Fitheb 2016: Diagnostic de 25 ans d’un renouveau culturel manqué

La 13ème édition du Festival international du théâtre du Bénin (Fitheb) a effectivement démarré ses activités dans la matinée d’hier, mercredi 23 mars 2016 au siège du Festival à Cotonou, par le premier panel d’échanges sur le thème « 25 ans de renouveau démocratique, 25 ans de Fitheb : théâtre, démocratie et développement au Bénin et en Afrique». 

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Fitheb 2016, ça y est. L’événement s’est ouvert par le volet intellectuel. Dans la matinée de ce mercredi 23 mars 2016 au siège du festival à Cotonou, a eu lieu la première rencontre de réflexion sur le thème «25 ans de renouveau démocratique, 25 ans de Fitheb : théâtre, démocratie et développement au Bénin et en Afrique». Les panélistes Dine Alougbine, Koffi Gahou et Boniface Makponsè, sous la modération de Eric Totah ont abordé la première manche de cette thématique à savoir « Théâtre et politique ». En faisant une comparaison entre la période révolutionnaire et le renouveau démocratique, ces témoins et acteurs des premières heures du théâtre au Bénin ont montré que l’avènement du renouveau démocratique n’a pas été suivi de renouveau culturel. «Le renouveau démocratique n’a pas été un renouveau culturel» soutient Koffi Gahou. «La démocratie n’a pas fait grand’ chose pour la culture » renchérit Dine Alougbine. Les panélistes ont fait observer que l’élan notamment théâtral avant le renouveau démocratique est mort pendant ces 25 dernières années. Le théâtre entre temps à l’école, a disparu de ce milieu où l’éducation artistique et culturelle est désormais presque absente avec la disparition des coopératives d’où naissaient les passions. Du coup, le public aussi a déserté le milieu théâtral.

Un renouveau culturel mal orienté

Dans leur diagnostic, ces personnalités culturelles soulignent que le virus qui a rongé tout ceci, c’est l’argent. Alors que, la décision du politique de dégager des fonds pour soutenir désormais le secteur culturel -ce qui n’était pas le cas pendant la période révolutionnaire- devrait être un début ou un pan du renouveau dans le secteur culturel. Malheureusement, elle a été male orientée, cette innovation,  et constitue aujourd’hui la source des maux qui miment ce secteur, à les en croire. «L’argent est venu massivement, mais sans résultat » déplore Koffi Gahou. C’est l’argent qui est venu tout foutre en l’air, selon Dine Alougbine. A leurs dires, l’argent, tel qu’il a été injecté dans le secteur, a emprisonné des passions pour la création. Au théâtre au moment de la révolution, d’après Boniface Makponsè, les comédiens travaillaient sans penser à l’argent mais aujourd’hui, l’argent à pris le dessus, et le comédien réfléchit d’abord à l’argent avant l’amour du théâtre. «La passion rime avec liberté, mais quand l’artiste doit attendre du fonds d’une structure étatique avant de créer, il est limité dans sa passion.» analyse Eloi Amoussou. 

Le nouveau départ doit être aussi culturel

Dans les réflexions, tous les acteurs culturels réunis ce mercredi matin au siège du Fitheb sont unanimes sur le fait qu’il faut prioritairement investir les fonds alloués au secteur de la culture dans la formation et les infrastructures. Quant aux créations, à en croire le jeune comédien béninois Guy Kponhinton, il serait bien que les acteurs créent d’abord et se retrouvent tous sur un marché commun de ces fonds pour décrocher maintenant du financement à base de la qualité de leur création. « Là, il y aura compétition » dira le jeune acteur. Faisant certainement allusion au thème de campagne du nouveau Président de la République du Bénin fraichement élu et qui prendra le pouvoir 6 avril prochain, Dine Alougbine souhaite que le nouveau départ puisse s’atteler à mettre en place une politique d’orientation de ces fonds pour qu’ils aillent à la formation, à la construction d’infrastructures selon les réalités du pays et à ceux qui savent réellement créer

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