Bénin : Tête-à-tête Yayi-Talon, une rencontre impossible?

Annoncé par le protocole d’Etat comme une des étapes de la passation de service au sommet de l’Etat, le tête à tête Yayi-Talon risque de faire un flop. Et pour cause, Patrice Talon pourrait, pour des raisons multiples, ne pas faire le déplacement de la Marina.

Publicité

Patrice Talon et Boni Yayi pourront-ils se voir demain à la Marina avant que ce dernier ne quitte le pouvoir ? Si on s’en tient au programme de passation de charges, les deux hommes doivent se voir à la Marina à huit heures avant que Patrice Talon ne prête serment à Porto-Novo. Mais cette rencontre risque de ne jamais se tenir. Et pour cause, le président entrant Patrice Talon affiche une grande réticence face à cette rencontre.

Selon ses proches, rien ne l’oblige à y participer. Certains juristes proches du pré-sident affirment que cette rencontre n’est pas constitutionnelle et que la seule qui vaut c’est la prestation de serment. Le tête à tête, disent-ils, pourrait venir une fois que le nouveau président prête serment et entre dans ses attributs de président de la république.

En plus du fait qu’il n’est pas sacré dans le marbre, le tête-à-tête, n’est pas encore une tradition républicaine. Depuis 1991, le seul qui a eu vraiment lieu est celui entre Kérékou et Boni Yayi en 2006. En 1991 et 1996, il n’y a pas eu de tête à tête entre Nicéphore Soglo et Mathieu Kérékou.

Peur de Yayi

Mais selon les indiscrétions, la vraie raison de la réticence du président Patrice Talon pour cette rencontre réside dans le manque de confiance pour son prédécesseur Boni Yayi. Depuis les affaires dites d’empoisonnement et de coup d’Etat, Boni Yayi voue une haine inextinguible pour Patrice Talon qu’il a passé presque tout son deuxième quinquennat à vilipender et à humilier. Non seulement il l’a poussé à l’exil mais il a tenté de le tuer économiquement en détruisant toutes ses affaires. Lors du second tour de la présidentielle, Yayi a fait une campagne nationale de déstabilisation de Patrice Talon en le présentant comme « bandit », « assassin », «énergumène »… A plusieurs reprises, ici comme ailleurs, il a juré ne pas lui donner le pouvoir. Après avoir tenté tout cela contre le candidat Patrice Talon, on peut douter de la sincérité de Boni Yayi qui s’est mué depuis quelques jours en un chantre de la démocratie et de l’alternance pacifique. On peut bien craindre que sous cette apparence de bon démocrate affichée depuis quelques jours, il y ait une soif pathologique de vindicte. Malheureusement depuis le second tour qui a consacré la victoire de Talon, aucune autorité morale n’a pu tenter de réconcilier ces deux hommes qui s’en veulent l’un et l’autre. Le temps et les évènements ont renforcé les inimitiés et la haine de l’un pour l’autre. Dans ces conditions, on ne peut reprocher cette posture de prudence à Patrice Talon. « Qui veut voyager loin, ménage sa monture », dit- on

Publicité

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité