Denis Sassou Nguesso à l’école de Pierre Nkurunziza. Sur les traces de son homologue burundais, le puissant régime de Denis Sassou Nguesso conduit le Congo-Brazzaville dans l’abîme. A l’instar de Bujumbura, la capitale congolaise sombre dans le cauchemar des attaques armées.
De dimanche 03 au lundi 04 avril, les Congolais ont passé une nuit particulièrement agitée sous les crépitements de balles et de terrifiantes détonation d’armes lourdes dans un combats opposant l’armée loyale au Président Sassou à des miliciens Ninjas de retour. Et prises de paniques, fuyant les combats, les populations notamment les femmes et des hommes adultes désertent Brazzaville, colis sur la tête, les enfants au dos ou trainés par les mains. C’est à une affligeante scène de déplacés de guerre qu’on a assiste depuis ce lundi. Connaissant comment Bujumbura est devenu le théâtre des actes de violences et des attaques armées, l’on ne dirait pas que c’est à tort que ces populations congolaises prennent la fuite face au chaos qui menace de s’abattre sur Brazzaville.
L’histoire va-t-elle se répéter ?
Il y a fort à craindre pour le Congo de Denis Sassou Nguesso. L’évocation des Ninjas à qui on attribue ces premières attaques, rappelle une page sombre de l’histoire du Congo-Brazzaville. Pour rappel, les Ninjas sont des miliciens d’une ancienne faction de la guerre civile dite du Pool au Congo-Brazzaville entre 1998 et 2003. Avec l’ampleur de la contestation politique et civique des résultats controversés du scrutin du 20 mars donnant le Président Sassou vainqueur dès le premier tour, la crainte d’un retour de la guerre au Congo paraît légitime. On est bien en droit de se demander si cette regrettable histoire va encore se répéter. Pour des Congolais qui gardent encore des séquelles de l’hécatombe de 1998 à 2003, ce scénario apocalyptique est à éviter.
Le traquenard de Sassou
Le western de Brazzaville qui sème la panique dans les esprits pourrait avoir une explication autre que celle d’une véritable attaque terroriste comme veut le fait croire le régime de Sassou. On pourrait y voir une manœuvre du pouvoir dans le but de se lancer dans la traque d’opposants à qui on colle déjà des étiquettes d’insurrectionnistes. Pour preuve, le gouvernement n’a pas tardé à accuser l’opposition d’être à l’origine des attaques qu’il qualifie de « véritable action terroriste ». Selon le régime de Sassou qui a sorti un communiqué accusateur, c’est à cause de certains candidats qui n’ont eu de cesse d’appeler à la désobéissance civile et à « l’insurrection civile ». Allusion faite à l’appel à une pacifique désobéissance civile lancé par le Général Mokoko. Nul doute que les opposants vivront un enfer dans les jours à venir à Brazzaville. Le gouvernement a annoncé avoir lancé des investigations. Comme c’est souvent le cas avec des pouvoirs aux relents despotiques, il n’y aura de terroristes que dans le camp de l’opposition. Pierre Nkurunziza du Burundi en a récemment donné l’illustration avec des arrestations d’opposants sur fond d’accusations injustifiées à Bujumbura. Les ex-Ninjas auteurs des attaques du quartier Mayanga, à en croire l’ancien Pasteur Frédéric Ntoumi, sont en faits des gens armés par le régime Sassou lui-même. A l’instar des Imborenakures au Burundi, les ex-Ninjas proches du régime ont été armés par le directeur général de la police et ont constitué un groupe dit des « douze apôtres ». L’ancien chef rebelle soutient que c’est parmi ceux-ci que certains ont retourné les armes contre le pouvoir en place. Une explication qui revient à dire que le régime de Sassou Nguesso se prend à son propre piège.
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