Bénin : Consensus, le grand défi pour Patrice Talon

S’il y a une apparente unanimité autour de la nécessité de réformer pour donner un nouveau souffle à la démocratie béninoise, les opinions divergent quant à la démarche, la durée et le contenu des changements politiques et institutionnels à opérer. Et pourtant, le consensus s’impose au chef de l’Etat, Patrice Talon.

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Les réformes politiques et institutionnelles. C’est l’un des terrains sur lesquels le président de la république, Patrice Talon est le plus attendu par les Béninois. Le chantre de la rupture pour un nouveau départ avait fait des réformes politiques et institutionnelles son principal thème de campagne. L’objectif est de donner un nouveau souffle à la démocratie béninoise et d’améliorer la gouvernance publique du pays. Pour ne pas perdre le temps, un mois après son investiture, le chef de l’Etat a installé la Commission chargée de ces réformes. Dirigée par le professeur et ministre de la justice, Joseph Djogbénou, cette commission de trente personnes a pour mission de faire au président Patrice Talon des propositions de réformes dans l’esprit de la Conférence nationale de février 1990. Elle dispose d’un délai de moins de 40 jours. Un peu comme donner la preuve de l’engagement du président à opérer des réformes consensuelles, le gouvernement a formé une commission représentative des grands courants politiques béninois du moment. Aux politiques s’ajoutent d’autres personnalités et universitaires réputés pour leur maîtrise des grands enjeux et défis du Bénin. Cependant, si la nécessité des réformes semble faire l’unanimité dans l’opinion publique et au sein de la classe politique, les avis divergent sur l’approche, leur orientation, le contenu ainsi que sur la composidion de la commission Djogbénou.Les réserves concernant la composition de la commission ont fait débat dans l’opinion les premiers jours ayant suivi son installation, le 06 avril dernier. Ces réserves ont été émises par des voix telles que l’ancien président de la république, Nicéphore Soglo, le Parti communiste du Bénin, Me Sadikou Alao, président de l’Ong Gerddes-Afrique, puis les Potiers de la république et les Républicain à travers Céphise Beo Aguiar. Le Pcb et les groupes de Céphise  Béo Aguiar continuent de donner le ton sur l’orientation et le contenu des réformes. Copier-coller du projet de société de Patrice Talon, non prise en compte des aspirations profondes du peuple, réformes cosmétiques expédiées sans véritable débat sont entre autres craintes exprimées.  La commission déposera son rapport dans un peu plus de trois semaines. Le gouvernement s’en servira pour introduire un projet de loi à l’Assemblée Nationale, après avis de la Cour suprême. Après la phase parlementaire s’en suivra le référendum, en fin d’année  ou début 2017, selon le vice-président de la Commission Djogbénou et ancien député pro-Yayi, Chabi Sika, sur Rfi.

Consensus oblige

Sous d’autres cieux, élu par 65% des suffrages exprimés et avec le nombre de députés acquis à sa cause, le président Patrice Talon ferait les réformes en déroulant directement son projet de société. Seulement, à ce niveau, le Bénin fait exception. Les réformes prévues impliquent une révision de la Constitution. Or, au Bénin, en matière de réforme touchant à la loi fondamentale, le consensus a été érigé en valeur constitutionnelle. Dans sa jurisprudence, la Cour constitutionnelle établit que pour être validée, toute réforme constitutionnelle doit faire objet de consensus national; pour rester coller à l’esprit de la conférence nationale. « Je crois que le Président Talon dit qu’il y aura la réforme des institutions. Il y aura un débat. La recommandation que je lui ferai c’est d’éviter les exclusions. Il faut que tous les fils du pays soient associés pour sauver l’intérêt général », déclarait l’ancien Chef d’Etat, Thomas Boni Yayi, à nos confrères du site Afrique Connection, en avril dernier. Et les groupes, en désaccord avec la démarche du Nouveau Départ, proposent déjà des alternatives. La Convention des forces patriotiques de gauche suggère des assises nationales. Céphis Béo Aguiar et son groupe ont initié des consultations en vue de sortir des propositions parallèles à celles de la Commission Djogbénou. Et d’autres sons de cloche suivront certainement..

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