Bénin : Les mains invisibles derrière l’improbable tête-à-tête Talon-Yayi

Le 6 avril dernier, Patrice Athanase Guillaume Talon a prêté serment en tant que président de la république du Bénin. Mais avant sa prestation de serment devant l’Assemblée nationale et la cour constitutionnelle au stade Charles de Gaulle de Porto-Novo en présence de milliers de personnalités politico-administrative, l’ex-magnat du coton a eu un tête-à-tête avec son prédécesseur Thomas Boni Yayi (lire ici) qui l’avait accusé d’avoir attenté à sa vie et de vouloir renverser son régime.

Publicité

Cette rencontre non constitutionnelle décidée par le régime du président Boni Yayi qui a juré devant micros et caméras de ne pas passer service à son ami d’autrefois et ennemi d’hier, Patrice Talon, n’est pas du goût du chantre de la Rupture et du Nouveau départ. L’homme d’affaires qui, méthodiquement, a remporté le scrutin du 20 mars dernier n’épousait nullement l’idée de se retrouver nez à nez avec son prédécesseur surtout que rien ne l’y obligeait constitutionnellement. Et jusqu’à quelques minutes de la rencontre prévue pour 8 heures 30 minutes le 6 avril dernier, le président élu ne s’était toujours pas décidé à rencontrer le président sortant. Dans l’entourage du président Talon, on craignait tout de la part du président Yayi que certains de ses ministres présentaient comme un « cabri mort ».  

Médiations

Qu’est ce qui s’est donc passé pour que le président Talon qui n’avait pas dans son programme du 6 avril de rencontrer le président Yayi se ravise au dernier moment et décide finalement de se rendre au palais de la Marina pour voir son ami d’autrefois ? De nos investigations, il ressort que la fameuse et historique cérémonie de passation de charges entre les présidents Yayi et Talon- la deuxième du genre de l’ère du renouveau démocratique- a eu lieu grâce à des médiations.

La première démarche visant à convaincre le président Talon de rencontrer le président Yayi aurait été menée par l’Eglise catholique. Des émissaires de la conférence épiscopale du Bénin se seraient rapprochés de l’ex-magnat élu président pour l’amener à se rendre à cette rencontre qui selon le communiqué du gouvernement vise à témoigner la courtoisie et renforcer la démocratie béninoise.

Mais ce premier pas posé par l’Eglise n’a pu, à lui-seul, convaincre le nouveau locataire de la Marina qui était toujours réticent à l’idée de rencontrer son prédécesseur avant de rentrer dans la plénitude de ses fonctions. Il y a donc eu une deuxième médiation. Celle du représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn Chambas.  L’homme politique et diplomate ghanéen est celui qui, le jour même de la rencontre, a réussi à faire changer d’avis l’homme d’affaires désormais aux commandes du Bénin qui finalement arrivera à la présidence de la république vers 8 heures 45 minutes alors que son prédécesseur l’y attendait depuis 8 heures.

Publicité

Mais tout est bien qui finit bien, la rencontre s’est tenue dans une ambiance bon enfant. Laquelle ambiance a rehaussé une nouvelle fois l’image de la démocratie béninoise présentée comme un modèle en Afrique de l’Ouest.  

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité