Bénin: Il pleut sur notre système électoral

Y a-t-il un médecin dans les parages ? Le patient est au plus mal. Il faut agir au plus vite. Au risque de se rendre coupable du délit de non assistance à personne en danger. Le patient ? C’est notre système électoral.

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Situation aggravante : nous sommes à la veille d’une échéance politique majeure, l’élection présidentielle du 6 mars 2016. Et tout est encore loin d’être pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Un diagnostic rapide met en lumière de graves insuffisances.  Comment se frayer un chemin dans le désordre ambiant ? Comment se hisser à la hauteur de la mission de sauvegarde et de salut dévolue à chacun de nous par les temps qui courent ?   Rapportons des faits.  Accrochons-nous à l’absolue certitude qu’un homme informé en vaut deux. Voici une courte liste des maux qui gangrènent notre système électoral.

  • Le report d’une semaine de la date de l’élection présidentielle, précédemment fixée au 28 février, est un indice. Nous avons raté le coche. Nous n’avons pas pu honorer notre rendez-vous. C’est une faute. Sommes-nous à présent prêts ? Pas tout à fait. C’est le signe patent d’un manque de méthode et d’organisation.
  • La distribution des cartes d’électeurs se révèle plus difficile que prévue. Soit que l’impression de ces cartes traine en longueur. Cela rend caducs les délais contractuels. Soit que les cartes parviennent au compte- goutte aux ayants-droit, hors des délais prescrits par le code électoral. Soit que, comme cela se dit avec insistance, certains électeurs sont en possession de deux, voire de trois cartes. Ou est donc la vérité ? Qui nous aidera à infirmer ou à confirmer de telles allégations ? Et puis, c’est l’argent du contribuable qui part en fumée. Pourquoi ne situons-nous pas les responsabilités, ici et maintenant ?
  • Les divers agents devant être formés pour la bonne tenue du scrutin attendent leurs instructeurs. Ils attendent, plus précisément, des moyens nécessaires. Les moyens qui leur permettront d’avoir, enfin, le pied à l’étrier. La magie de rattraper le temps perdu est béninoise.
  • Le Cos-Lépi, instance politique tombée dans le domaine électoral comme un cheveu sur la soupe, a échoué dans sa mission. Ce n’est pas la première fois. Il est coutumier du fait. Quelles leçons tirons-nous de cette lamentable expérience ? Un seul et unique souhait : que ce qui est du domaine technique soit laissé à l’expertise des techniciens. Aux politiques la validation du projet et de l’offre techniques. Etant entendu, comme le dit Napoléon, que la plus grande immoralité, c’est faire un travail qu’on ne sait pas. Chacun son métier, les vaches seront bien gardées.
  •  La Commission électorale nationale autonome (CENA), que l’on dépouille de certaines de ses attributions naturelles, ni ne renforce ses assises ni ne conforte son pouvoir. La production et la distribution des cartes d’électeurs auraient pu ou auraient dû relever de son autorité. S’il en avait été ainsi, l’idée d’un Cos-Lépi n’aurait habité aucun esprit.
  • L’utilisation autorisée, en cas de nécessité, de l’ancienne carte d’électeur est source de confusion. C’est une faille ouverte dans la digue anti-fraude. Les conséquences d’une telle dérive pourraient être graves. Qui en endossera la responsabilité ?
  • La période dite de « précampagne « , c’est la marque de fabrique du Bénin du désordre, c’est une invention béninoise, en contrebande des dispositions de notre Code électoral. C’est tout l’art de se marcher sur les pieds, en tordant allègrement le cou à la loi.
  • L’affichage sauvage, sinon la guerre des affiches, aux yeux et à la barbe des autorités compétentes, promeut une démocratie de gangsters et de voyous. Resterons-nous sans réponse face à cette dérive sans nom ?
  • L’inflation des candidatures, la prolifération des projets de société, la multiplication des mouvements politiques… tout cela porte à croire que nous sommes dans une jungle. Cela fait pagaille. Dans cette cour des miracles, seul Dieu reconnaîtra les siens.
  • Enfin, l’argent. Nous en avons beaucoup dit pour en rajouter. Pourquoi nous vendons-nous ainsi à vil prix ?  C’est à croire que le nouveau saint patron du Bénin et des Béninois a nom l’argent.  C’est triste !

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