Mots pour maux et nouveau départ

Parcours électoral sans faute. Les dieux du ciel et de la terre ont préservé le Bénin des délires et des folies qui accompagnent, ailleurs, les élections. Entrée sans bavure de Patrice Talon au Palais de la Marina.

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Les vœux d’une majorité de ses compatriotes sont ainsi exaucés. Reste, à présent, tout le reste. Il faut gérer le pays ; tenir les promesses électorales ; combler les attentes des populations ; transformer les rêves projetés en des situations vécues ou à vivre sur le sol dur des réalités quotidiennes.

Dans cette attente, nombre de Béninois développent des attitudes plutôt bizarres. Savent-ils au moins ce qu’ils font ?  Avec eux, tout part, pourtant, d’un bon sentiment. Tout s’inspire d’une bonne intention. Comme quoi, on peut être sain de corps et d’esprit, agir à bon droit, mais nuire à son environnement humain. Quels sont donc les mots pour dire nos maux à l’entame du « nouveau départ » ?

Il y a d’abord, l’impatience. Les Béninois, laminés par deux décennies de déceptions, veulent tout avoir, ici et maintenant, tout de suite.  Il leur tarde, en effet, d’avoir des résultats. Des résultats qui changent leur vie. Le Président Patrice Talon doit prendre l’exacte mesure des attentes des populations. Elles sont grandes. Elles sont immenses. De là à attendre de l’homme des miracles, les anglophones diront « No way ». Mais il est possible que nous soyons, avec lui, les artisans de notre propre miracle. Et puis, chaque chose en son temps. La sagesse des nations enseigne : « Si tu cours, tu iras vite. Si tu marches, tu iras loin ».

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Il y a, ensuite, l’intransigeance. Elle se nourrit d’outrance avant de sombrer dans l’excès. Il est pourtant dit que « tout ce qui est excessif est insignifiant ». Qui tient une posture extrême doit s’attendre à passer les bornes. Ecoutez, par exemple, ce faux débat sur la composition de la commission chargée des réformes politiques et institutionnelles. Les intransigeants, drapés d’outrance, ont une opinion tranchée : « Les anciens sont pourris. Aucune nouvelle corde ne peut se tresser au bout de la pourriture ». L’exclusion n’aide pas à construire un consensus. Et Dieu sait qu’il nous en faut avant que ne s’ébranle le train du « nouveau départ ».  « Ne soyez pas extrémistes et n’exagérez rien, écrit Lao Tseu, car trop loin à l’est, c’est l’ouest. »

Il y a, encore, l’impertinence. Elle suit l’intransigeance comme son ombre. Le dictionnaire n’est pas tendre avec l’impertinent, ainsi défini : « Qui agit ou parle mal à propos ; qui joint la vanité et l’effronterie à la sottise ». L’euphorie de la victoire a fait perdre à nombre de concitoyens tout sens de l’équilibre et de la mesure. C’est heureux d’être dans le camp de la victoire. Il faut s’en féliciter. Mais cela ne donne aucun droit pour invectiver les autres, pour les ostraciser, pour les victimiser, pour les exclure du débat national. Patrice Talon n’est pas l’élu d’une moitié du Bénin. Patrice Talon n’est pas le Président d’une partie des Béninois. Nul doute qu’il aura besoin d’un pays rassemblé, dans ses profondeurs humaines, pour remettre sur les rails un pays à bout de souffle. C’est, ce nous semble, ce que veut dire « le nouveau départ ».

Il y a, enfin, la condescendance. Elle se définit comme de la « supériorité bienveillante, mêlée de mépris. » Car, au lendemain des élections que nous avons su assez bien organiser, beaucoup de Béninois ont repris la rengaine bien connue d’un Bénin particulièrement et exceptionnellement aimé de Dieu. Ceci, à l’exclusion des autres peuples de la terre. Quelle prétention ! D’autres Béninois anticipent déjà la terre promise. Ils prophétisent que le Bénin est en passe de devenir un pays de cocagne, un paradis sur terre.  Il n’est point interdit de rêver. Il faut beaucoup rêver, rêver tout en couleur. A la condition expresse que nos rêves soient portés par un travail créatif et utile, une ambition saine, une vision d’avenir. A quoi sert-il le plus beau des rêves d’un paresseux fieffé ? Rien ne s’obtient sans peine. Rien ne se réalise sans effort. La richesse et le bonheur ne sont jamais au rendez-vous de qui choisit de vivre à l’horizontale, affalé sur une couchette douillette. Il faut mettre la main à la pâte. Il faut bander ses muscles. Il faut se ceindre les reins. Il faut mettre ses capacités imaginatives sur l’orbite de l’esprit

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