Débat Talon-Zinsou : Edgard Guidibi donne son avis

Le débat qui a opposé Patrice Talon à Lionel Zinsou suscite beaucoup de réactions dans la sphère béninoise. Après la réaction de Jacques Ayadji, nous vous proposons celle d’Edgard Guidibi publiée sur les réseaux sociaux. Lire son intervention.

Publicité

Réaction d’Edgard Guidibi concernant le débat contradictoire Talon-Zinsou

Nous pouvons être fiers de la démocratie béninoise, qui nous a gratifié du 1er duel entre 2 présidentiables finalistes, après des élections apaisées, des résultats admis par tous dans une ambiance apaisée. Qui a dit que la démocratie béninoise se portait mal et qu’il n’y avait plus aucune liberté?

Nous avons vu un Patrice Talon brillant, efficace, offensif, maîtrisant ses sujets bien que proposant finalement très peu aux Béninois. Mieux préparé à la rudesse de la politique béninoise et certainement passé maître dans l’adversité au sommet de l’état, il a démontré toute sa ruse et son aptitude à s’imposer pour obtenir ce qu’il veut (comme il l’a toujours fait au Bénin). À l’aise dans la confrontation, donnant des coups sans pitié et jouissant visiblement de ses exploits, il a confirmé être un aussi redoutable politique qu’il était déjà connu pour être un brillant opérateur économique. L’homme qui promet de surgir, d’agir pour ensuite disparaître pour ne pas laisser trop de traces (d’où un unique mandat) a fait bonne figure et ma impressioné. BRAVO à sa communication émoticône smile

Nous avons aussi vu un Lionel Zinsou qui nous a plutôt surpris

Surprise parce qu’il connaît finalement le Bénin mieux qu’on ne le pensait. Surprise parce qu’on sait maintenant que tout en étant resté trop longtemps chez les Yovo à se faire traiter de nègre, il est quand même descendant de braves Dahomeens qui ont prouvé leur patriotisme et leur adversité à toute forme d’imperialisme. On sait aussi qu’il a ramené le trône de Behanzin, exilé pour avoir refusé de livrer son peuple comme les aïeux de Talon, négrier et gardien du fort français de Ouidah l’aurait fait. Zinsou a ici créé une grosse surprise et fait mouche.

Surprise aussi parce que Zinsou connaît finalement moins bien les dossiers et le bilan de YAYI que Talon. Il se rappelle au moins que Talon l’avait démarché pour être ministre de Yayi. Rien de surprenant puisque l’homme a lui même reconnu sur rfi avoir financé les deux élections de YAYI. C’est donc naturellement qu’il a formé ses gouvernement et continué d’exercer avec autorité le pouvoir à ses côtés pendant 7 ans. N’eût été que l’un en a voulu plus que l’autre n’était prêt à concéder, les deux fileraient encore le parfait amour. C’est donc naturellement que Talon connaît bien tous les collaborateurs de Yayi et qu’ils est aujourd’hui entouré d’hommes qui représente à peu de chose près un conseil des ministres de Yayi, mais sans Yayi.

Publicité

Surprise aussi que Talon qui a fabriqué Yayi et qui s’est entouré de plusieurs de ses ministres d’état pendant 7 ans, veuille faire porter le bilan de ce régime dont il dit qu’il faut rompre, à Zinsou dont il dit lui même qu’il n’est venu qu’il y a 9 mois, donc trop tard pour donner naissance à quoi que ce soit de solide. Normalement donc trop tard pour répondre du bilan de 7 ans de ceux qui sont avec Talon.

Surprise toutefois que Zinsou, apparemment plus agneau que loup dans la politique béninoise ait manqué de nombreuses occasions de donner la réplique qu’impose tous ces faits et le bon sens. Peut être, est-ce la paradoxalement ce qui le rendra sympathique et aimable pour beaucoup de Béninois épris de paix et habitués à prendre le parti du plus faible contre le plus fort.

N’est ce d’ailleurs de cet effet qu’a joui Talon en mobilisant au 1er tour le suffrage sanction des 10 ans de Yayi. La colère du peuple ainsi exprimé, ce dernier ne risque t-il pas de s’intéresser maintenant à ce que promet concrètement l’avenir de chaque côté ? Wait and see…

Surprise aussi que ni Talon ni Zinsou ne se soit prononcé sur ce qu’il adviendra des dizaines de milliards auxquels on dit que le Bénin (soit chacun de nous) est condamné à lui payer? Si Talon devenait Président, perdrions nous immédiatement ces milliards en exécution des décisions de justice. Sinon, comment Talon l’empêcherait il puisque le Président ne doit pas selon lui empêcher l’exécution d’une décision judiciaire? Chaque béninois est il prêt à payer ainsi pour la rupture faite par ceux dont on dit vouloir rompre?

Surprise aussi que Zinsou ait oublié de mentionner qu’il n’est pas Yayi et ne peut assumer le bilan de 10 ans dont il n’a fait que 9 mois, face à celui qui les a fabriqué et en a joui pendant 7ans. Combien d’opérateurs économiques béninois ont ils autant gagné sous le régime Yayi que Talon? Comment peut il avoir presque tous les ministres d’état de Yayi sans compter les autres grosses pointures de son régime avec lui, et promettre la rupture contre l’homme nouveau dont, d’être trop nouveau dans l’arène politique béninoise, a jusque-là été plus grosse faiblesse.

Pourquoi Zinsou devrait il payer et perdre sa chance d’apporter son expérience dans le monde au service du Bénin dont il promeut la culture sur fond propre depuis longtemps, parce que 2 fois par le passé Talon a fait élire Yayi et que Yayi l’a finalement déçu ? Il aurait été bien qu’ils en débattent.

Surprise aussi que tous oublient que personne ne gère un pays par procuration. En effet dès que quelqu’un devient Président il se libère de la tutelle de ses parrains et dirige à sa guise.

Par ailleurs la bonne éducation béninoise permet-elle a un homme sérieux de s’en prendre ouvertement à un Président en exercice, qui en plus lui donne un coup de pouce ? A sa place beaucoup n’aurait il pas fait l’âne devant Yayi pour d’abord avoir le trône ? Ce silence sur les faiblesses et échecs de Yayi, qui ne saurait occulter ses forces (tous les hommes en ont autant que des faiblesses), suffit il à ce que le fabriquant de Yayi le lui fasse assumer ?

Ne faudrait-il donc il pas apprécier de façon plus exhaustive les deux hommes, leurs parcours et leurs projets, pour deviner à quoi ressemblera leur mandat, plutôt que de tout ramener à la rupture avec Yayi qui a le mérite d’honorer comme Kérékou sa promesse de partir?

Bref deux grands hommes se sont affrontés. L’un tel un loup est fort, rusé et redoutable tellement il connaît la maison et y a déjà prouvé de quoi il est capable. L’autre ressemble davantage à un agneau, plein de bonne volonté, connaissant somme toute le pays et rêvant d’y apporter un peu de ce qu’il a apporté partout dans le monde, à la satisfaction de tout le monde qui dit le Bénin chanceux de l’avoir. N’est il pas d’ailleurs l’un des meilleurs mobilisateurs de ressources financières pour l’investissement dans le monde?

Surprise agréable aussi que le débat s’étant déroulés entre les supposés vrais Béninois et les supposés Yovo, nous ayons pour une fois enterrer le sterile et dangereux débat régionaliste du Nord contre le Sud ou d’une ethnie contre une autre. Yayi qui a plutôt semble régionaliste tout au long de son mandat se serait il racheté en donnant une précieuse contribution à l’unité nationale par le choix d’un dauphin qui n’est pas positionné pour sa région ou son ethnie? Cela pourrait il développer un fort sentiment d’unité nationale favorable à un développement dans un climat apaisé?

Bref l’agneau plutôt fragile et vulnérable ce soir, affrontera dimanche le loup qui l’a manifestement tenu en respect lors de ce débat.

Dimanche, le loup qui a fabriqué Yayi avant de s’y opposer en fin de règne, essaiera de crucifier l’agneau pour avoir accepté de lui succéder en venant 9 mois plus tôt pour s’y préparer.

Qu’en dirons les matures et très intelligents électeurs du Bénin?

Wait and see, mais que vive le Bénin, toujours dans la paix, et que seule la volonté de Dieu soit faite. Bonne chance à tous les deux et surtout aux Béninois qui paieront au moins 5 ans notre choix dimanche.

Edgard Guidibi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité