Les griefs d’un collectif de Béninois de l’extérieur contre Talon

Après cinquante jours au pouvoir, Patrice Talon fait des émules et suscite l’espoir. Mais pour certains tout n’est pas si rose et sur plusieurs dossiers, une frange de Béninois s’inquiète. C’est le cas de certains Béninois de l’extérieur qui, dans une lettre ouverte, font des griefs contre la gouvernance de Talon.

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Notre pays le Bénin traverse une situation difficile depuis le 06 avril 2016. Face au pourrissement de cette situation marquée par le délestage, le blocage de l’administration publique, le pillage des maigres ressources de l’Etat, la corruption, le népotisme, le musèlement de la presse, l’insécurité grandissante…, les Patriotes Béninois en Europe ont décidé de prendre leurs responsabilités.

En effet, au moment où le régime défunt était là, tout fonctionnait normalement et l’Etat respectait tous ses engagements.

Dans une interview accordée à «Le Monde Afrique», le président Patrice Talon a affirmé que «le Bénin est dans état catastrophique». Pourtant notre pays est classé parmi les 20 pays africains les plus attractifs et les plus réformateurs pour les investisseurs en 2016, selon le dernier Rapport Ernst & Young

La croissance

Il faut de la croissance économique pour tuer la pauvreté. Depuis le départ de Talon du pays, le Bénin a affiché une croissance entre 5 et 6,5%, faisant partie des pelotons de la sous-région. C’est à croire qu’il est un frein pour la croissance.

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Le Bénin a connu une croissance avec une inflation à 2% qui est même allée à -1,5%. Il ne s’agit pas de stagnation.

C’est vrai, il se pose aujourd’hui un problème de la répartition de la croissance qui demeure le défi de toute nation. Des réformes sont prévues pour une croissance de qualité, pour une croissance inclusive et pour une croissance résiliente qui résiste au choc intérieur et extérieur, c’est-à-dire qui jette les bases du développement durable pour tous. Aucun pays au monde n’a atteint ce stade aujourd’hui, y compris les Chinois qui ont habitué le monde à une croissance durable à 2 chiffres par le passé et qui connaît aujourd’hui une croissance autour de 6%.

La pauvreté

Le taux de pauvreté monétaire en 2005 était à 46%, descendu à 33% en 2008 puis remonté à 37% à cause de la crise financière et pétrolière internationale. Aujourd’hui, ce taux est à 40% malgré la forte croissance démographique (3,5% avec un pic à 5% à Karimama). En incluant à ce taux de pauvreté monétaire l’accès aux services publics (c’est-à-dire la gratuité des soins et de l’école pour les enfants, la césarienne, les routes, l’énergie, l’eau etc….) on a le taux de pauvreté réel qui est de 19%, le plus bas taux de la zone UEMOA et CEDEAO.

Plus est, le Bénin a reçu 2 fois le prix de la FAO en matière de la sécurisation alimentaire et nutritionnelle.

Le Président Talon doit se faire briefer par ses ministres. Un cours d’économie s’impose à lui. Le Bénin n’est pas une entreprise. Presque que tous les indicateurs macroéconomiques sont bons. Il doit cependant se mettre au travail et arrêter la diversion.

La dette

Sur 100 francs de revenu, la dette du Bénin tourne autour de 41 et 42 francs contre une norme exigée au sein de l’UEMOA de 70 francs. Le Bénin est toujours dans la norme et fait partie des pays ayant de faible dette en zone UEMOA et CEDEAO. En Europe, la dette de la Grèce s’élève à 450% du PIB et celle de la France est presque à 93,5%. C’est la volonté du Bénin de se doter d’infrastructures indispensables comme les écoles, les centres de santé, les routes, le port, l’aéroport, les échangeurs, l’économie numérique, etc…. Quel crime le Bénin a commis? Tout se déroulait normalement et il était prévu des réformes de la douane, des impôts et du trésor pour améliorer la capacité à servir la dette. C’est dans ce cadre que l’ancien régime a suspendu le PVI. C’est aussi dans ce cadre que le gouvernement défunt a prévu un projet de 2000 km de route sur la base du partenariat public privé (PPP). Tous les privés sont d’accord et le financement est disponible dans les banques. Aujourd’hui, c’est le Roi du coton qui a tout arrêté comme s’il répondait au FMI qui estime que les pays africains sont trop endettés; ce que les pays africains refusent. C’est ce qu’on fait les pays de l’UEMOA pour bitumer leurs routes. Pour exemple, la dette du Sénégal tourne autour de 65% sur une norme de 70%. Aujourd’hui, le Sénégal est un pays émergent. Malheureusement dans notre pays, c’est la haine.

Les caisses sont vides

L’alternance en Afrique est à repenser car, celui qui vient, dit que son prédécesseur n’a rien fait et a laissé les caisses vides.

Comment l’ancien régime continuait à financer le fonctionnement des institutions? Notons 65 milliards pour les dernières élections législatives, communales, municipales et présidentielle.

Comment Talon peut dire que l’ancien gouvernement a laissé 47 milliards dans les caisses avec une dette intérieure de 160 milliards? C’est cynique et méchant car les instances au trésor et au budget ne sont pas l’émanation des dettes. Ce qui compte, c’est la qualité des instances. Que Talon aille casser alors les infrastructures que le gouvernement sortant a construites avant de partir.

Quand on ruine un pays pendant 35 ans avec le monopole du coton, c’est normal de dire qu’il est dans un état catastrophique. Quelle contradiction! C’est un prédateur dont le client est l’Etat; en sortant des condamnations bidons par des tribunaux qu’il soudoie pour réclamer de l’argent à l’état (29 milliards pour les frais de réquisition, 200 milliards à la Sonapra et 140 milliards pour le dossier du PVI à l’OHADA). Il disait durant la campagne qu’il renonçait à réclamer cet argent à l’Etat. Aujourd’hui, il change de version. Malheureusement, certains cadres béninois ne sont pas gênés de couvrir ces mensonges. Il parle des caisses vides : où a-t-il trouvé de l’argent pour se faire rembourser 12,4 milliards au titre des frais de réquisition de la Sodeco? Où a-t-il trouvé de l’argent pour faire venir 50 000 tonnes d’intrants du Maroc et de la Russie au point de compromettre les besoins prioritaires des Béninois?

Il envoie son Ministre Bio Tchané aller mentir au Conseil Communal de Parakou, aller faire le sale boulot pour dire que la traversée de Parakou n’est pas financée, alors que tous les financements ont été bouclés (39 milliards pour la BID, 10 milliards pour la BOAD et 310 millions la contrepartie du Bénin). Les Chinois ont déjà commencé les travaux et on est incapable de trouver cette contrepartie, alors qu’au même moment, il se fait rembourser 12,4 milliards et se tape encore 19,5 milliards avec l’Aic.

Ils sont allés chercher le scanner de l’aéroport de Parakou. Aujourd’hui, c’est la tour de contrôle et demain, ça sera le projet de l’eau (16 milliards totalement mobilisés auprès de la BOAD). Les chantres du Nouveau Départ qui remettent en cause les perspectives du développement viendront arrêter ce projet.

Talon cède ses parts de sociétés à ses enfants

C’est de l’enfumage. Talon a dit qu’il n’est plus homme d’affaires et qu’il a déjà cédé ses parts de sociétés à ses enfants. Mais qui est le papa de ces enfants? Qu’il nous montre les documents pour la transparence. Il dit qu’il a des biens immobiliers et du cash pour être à l’abri du besoin. Où a-t-il trouvé tout cet argent? Il faut qu’il le retourne aux Béninois car il a toujours grugé les paysans. Jusqu’à ce jour, il n’a toujours pas déclaré ses biens. Les Béninois méritent la transparence.

En gros, c’est Talon et ses enfants d’abord puis le peuple béninois après. Voilà ce que nous retenons de son interview à «Le Monde Afrique».

Energie

C’est grâce au régime défunt que la BOAD a déposé la 1ere turbine à gaz de 20 mégawatts; c’est le même régime qui a négocié 200 mégawatts avec le Nigéria; 90 mégawatts avec le Ghana; c’est lui qui a sollicité 30 mégawatts à la Côte d’Ivoire. C’est le même régime qui a construit Maria-Gléta avec une capacité de 80 mégawatts qui ne fonctionne pas aujourd’hui, malheureusement à cause de l’indélicatesse de certains cadres comme Tchékété sous la responsabilité de Saka Lafia. Talon a-t-il interrogé Saka Lafia et Tchékété qui sont allés en Californie trouver un commerçant pour nous poser des ailles d’avion à Maria-Gléta? C’est grâce au même régime que Spéro Mensah a ramené l’investisseur privé Genesis qui va installer 150 mégawatts; c’est le même régime qui a lancé le projet de construction de Adjalala qui finira dans un an; c’est le régime qui s’est laissé à l’accès à l’énergie propre (lampadaires, lampes solaires, etc…); c’est le même régime qui a obtenu le financement de la BID pour 120 mégawatts; c’est le même régime qui a travaillé fort pour obtenir le 2eme Compact de MCA (411 millions de dollars) en dépit des résistances de Talon à l’empêcher (Talon avait saisi le Senat américain pour bloquer ce compact). Ce Compact est destiné à l’énergie avec une réforme de la SBEE et de l’autorité de régulation.

La réforme constitutionnelle

On sent l’arrogance dans les propos du Président. Avant même que la commission pléthorique ne rende ses propositions, il affirme déjà que ses propositions passeront. La Commission ne sert donc à rien alors ! Surtout pour le mandat unique de 7 ans ou 9 ans, nous espérons que le peuple aura son mot à dire. Cherchons plutôt le consensus. Comment peut-on accepter un mandat de 9 ans sans que le Président ne passe devant les urnes? Ce n’est pas Talon et ses petits copains qui vont imposer une loi fondamentale à tout un peuple. Le peuple n’acceptera pas ce mandat unique sans les dispositions de sanctions. Talon se trompe.

Les rétro pédalages du gouvernement

Depuis le 6 avril, nous assistons à une scène incroyable, l’amateurisme est au son summum. On prend des mesures pour faire du populisme et derrière on se ravise. On a bien remarqué comment la lavée des postes de contrôle a généré une recrudescence de braquages. Comme disait l’autre, c’est un gouvernement ventilateur.

Les gaffes de Paris

 Le Bénin est un désert de compétences. Si on doit parler de compétences, ce n’est pas Talon qui serait Président du Bénin, mais la voix de Dieu est insondable. Il était à Paris pour ses affaires personnelles, pour acheter des intrants pour sa société Sodeco. Personne ne parle des 49% des parts de l’Etat. Pas de visibilité sur la situation financière de la Sodeco, pas d’audit conjoint avec l’Etat.

Pendant que le Bénin était dans le noir, il était à Dauville pour faire la fête avec ses amis.

Talon doit fait preuve de moins d’arrogance, sinon, sa Rupture sera que du bluff. En un seul conseil des ministres, il se refait une bonne santé industrielle et financière.

Pour nous Béninois, Yayi a travaillé. Talon perd son temps et doit opter pour l’humilité, moins d’arrogance. Il ne sert à rien de noircir l’ancien régime.

Chez Yayi, nous avons retenu la paix, la stabilité, la sécurité, le défi de l’école et de la santé, l’énergie propre, le réseau routier du Bénin, le réseau ferroviaire, l’économie numérique, etc…

Le chien aboie, la caravane passe. Le Président Yayi ne doit pas répondre. Le Président Yayi ne doit pas rentrer dans ce débat bas de gamme. Nous allons défendre son bilan. Personne ne peut saccager son bilan. C’est Yayi qui a fait l’extension de l’ORTB pour nous de la diaspora.

Les grands de ce monde l’ont félicité pour avoir organisé des élections paisibles et transparentes. On peut citer : l’Allemagne, les Nations Unies, la France, l’Union Européenne, la Chine, le Japon, etc….

Yayi n’a jamais manqué de respect au feu Président Kérékou et ça doit servir d’exemple à Talon. Pour conduire le Bénin en apothéose dans 5 ans, il doit revoir sa copie. C’est vrai qu’on a fait preuve d’incompétence et d’attachement à l’argent pour qu’il soit Président. Malheureusement, il ne connaît pas les contraintes de ce poste. Il ne réussira jamais à brûler le Bénin par ses propos.

En conclusion, Talon a été élu sur un malentendu.

Les Patriotes Béninois en Europe

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