Sénégal : Quand le Président Macky Sall danse du Tango

Les danseurs professionnels savent que la danse du Tango consiste à faire un pas vers l’avant et deux pas en arrière. C’est à peu près ce que vient de faire  le Président sénégalais Macky Sall dans le cadre de la révision constitutionnelle portant sur  la réduction de la durée du mandat présidentiel dans son pays.

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C’était une des principales promesses de campagne du candidat Macky Sall qu’il avait faite aux électeurs en 2012. Candidat à la magistrature suprême, Macky Sall trouvait en effet que la durée du mandat présidentiel était assez longue et proposait par conséquent, de la réduire. Il entendait ramener  celle-ci à cinq ans ou  un quinquennat, au lieu de sept ans ou  septennat,  comme c’est le cas jusqu’à présent. Le Président Macky Sall prévoyait que si jamais sa démarche prospérait, elle s’appliquerait directement  sur son mandat en cours. Dans l’esprit de cette réforme, l’actuel mandat du Président Macky Sall prendrait fin en 2017 pour une durée de cinq et non plus en 2019 pour une durée de sept ans.

L’opinion avait  pensé qu’une fois élu,  le Président Macky Sall enclencherait immédiatement cette promesse de campagne qu’il présentait à l’époque comme étant une réforme de grande importance pour le pays. Mais il a laissé passer du temps. C’est en 2016, soit quatre ans après son investiture, qu’il s’est intéressé à la question. A trois ans de la fin de son mandat,  il a jugé utile d’engager le processus de révision de la Constitution. Et en la matière et selon la loi sénégalaise, c’est la Cour constitutionnelle qui doit se prononcer en premier, avant d’appeler le peuple à  statuer  par voie de référendum. Une fois que le gouvernement a déposé le projet de révision de la Constitution qui intègre la réforme portant sur la réduction de la durée du mandat présidentiel, l’homme d’Etat sénégalais s’est empressé de déclarer qu’il attendait la réaction de la  Cour et entendait s’y conformer.

Lorsque la Cour prononce sa désapprobation, Macky Sall déclare se conformer à cet avis de la Cour. L’institution  a trouvé que la réduction de la durée du mandat présidentiel proposée, est contraire à l’esprit de la Constitution et à la pratique constitutionnelle. C’est avec curiosité que Sall a adhéré à cette position de la Cour un peu comme s’il était satisfait par cet avis. Les premiers sentiments de déception, ont été exprimés par ses adversaires politiques. Ceux-ci pensent qu’en termes de révision de la Constitution, le recours à la Cour ne se fait qu’à but consultatif. Pour dire donc que le dernier mot devrait revenir au peuple qui est souverain. En se limitant donc à l’avis de la Cour, le Président Macky Sall opère une volte-face qui trahit sa fourberie politique. La société civile elle aussi a exprimé sa déception par rapport à son attitude.

Un revirement spectaculaire qui prouve que le ‘’numéro un’’ sénégalais avait évoqué la question pendant la campagne que dans le seul but d’attirer vers lui, des électeurs très préoccupés par le sujet. La réduction de la durée du mandat présidentiel, ayant fait l’objet d’un débat national avant la présidentielle de 2012. C’est donc la majorité des Sénégalais qui attendaient cette réforme et qui croyaient en la sincérité de leur Président sur la question. La jonglerie politique  du Chef de l’Exécutif vient remettre en lumière,  la question de la sincérité  des promesses électorales. S’il est vrai que  les électeurs du président Sall ont raison de se sentir déçus, il reste quand-même que son acte leur a permis de découvrir son vrai visage. Sall s’est tiré lui-même une balle dans la jambe, on offrant aux électeurs un moyen objectif, pour lui appliquer le vote-sanction par lequel, ils expriment par les urnes au Président sortant, leur désapprobation par rapport à sa conduite des affaires pendant le précédent mandat. En tout cas ce n’est pas au peuple sénégalais qu’on apprendra à sanctionner les dirigeants indélicats. S’il est vrai qu’en politique, les promesses n’engagent que ceux qui y croient, il n’en demeure pas moins vrai que les dirigeants danseurs de Tango, reçoivent toujours la sanction du peuple.

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