Sacca Fikara : Le président Patrice Talon a gagné grâce à Sébastien Ajavon

Après la proclamation des résultats de l’élection présidentielle de mars 2016 par la Cour constitutionnelle, l’honorable Sacca Fikara, un des vrais acteurs de la victoire du 20 mars, soutien de taille du candidat Sébastien Ajavon dans l’Ouémé, artisan de premier ordre de la victoire de la coalition de la rupture, apprécie ici le processus électoral.

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Il démontre dans cet entretien comment l’âme de l’Alliance républicaine, c’est-à-dire le PRD  a été vaincu dans l’Ouémé. Et  par ricochet,  l’Alliance républicaine.

Vous avez gagné la présidentielle de 2016, honorable Sacca Fikara, quel rôle avez-vous joué dans le processus ayant conduit à cette victoire ?

Honorable Sacca Fikara : Le rôle que j’ai joué, c’est un rôle de supervision dans l’Ouémé en ma qualité de coordonnateur. La Coalition de la rupture a gagné parce ce que nous avons gagné dans l’Ouémé. Je suis heureux parce qu’aujourd’hui,  je ne serai plus perçu et beaucoup de gens ne seront plus perçus en allant dans un bureau de notre administration comme des pestiférés. Et c’est ça ce que nous avons gagné d’abord. Ensuite, dorénavant, on a la liberté de passer, on a la liberté de ne plus être perçus comme des gens mécréants. En effet, pendant dix ans, nous avons été vus comme ça aux yeux du pouvoir que nous avons vaincu.

La Coalition de la rupture a vaincu l’Alliance républicaine. Comment cela s’est passé concrètement, s’il faut parler des actions sur le terrain ?

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Ecoutez. J’ai eu l’impression qu’on ne fait pas une bonne analyse de la victoire de la Coalition de la rupture. Vous savez, lorsque cette Alliance républicaine était née, tout le monde disait, et à raison, à première vue, que c’était K.O. Les adeptes d’une arithmétique naîve je dirais, faisaient des calculs d’apothicaire. Mais dans cette Alliance républicaine, la composante politique, les Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE) étaient sorties des dernières élections, législatives et communales, un peu diminuées  avec des problèmes ;  des défections ; disons un peu cassées. La Renaissance du Bénin (RB), la deuxième composante de cette Alliance, était pratiquement brisée après les deux premières élections. Son président, mon très cher ami Léhady Soglo, n’a même pas pu, comme moi d’ailleurs, se faire élire député, si bien que dans la tête de tous les Béninois, et surtout des membres de cette Alliance, le métronome devrait être le Parti du renouveau démocratique (PRD) qui est considéré comme dominant dans tout le département de l’Ouémé. Et pour cause il avait trente-deux (32) conseillers sur trente-trois (33) à Porto-Novo. Il a écrasé tout le monde dans Akpro-Missérété. Dans Adjarra, dans Avrankou, c’était la même chose. Donc, c’est ce membre de l’Alliance républicaine qui lui donnait de l’espoir. Alors pour vaincre cette Alliance, il faut chercher les moyens pour vaincre le PRD. Cette Alliance, dans la tête des Béninois, c’était le PRD, le maître d’œuvre. C’est pour cette raison que, juste à sa constitution, les membres du PRD parlaient de K.O. On ne pouvait pas éviter ou empêcher ce K.O. sans chercher à mettre en difficulté le PRD, sans chercher à vaincre le PRD. Et c’est ça que le président Sébastien Ajavon  a su faire avec sa coalition de l’Ouémé. Nous avons vaincu le PRD dans l’Ouémé et l’Alliance est tombée. Si nous avons laissé l’Ouémé au PRD, même si l’Alliance républicaine ne faisait pas K.O., le candidat de l’Alliance serait à 40% environ au premier tour. C’est en écrasant le PRD, en l’érodant intelligemment par le bas que nous les avions empêchés d’atteindre la barre fatidique des 30% au premier tour. Ce mérite revient au président Sébastien Ajavon et à la Coalition que nous avons mise en place dans l’Ouémé.

Vous avez joué un rôle de coordination et de supervision aux côtés du président Ajavon. Dites-nous comment tout cela a pu se faire dans ce laps de temps pour que le candidat soit  accompagné dans une ferveur populaire ?

Voilà. Le candidat Sébastien Ajavon est lui-même très populaire et il avait réalisé beaucoup de choses au profit des populations. C’est surtout ça qui nous a facilité la tâche. En plus, j’ai assez tôt compris que nous devons effacer, pour réussir, les appétits des partis. Si moi, j’avais voulu faire comme certains, c’est-à-dire profiter de la popularité du candidat Ajavon pour faire hisser mon parti, le Mouvement pour la Démocratie et la Solidarité (MDS), nous allons échouer. Bien au contraire, j’ai dit aux membres de mon parti de faire profil bas. Car, il s’agit d’une élection nationale. Nous avons demandé aux membres d’autres partis d’accompagner le président Ajavon. Nous les avons convaincus. Que ce soit les membres de l’AND, du PRD, des FCBE ou d’autres partis comme Réseau Atao. Nous avons formé avec tous ceux-là cette coalition. C’est cette coalition qui a commencé à  travailler. Si je dois donner un exemple, je parlerai des Aguégués où nous avons pu avoir deux conseillers communaux FCBE sur les cinq et tous les quatre conseillers PRD. Nous avons fait la même chose à plusieurs endroits. Dans certaines communes, certains militants d’autres partis sont montés ouvertement  au créneau pour apporter leurs soutiens au candidat Ajavon. Par contre, il y a beaucoup d’autres conseillers qui ont travaillé avec nous mais dans la discrétion comme  dans les communes d’Akpro-Missérété, Avrankou et Porto-Novo. Les membres de l’AND que nous avions positionnés comme coordonnateurs de la zone ont fait un travail formidable. Tout le mérite leur revient. Lorsque nous allons à Adjarra, la commune d’origine du président Adrien Houngbédji, c’est formidable. Je suis tombé amoureux de ces jeunes personnes  qui ont terrassé le PRD dans cette commune. C’est du jamais vu. Dans Avrankou, j’ai fait éviter quelque chose qui pouvait être préjudiciable à la coalition. Lorsque je constate, qu’il y a des hommes politiques qui veulent profiter de la popularité du candidat pour propulser leur parti ou se mettre en valeur, je refuse et je mets en place une équipe parallèle. Parce qu’il ne s’agissait d’une affaire d’un seul parti politique. Si je laissais les partis faire le travail seul, nous aurions échoué. A  Avrankou par exemple, notre grande sœur, Hélène Kêkê a fait un travail formidable. Mais, nous avons constaté que c’était plus pour son parti. Alors, nous avons fait une équipe parallèle et des gens anonymes que je rencontrais depuis 20 ans sur le terrain se sont engagés à nos côtés. Ils ont vraiment travaillé. Voilà, le rôle que j’ai joué. J’ai mis en place des coalitions dans chaque zone et j’ai fait éviter que les gens profitent de cette occasion pour mettre en pôle position leur parti politique ou renforcer leur parti. Je l’ai fait au détriment de mon propre parti. Pour mes militants qui étaient frustrés dans certaines communes, c’est avec mes propres moyens, bien que faibles que je les ai lancés sur le terrain. Car, je ne voudrais pas les mettre dans des équipes parallèles. Maintenant, quand nous venons à Porto-Novo, il faut rendre un hommage mérité aux sœurs Schanou. Lorsque vous avez des femmes animées d’une telle  volonté de vaincre, vous ne pouvez que gagner. Toutes les fois que je rencontre l’honorable Schanou, je sais que la victoire doit suivre.Les premiers actes que la coalition a posés étaient d’empêcher la fraude car les élections dans l’Ouémé, ce n’est que de l’astuce. Nous avons été voir les responsables de la CENA pour leur dire de prendre toutes les dispositions pour empêcher les disparitions de bulletins comme lors des dernières élections législatives et communales ;de sécuriser les encres parce que pendant longtemps, dans l’Ouémé, on a substitué les encres indélébiles par d’autres facilement dissolvables pour permettre des votes multiples.

Nous avons formé des équipes musclées lors de la distribution des nouvelles cartes pour éviter le vol des cartes. Le jour des élections, un contrôle strict s’est opéré dans tous les bureaux de vote. Toutes ces actions, même si elles n’ont pas empêché la fraude à 100%, ont quand même diminué leur ampleur comme aux dernières élections. Car dès le début, nous savons que pour contenir la colonne vertébrale de l’alliance républicaine, le PRD, il faut empêcher la fraude.

Maintenant que vous avez gagné, qu’espérez-vous ?

J’ai dit que la Coalition de la rupture a gagné, nous avons vaincu l’âme de cette Alliance républicaine. Son âme c’était le PRD et nous l’avons vaincu. Il faut revenir au premier tour de cette présidentielle pour voir le travail que nous avions fait. Je rends un hommage aux hommes de valeurs comme l’honorable Jonas Gbènamèto et les sœurs Schanou et tous les autres. Les voix que nous avons eues dans l’Ouémé dépassaient largement les voix obtenues par le candidat dans le Mono et le Couffo. Les voix que nous avons eues équivalaient à celles des quatre départements du Nord plus l’Atlantique. Le travail que nous avions fait dans l’Ouémé, je ne sais pas franchement comment les gens l’apprécient et comment ils vont le valoriser. Car, dans l’Ouémé, les populations ont fait une révolution. Le changement, la rupture, c’est l’Ouémé d’abord, c’est la victoire sur la colonne vertébrale de l’Alliance républicaine d’abord. Donc, je veux que cela soit reconnu véritablement. Et c’est en reconnaissance de la place du président Sébastien Ajavon dans cette victoire. La preuve c’est que tout le monde lui faisait la cour. Entre les deux tours, à plusieurs reprises le président Houngbédji est allé le voir pour lui demander de soutenir Lionel Zinsou. Il a refusé et au président Houngbédji de lui dire tu te trompes car, c’est Lionel Zinsou qui remportera. Les gens l’ont forcé en mettant en exergue tous les arguments, mais il a tout rejeté. Il a dit, je ne renoncerai jamais à ma signature. J’ai un accord avec des gens, un accord avec la coalition de la rupture. En reconnaissant que l’Ouémé a été la clé de voûte de la victoire sur la continuité, alors, il faut rendre grâce à tous les acteurs de la coalition de l’Ouémé et singulièrement au président Sébastien Ajavon.

Un dernier mot aux populations

Ma satisfaction est énorme. Je l’avais dit plus haut. Aujourd’hui, je peux entrer dans les bureaux de l’administration sans être vu comme une personne à rejeter. Je souhaite  qu’il en soit ainsi pour tout le monde. Il ne faudrait pas que nos enfants soient pénalisés lors des concours parce qu’ils portent nos noms. Hélas ! Ils ont tous fui le pays pour aller à l’extérieur parce qu’ils sont persécutés à cause de leur nom. J’espère qu’il n’en sera plus ainsi. C’est la première satisfaction et la principale d’ailleurs. Maintenant, en tant que coordonnateur, acteur principal de cette victoire avec les populations, les cadres, les diplômés sans emplois, les chômeurs, les paysans, nous voulons que dans la gestion de ce pouvoir, cela soit reconnu à sa juste valeur.

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