Dans l’affaire ‘’Akpadji Amoussou-Guénou’’ survenue en 2002 et relative à l’arraisonnement d’un véhicule contenant des produits prohibés par deux jeunes gendarmes mais prise autrement jusqu’à la radiation de ces derniers, Briston Amoussou-Guénou, une des victimes, décide de livrer la vérité des faits et de mettre à nu de tristes réalités de la grande muette à travers son livre «Crime contre le devoir» lancé hier à Cotonou.
Quand l’arme qui devrait servir à défendre la patrie est tournée contre elle et quand l’insécurité prend source à partir de la maison chargée d’assurer la sécurité, le pays n’est plus en sécurité. Briston Wilfried Amoussou-Guenou, précédemment fonctionnaire de la gendarmerie nationale fait de troublantes révélations sur la grande muette. C’est dans son livre «Crime contre le devoir» lancé mercredi 10 février 2016 au Chant d’oiseau à Cotonou. Il s’agit de son mémoire en 11 chapitres sur un devoir républicain qu’il pensait bien accomplir pour sa patrie avec son collègue, feu Narcisse Roland Nestor Akpadji mais qui –le devoir- n’a pas été reconnu parce que ce faisant, ils auraient dérangé des intérêts mafieux de personnalités du pays même dans le rang de leurs supérieurs. C’est le témoignage d’un « prix fort » payé pour avoir dénoncé une mafia, selon Gervais Loko, membre de l’Ong Alcrer. « Prix fort » parce que dit-il, c’est 16 mois de prison, plusieurs tentatives d’empoisonnement, des séries de persécutions.
Pour l’histoire selon la présentation faite au lancement du livre par le journaliste chroniqueur culturel Tanguy Agoï, ce mardi 5 novembre 2002, deux jeunes gendarmes en poste à Porto-Novo sont en route pour Abomey-Calavi dans un voyage privé quand l’information d’un véhicule plein de faux billets et de stupéfiants leur parvient. Passionnés de leur mission prise sous les drapeaux, ils sont arrivés à faire arraisonner le véhicule par un service compétent habilité dans la zone, selon les règles de leur profession. L’affaire, pourtant bien avérée –du moins selon le récit de l’auteur-, tourne mal et déclenche un bras de fer entre les deux jeunes agents et leur hiérarchie avec des ramifications politiques. L’auteur du livre raconte la chronologie des faits depuis ce mardi 5 novembre 2002 jusqu’au jour de leur exclusion en 2007 et le décès de son collègue.
Dans cette chronologie, il témoigne des coup-bas et des choses qui se passent de noir et de ‘’criminel’’ au sein de l’armée au Bénin. Il se dit porte-voix de nombreux agents qui y subissent des persécutions de diverses sortes mais n’ont pas le courage de parler. La grande muette dit-on. Briston Wilfried Amoussou-Guenou souligne aussi l’injustice qui règne dans une maison à qui les citoyens ont confié leur sécurité. Une maison dans laquelle, confie-t-il, il n’y a pas de démocratie. C’est la démesure dans tout, à l’en croire. Plus loin, il soutient que «l’insécurité est entretenue par des barons de la sécurité». Mais l’auteur précise que son livre a le but de conscientiser et semer le grain du courage.