Procès des assassins de Robert Guei, la perpétuité pour des pro-Gbagbo

Le procès des assassins du Général Robert Guei a connu son épilogue hier jeudi 18 février 2016 au tribunal militaire d’Abidjan. Celui-ci a prononcé des sentences différenciées à l’endroit des accusés.

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Elle a décidé d’acquitter 13 accusés, puis a condamné six autres à dix ans d’emprisonnement ferme. Mais c’est la sentence des deux principaux accusés, le Général Bruno Dogbo Blé, ancien Commandant de la Garde présidentielle de Laurent Gbagbo et le Colonel Anselme Séka Yapo, ancien aide de camp de l’ex-première dame de la Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo, qui a captivé le plus d’attention. Le tribunal dans son verdict, a suivi le réquisitoire du procureur militaire qui avait requis la perpétuité pour les deux principaux accusés. Les différents condamnés sont accusés d’assassinat et de complicité d’assassinat du Général Guei, des membres de sa famille et de ses gardes rapprochés. On ne peut pas s’empêcher de remarquer que les deux principaux accusés qui ont été condamnés à perpétuité, pour avoir servi directement le couple présidentiel, sont des pro-Gbagbo.

Et que prenant en compte cette variable, on est tenté de  s’interroger sur la neutralité de la justice pendant ledit procès, et partant, questionner l’objectivité du verdict rendu. Le dénouement de ce procès a-t-il permis la manifestation de la vérité ou a-t-il  donné lieu au contraire à des règlements de comptes politiques ? Il sera difficile de répondre de façon péremptoire à la question de savoir si la justice rendue s’est accomplie en toute impartialité ou si elle n’a pas subi des influences politiques. Parce que le procès a eu bel et bien lieu avec des audiences publiques au cours desquelles les deux parties ont eu droit à des plaidoiries. Les avocats de la partie civile comme ceux de la défense, ont eu l’occasion de présenter au tribunal leurs arguments et leurs observations. Le tribunal a procédé à l’audition des témoins qui ont été interrogés par les  avocats des deux parties. Mais les zones d’ombre de ce procès, ont porté sur la nature des témoins présentés par le parquet. Ils  n’ont été dans l’ensemble que  des témoins à charges.

C’est d’ailleurs un point que les avocats de la défense ont soulevé en expliquant que ces témoignages étaient seulement orientés à démontrer la culpabilité de leurs clients, c’est-à-dire celle du Général Dogbo Blé et du Colonel Anselme Séka Yapo. C’est pour cette raison que la défense a toujours contesté les différents témoignages enregistrés. Elle les jugeait préparés et fabriqués de toutes pièces. C’est donc logiquement que les avocats de la défense ont annoncé de faire appel du verdict qui a été rendu par le tribunal hier jeudi. Ce  procès connaîtra un prolongement en appel et même peut-être en cassation. La Cour d’appel sera appelée soit de  confirmer les peines ; soit de les retrancher. Ou par extraordinaire, d’élargir les accusés. Ce sera un grand défi pour la Cour d’appel surtout pour ce qui est de la manifestation de la vérité. Il est difficile de parler de ce procès sans évoquer une probable immixtion politique. Les deux principaux accusés ayant été très proches du l’ancien Président Laurent Gbagbo et de l’ancienne Première dame Simone Gbagbo.

La Cour devra convaincre l’opinion  de la neutralité de la justice et surtout de sa distance avec le pouvoir politique. Il devient dès lors difficile de ne pas y percevoir, une forme d’acharnement sur les pro-Gbagbo. A l’instar de la curieuse coïncidence qu’il y a eue entre l’ouverture de ce procès à Abidjan et la reprise du procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé à la Haye. Il y a de cela quelques mois, d’autres pro-Gbagbo parmi lesquelles l’ancienne Première dame, avaient  été condamnés à vingt ans de prison dans un procès marathon qui avait fait couler beaucoup d’encre et de salive. Les accusés dans  ce procès étaient tous, fort curieusement les membres du Front populaire ivoirien (Fpi). Ils  étaient poursuivis pour atteinte à la sûreté de l’Etat et de crimes de guerre. En scrutant ces successions de procès qui accablent les pro-Gbagbo, on ne pas s’empêcher de soupçonner des relents d’une justice aux ordres. Vivement que la suite du procès en appel, démontre le contraire

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