous en avons, (ii) la mise en place du financement public de notre vie politique et la lutte sans merci contre la fraude électorale afin de modifier structurellement notre culture démocratique et enfin (iii) la lutte contre la méfiance interpersonnelle dans notre société.

Je vous remercie.

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