Le nouveau départ, un slogan auquel nous devons croire absolument

Dans mon livre de prières, La bonne Semence du dimanche 20 mars 2016, (quelle coïncidence) il est écrit : « Aujourd’hui, le désespoir remplit aussi le cœur de tant d’hommes et de femmes.

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Chacun espère l’arrivée d’un homme providentiel qui pourra rétablir la justice et améliorer enfin le sort de l’humanité. Mais les espoirs s’écroulent les uns après les autres. Les promesses électorales de lendemains meilleurs sont rarement tenues, et le pouvoir gagné au prix d’engagements généreux, se corrompt rapidement. Que reste-t-il, sinon la désespérance et le dégoût de la vie, dont témoignent tant de livres, de films ou d’œuvres d’art ?

Ainsi donc ce n’est que vérité de Lapalisse que de dire tout haut que les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient. Et la tradition de notre pays ne déroge pas à la règle. Qu’en serait-il donc cette fois-ci où la « talomania » a gagné tous les cœurs, tellement le désespoir est installé depuis l’ère du changement dans nos hameaux, nos villes et villages.

La misère et la désolation partout et en tous lieux

Pourtant on nous avait promis une ère d’abondance, un règne où la richesse serait équitablement répartie. J’ai eu le cœur dévasté lorsque j’ai été accomplir mon devoir de citoyenne à l’arrondissement de Tangbo Djévié  situé dans l’arrondissement de la commune de Zè. Le coordonateur communal de cette zone a passé deux nuits à travailler avec les mauvaises lampes solaires distribuées par la CENA. De quoi bousiller les yeux à ce jeune avocat.

Cet arrondissement est situé juste après la commune de Glo, au bord de la grande voie mais ne bénéficie d’aucune commodité pouvant permettre à la population de s’épanouir. A quelques kilomètres de Cotonou, Tangbo Djévié est une bourgade où s’étalent à perte de vue une végétation squelettique, des champs d’ananas séché par la rareté de la pluie en ce mois de mars, des maisons délabrées éloignées les unes des autres dans les villages. Cette commune n’a ni eau, ni électricité. Sa situation est multipliée à l’infini à travers le pays et n’incite guère les jeunes à demeurer sur place pour développer  leur région. Que faire donc pour que ça change concrètement, afin que nos communes deviennent de véritables lieux de bien vivre chez soi pour nos populations ?

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Voilà ce que dix années de gabegie, de clientélisme, de régionalisme puant ont déposé dans nos villes et villages, dans nos maisons, dans nos vies, dans nos cœurs. Je ne veux pas perdre mon temps à évoquer la longue liste des prévarications que l’on reproche au régime fini de Boni Yayi. Prévarications qui ont érodé et jeté dans la fosse l’économie nationale. Je ne veux pas évoquer non plus cette lèpre qu’est le régionalisme dont ont usé et abusé certains compatriotes qui, à des postes de décisions n’ont promu que les leurs en ne mettant pas l’homme qu’il faut à la place. Au détriment de la bonne marche de notre administration.

Frustration, amertume, rancœur dans nos cœurs

Mon cœur se serre et j’ai la larme à l’œil en pensant comme beaucoup d’autres à tout ce que j’ai enduré du fait de mon inaptitude aux reptations et à tout accepter du « chef » en répétant à l’envie, « merci  M., Mme le ministre », parce qu’en me demandant de venir servir mon pays, j’étais redevable à l’autorité pour m’avoir sortie de l’anonymat (toute modestie mise à part, il y a longtemps que je ne suis plus personne anonyme). Mieux, de me permettre de jouir de quelques bons d’essence et primes de responsabilité. Alors, pour en bénéficier, on voit des hommes – surtout eux- raser les murs et perdre toute dignité pour demeurer aux côtés du prince afin de partager la richesse nationale. Des privilégiés, on en a fabriqués à gogo ! Ayant l’arrogance permanente à la bouche, le dédain dans le regard. Ils ont fabriqué leurs affidés. Il y en a qui, les portes de l’université à peine franchies, sont bombardés directeurs dans nos ministères, tout simplement parce que nés dans la bonne région. Des gens avec qui vous avez vécu dans le quartier quand ils allaient encore au lycée, leur ouvrant vos portes matin, midi et soir ne peuvent plus vous rendre le moindre service. Même vos appels sont rejetés avec dédain. La consigne était de « ne rien offrir à ces gens-là qui ont déjà tout et veulent encore « leur » arracher le pouvoir politique » ! La haine était palpable, le sourire hypocrite à fleur de peau. « Yé do yénon kouwèa ? » Pourquoi ça ? Qu’avons-nous fait pour mériter cela,  alors que la pauvreté est le signe d’émergence partagée par le plus grand nombre dans nos quartiers, dans nos maisons.

Je me souviens encore comme si c’était hier de cet ami qui, regardant passer une jeune femme de son ministère, m’asséna cette phrase terrible : «  cette petite que tu vois là, c’est elle et les gens de sa région qu’on envoie occuper les meilleurs postes dans nos ambassades à l’étranger. Elles sont multimillionnaires ! ». Et on veut continuer de gérer ainsi le pays en assurant plus que le mieux-être à une petite minorité, pendant que la grande masse croupit dans le dénuement total. Pendant que les hauts cadres bardés d’expérience se tournent le pouce, rasent les murs dans notre administration, pendant que nos collèges sont dirigés par des contractuels qui maîtrisent à peine la matière de leur enseignement… On veut perpétuer ça ? Après nous, c’est nous ! Jamais, c’est fini ! Le peuple a dit non ! Non et Non ! Non pour toujours… Non à jamais !

Patrice Talon vous connaît tous !

Et les voilà à nouveau faire allégeance au futur prince, entrant comme des loups dans la bergerie, voulant toujours profiter des avantages matériels que confèrent les postes de commandement, à n’importe quel prix. Hoo noun mi ! Si le ridicule pouvait tuer. Faites d’abord votre examen de conscience et demandez pardon au peuple, que vous avez spolié, ruiné, traumatisé pendant dix longues années.

Vendre vos 0000,… à Patrice Talon espérant que le peuple va vous absoudre est malsain. De toute façon, Patrice Talon connaît bien chacun de vous et sait que «  à une ou deux personnes près, vous représentez un Conseil des ministres de Yayi, sans Yayi », comme les réseaux sociaux l’ont si bien souligné. Je suis d’accord avec le premier ministre Koupaki quand il dit que « n’étant pas le Président de la République, les décisions ne venaient pas de lui, il n’était qu’un exécutant ». Et quand vous n’allez pas dans le sens voulu par le prince de Tchaourou, vous étiez mis à l’index, exclu ou au piquet,  garé dans un coin comme un pestiféré. Après avoir subi ce traitement pendant un an, PIK a dû déposer le tablier. Un ancien ministre m’a avoué que pour rien au monde il n’entrera à nouveau dans un gouvernement. « Ca use l’individu et ça vous déstabilise pour le reste de votre vie » ! Comment un président, un homme que nous avons élu a pu laisser autant de marques négatives sur son entourage, et dans le pays, alors qu’il croyait bien faire ? Comment au soir de son règne on ne retient de lui que du négatif, alors qu’il paraît si épuisé par dix ans de pouvoir ? Le pouvoir transforme le chef et, sans conseillers et collaborateurs expérimentés ayant une haute conscience de leur charge, il devient le monarque adulé, déifié et ne supporte plus aucune contradiction. Or pour le bien du chef, pour lui permettre de réussir son mandat, il faut pouvoir lui dire la vérité, afin qu’il ne dévie point et ne rate pas le coche.

Il faut déléguer ! Déléguer avec reddition de comptes  

On ne développera pas à nouveau une république de l’exclusion, mais il va falloir rester vigilant afin que ceux qui traînent des casseroles paient la note. Le président délègue ses pouvoirs au ministre qui s’entoure de collaborateurs expérimentés, efficaces et qui ont de l’éthique. Il répond d’eux. Ca a marché sous le président Mathieu Kérékou. C’est ainsi qu’on dirige dans tous les pays démocratiques et ça marche. Pourquoi concentrer le pouvoir entre les mains d’un homme omnipotent, omniscient ? Qui passe son temps à inaugurer les chrysanthèmes et lancer la même route cent fois ? Les Béninois s’interrogeaient si le chef n’avait pas de travail plus important à réaliser au Palais de la Marina ? Les directeurs étaient nommés par une cellule sise au palais et ils rendaient directement compte au patron. C’est dire que le ministre n’avait aucun pouvoir sur ces collaborateurs qui bombaient le torse devant lui, et faisaient la pluie et le beau temps dans le ministère. On voit bien que les valeurs morales, reconnues pendant longtemps sont battues en brèche chez nous. Le pays a perdu ses repères. La télévision et la radio nationale Yayi ne nous éduquent plus. Il est temps d’arrêter tout ça !  

Un état des lieux sera fait dans tous les domaines. Et chacun répondra de la gestion faite durant son passage à la tête de nos ministères, des régies financières. Nous voulons savoir d’où sont partis les maisons présidentielles et autres demeures cossues construites aussi bien au pays, qu’à l’étranger. Ce n’est pas une chasse à l’homme, mais la reddition des comptes au contribuable qu’est le peuple. Le ministre de la justice aura les mains libres pour travailler sur les dossiers de justice, afin de rendre compte au peuple. Même les dossiers du futur président seront vidés avec objectivité, justice, si tant est qu’on lui reproche des casseroles. Ceux qui le connaissent disent qu’il est face à son destin, et il fera tout pour réaliser un passage sans faute. Il réussira, car malgré toutes les manigances, fraudes à haute intensité et achat de conscience à gogo, P. Talon sera élu. Parce que Dieu le veut. C’est Dieu qui donne le pouvoir et le peuple veut la Rupture.  Même la chasse à l’homme organisée par les sbires du régime dans certaines de nos contrées n’empêchera pas que le miracle se réalise. Ceux-là qui sont dans cette posture négative en ces moments si difficiles pour notre pays répondront de leurs actes devant l’histoire, et devant les tribunaux. Il faut décourager à jamais ce genre d’individus qui se battent contre l’unité nationale, juste pour conserver leurs privilèges.    

Que cesse ce type de gestion clanique, clientélique ! Le pays n’appartient pas à Boni Yayi et les siens pour qu’ils le conservent toute leur vie! Il n’appartiendra pas non plus à Patrice Talon, lorsque le peuple décidera de lui confier le pouvoir. Ce dernier a dit qu’il s’entourera de personnes compétentes, tels que ABT, PIK et bien sûr d’autres. Ces deux personnes sont férues d’intelligence, d’expériences. Des gens « structurés », comme PIK même l’a dit de notre futur président. Ce n’est pas Talon qui veut être notre président. C’est Dieu et le peuple qui l’ont choisi. Pour un nouveau départ… Demain, il fera beau sur le Bénin.  Sur le Bénin tout entier, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Et nous vivrons à jamais comme des enfants unis d’un même pays sous la bannière de notre hymne national, Enfants du Bénin debout, et de notre devise : Fraternité, Justice Travail. Ainsi, nous vaincrons une fois encore la fatalité !   

Adélaïde FASSINOU ALLAGBADA
(Ecrivain, Salon du Livre à Paris)

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