Faux états financiers : Les experts-comptables aux trousses des faussaires au Bénin

Sonnant définitivement le glas des auteurs de faux états financiers, l’Ordre des experts-comptables et comptables-agréés du Bénin (Oecca-Bénin) que dirige M. Cosme Goundété a procédé ce mardi au lancement officiel de l’opération « halte à l’illégalité ! » avec le déploiement d’agents de contrôle sur toute l’étendue du territoire national.

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Ces derniers ont pour mission d’aider à la détection des fausses attestations de présentation de bilan délivrées à des entreprises par  des comptables ambulants provoquant des manques à gagner pour l’Etat béninois.

Finie la période de grâce accordée aux comptables illégaux et à des entreprises s’offrant leurs services pour déclarer de faux montants aux services des impôts. Farouchement déterminé à mener la vie dure aux faussaires, l’Ordre des experts-comptables et comptables-agréés du Bénin (Oecca-Bénin) que dirige M. Cosme Goundété a procédé ce mardi au lancement officiel de l’opération « halte à l’illégalité ! » dans les locaux du Centre des impôts des moyennes entreprises (Cime) du Littoral.  Il s’agit d’une vaste opération de découragement des illégaux selon Cosme Goundété, président de l’Oecca-Bénin. « Nous avons décidé de lancer une opération appelée « halte à l’illégalité » qui est entrée dans sa phase active ce matin » informe l’expert-comptable en compagnie des jeunes recrues qui seront déployés dans les 13 Centres des impôts des moyennes entreprises que compte le Bénin.

Le drame

Ce qui se passe en matière de collecte des impôts au Bénin, apparaît comme un drame.

« Le constat que nous avons fait, c’est qu’il y a des comptables ambulants, des illégaux qui ne sont pas membres de l’ordre et qui passent  chez les  commerçants dans les entreprises pour leurs dire de solliciter leurs prestations qui ne coûteront pas chères et qu’ils pourront payer moins d’impôts.  Ils fabriquent des états financiers, ils fabriquent également les attestations de présentation et ils poussent le culot jusqu’à mettre ces attestations sur des papiers à en-tête comme si ça provenait de nos cabinets.  Ils imitent nos signatures » dénonce le Président de l’ordre des experts-comptables et comptables agréés.

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L’état financier en question, selon ses explications est un acte précieux. « Tout faux bilan déposé aux impôts, c’est de faux montants d’impôts qui ont été collectés. Là où vous devrez avoir cent mille francs d’impôts, vous allez collecter dix milles francs. Là où on devrait avoir dix millions, on collecte un million. Dans cette prolifération d’illégalité d’exercice  de la profession d’expertise comptable, c’est une véritable saignée fiscale que l’Etat subi » a-t-il signalé précisant   « Donc cette opération non seulement vise à nous préserver contre ces attaques illégales mais également à sécuriser les recettes fiscales parce que les illégaux en reculant vont laisser les professionnels faire du bon travail ».

Une opération à point nommé

A l’heure de la rupture qui prône la bonne gouvernance au Bénin et en ce mois d’avril, cette opération qui visiblement fera du bien aux caisses de l’Etat, tombe à pic. Selon M. Goundété,

« la date limite fixée à toutes les entreprises pour déposer l’état financier est le 30 avril. C’est la même date que l’Etat a prévu pour l’arrêter des comptes annuels ».

Les agents qui seront déployés sur le terrain sont chargés de prendre des photos de tous les états financiers qui vont passer au scanner de l’ordre afin de détecter les entreprises qui sont dans l’illégalité et les usurpateurs de titre qui font la sale besogne.

Attention danger !

Nul n’est censé ignorer la loi. M. Goundété le rappelle aux bonheurs des chefs entreprises et des faux comptables.

« Force doit rester à la loi.  Celui qui émet une fausse attestation et qui falsifie une signature a commis une infraction de faux et usage de faux. Il a aussi fait de l’exercice illégal de la profession d’expert-comptable.  La loi est suffisamment claire là-dessus » a-t-il dit. Puis a-t-il ajouté, « Les chefs d’entreprises ne le savent pas. Ils commettent  les infractions en même temps que les illégaux. Là où il y a exercice illégal, c’est qu’il y a un chef d’entreprise qui a fait appel. Le chef d’entreprise est tout aussi coupable et la loi a prévu des amendes mais aussi peines privatives de liberté, peine de prison ». 

Au-delà de l’aspect juridique selon l’expert-comptable la conséquence c’est  que les entreprises concernées ne grandiront pas. « ceux qui croient qu’en fuyant les cabinets ils vont payer peu d’honoraire et peu d’impôts sont condamnés à ne pas grandir. Et le taux de mortalité des entreprises est encore aujourd’hui est de 80% à l’âge de cinq ans et 90% à l’âge de 10ans. C’est-à-dire que sur 100 entreprises qu’on  crée aujourd’hui, 80 meurent à l’âge de 5ans  et 10 autres meurent dans les cinq années suivantes ».

Une situation que le recours aux professionnels du domaine empêchera tout en offrant de la viabilité aux entreprises. « Quand c’est des entreprises accompagnées par des experts-comptables, on a  la chance de passer le cap de 10 ans pour près de 90% » apprend M. Goundété. « Ceux qui s’éloignent de nous courent le  risque d’une mortalité immédiate et certaine » a-t-il prévenu avant de recommander : « C’est mieux de recourir à des professionnels compétents qui vont leur dire  comment grandir, comment partir de l’étalage à la toute petite entreprise , de la toute petite entreprise à la Pme, de la Pme à la grande entreprise et de la grande entreprise à la multinationale ».

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