Religion & élection au Bénin : quand les fidèles deviennent du bétail électoral

Présidentielle 2016, les religions roulent à perte au Bénin. Affirmatif. Pour cette élection, la plus serrée de l’histoire du pays on aura tout vu et les religions ne sont pas du reste.

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Mettant Jésus entre parenthèse, des chapelles de religions chrétiennes se sont illustrées dans la propagande électorale au profit de différents candidats à la présidentielle. Sur le terrain on a pu voir une association se réclamant de l’Eglise du christianisme céleste (Ecc) de feu le prophète Joseph B. Oshoffa clamé urbi et orbite leur soutien au candidat Sébastien Germain Ajavon. Des responsables au haut niveau dans cette confession religieuse ont à visage  découvert organisé des meetings en faveur du candidat. Dans cette même église, une autre aile s’est prononcée en faveur de Lionel Zinsou, le candidat de l’alliance dite républicaine Fcbe-Prd-Rb. Ce candidat, ce n’est qu’un secret de polichinelle, jouit également d’un soutien fort dans des chapelles évangéliques restées en accointance avec le régime Yayi qui veut se perpétuer. A chacun sa chapelle donc, le richissime homme d’affaire Patrice Talon a lui décroché le soutien de l’Eglise catholique de Jésus Christ dont la déesse vivante en chair et en os est la jeune demoiselle nommée Parfaite. C’est à travers une géante manifestation à Banamè où se trouve le siège de cette étrange église que la déesse a appelé à voter pour le candidat du nouveau départ.  

Des Judas

Ces scènes inqualifiables observées durant cette présidentielle au Bénin est la manifestation d’un rapport incestueux entre les responsables de confessions religieuses et les hommes politiques dans le pays. Au stade actuel de ces relations où les fidèles sont devenus du bétail électoral, le constat regrettable est que les religieux ont franchi le rubicond de la compromission. Le pari ici est fort risqué. Dans une des confessions sus-citées, les fidèles vont aux urnes la peur au ventre. S’ils s’offrent le courage de voter pour un candidat autre que celui qui leur a été présenté, leur a-t-on dit, « ils –les fidèles- doivent se considérer comme des judas ». Et ce n’est pas tout. Le comble, c’est qu’à ces fidèles, il est aussi dit, qu’ils devraient en cas de désobéissance « aller se pendre comme Judas ». C’est dire que poussant loin le cynisme les religieux devenus démarcheurs électoraux font recours à la torture psychologique sur les fidèles de leur confession. Cela peut-on aussi contacter, n’est pas loin de l’extrémisme religieux à la manière de Boko Haram et autres groupes de fanatiques semant la terreur dans le monde.

Une plaie à traiter

Bien que le pays se démarque merveilleusement bien avec un strict respect du principe de la laïcité, le Bénin devient une terre fertile à l’escroquerie religieuse. Des faux prophètes comme l’annonçait Jésus Christ lui-même, envahissent ce pays et appauvrissent davantage les populations très ferventes. La laïcité sans borne observée au Bénin a pour conséquence un foisonnement d’églises avec des doctrines les plus absconses. Ce qui se révèle un danger pour le pays lui-même. La preuve est que la démocratie dans son essence est menacée par ces agissements de responsables religieux contraignant les fidèles à des votes forcés pour un candidat qui ne les agrée pas. Il faut alors que dans la laïcité, s’impose aux confessions religieuses un code éthique, une déontologie. Les déclarations publiques de soutiens à des candidats en période électorale sont antinomiques à la mission d’évangélisation, surtout dans le contexte politique béninois où politique rime avec mensonge. De cette confusion des domaines naît des atteintes aux libertés. On se rappelle le cas du pasteur Elvis Dagba qui a pris la poudre d’escampette dont la fugue serait entre autres liée à son soutien à un candidat d’opposition.

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L’heureuse exception

Tout n’est pas pour autant pourri dans la multitude de confessions religieuses au Bénin. Il y a l’heureuse Eglise catholique romaine, des musulmans et des protestants. Jamais, on n’a vu des responsables du clergé catholique malgré ses démêlés avec le pouvoir, appeler à des votes pour ou contre un candidat bien que ce n’est pas des préférences qui font défaut. Pareil pour les musulmans et les protestants divisés. Cette neutralité est nécessaire pour les autorités religieuses qui au-delà de leurs chapelles peuvent par leur crédibilité être utiles en des moments de crises. Et c’est ce qu’a été le regretté Mgr Isidore de Souza à la Conférence nationale.

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