Sécurité routière au Bénin: l’Ong Alinagnon interpelle le président Patrice Talon

Malgré les campagnes de sensibilisation et la répression des policiers, certains motocyclistes continuent de circuler sans casque à Cotonou. Face à cette situation, nous nous sommes rapprochés de Casimir Migan, coordonnateur de l’Ong Alinagnon, une organisation spécialisée dans la sécurité routière au Bénin, afin d’avoir son avis sur la question et les pistes de solutions pour mettre tous les usagers sur les rails.

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LNT : Quelle appréciation faites-vous de l’opération port obligatoire de casque, lancée au Bénin depuis le 2 août 2014 ?

Casimir Migan : Selon des enquêtes que nous avons menées en 2009, le port de casque au Bénin, oscillait entre 9 et 12%. Après le lancement de l’opération, c’est aller à plus de 85%. Ce qui veut dire qu’il y a toujours des gens qui ne mettent pas leur casque. Le port de casque, aujourd’hui à Cotonou, est effectif et il faut féliciter le ministère de l’intérieur et la police pour ce travail impressionnant. Ceux qui continuent de ne pas le faire, progressivement, ils vont entrer dans les rangs. Ce qui est à reconnaître c’est que partout où il y a eu ces opérations le résultat n’est pas aussi élevé comme au Bénin. Ce qui veut dire que le travail a porté. Mais il reste un travail de fond à faire pour aller vers 98% ou 100% pourquoi pas.

On voit certains usagers sans casque en circulation et une fois près des policiers ils le portent. Que pensez-vous de cette attitude ?

Lorsque les gens ne portent pas le casque. Il faut comprendre du coup qu’ils n’ont pas compris son importance, ou qu’ils choisissent des casques qui ne répondent pas aux normes et donc ne se sentent pas à l’aise. Plusieurs facteurs expliquent le fait qu’il y ait encore des gens hostiles au port du casque. Soit c’est la communication, ils n’ont pas pris conscience, ils ne sont pas informés et ne voient pas le danger qu’ils courent.Il y a d’autres qui veulent s’exhiber, ils veulent se faire voir en circulation. Deuxième chose, dans la population, il y a des gens que la sensibilisation tarde à impacter. Pour ceux-là, il faut continuer jusqu’à une prise de conscience. Il y en a même qui disent non c’est seulement dans la rue à côté, rien ne m’arriverait. Sans comprendre que même dans sa ruelle, on peut tomber et perdre sa vie. L’accident ne connaît pas la distance, 20, 50 ou 100  mètres. A chaque instant, si je dois monter sur une moto, je dois mettre mon casque.

Selon vous, que faut-il faire pour mettre un terme à cela ?

On doit continuer fortement avec la répression. Il y a des gens qui ont besoin d’être éduqués. Ils sont nombreux dans la société qui ont toujours besoin des gardiens derrière eux pour faire ceci ou cela. Il faut que les amendes aillent au double du prix d’un casque. Si le casque est à 15 mille francs alors que l’amende est à 20 ou 25 mille sans compter les frais de fourrière, en voulant sortir, ils mettront toujours leur casque. Dans les pays ou cela a marché, l’amende a toujours dépassé le prix d’un casque. Et là, deux actions urgent,  plus de communication autour de la sensibilisation et la répression. Nous pensons que les actions qui sont en cours, permettront d’aller vers un taux plus élevé.

Les Nations Unies ont proclamé 2011-2020 décennie d’actions pour la sécurité routière dans le monde. Pensez-vous que le Bénin atteindra Ces objectifs pour le compte cette décennie ?

Le Bénin fait partie des trois premiers pays à organiser à bonne date le lancement de la décennie d’actions pour la sécurité routière et cela a été fait au Bénin par la société civile. Nous avons élaboré le plan national pour le compte de cette décennie. Mais jusqu’aujourd’hui, le gouvernement ne l’a pas encore validé. Nous étions au Brésil l’année dernière pour faire une évaluation à mi-parcours, mais le Bénin n’a pas pu présenter un rapport parce que le plan n’a pas été validé. Néanmoins, ils y a des actions dans ce plan qui de façon isolée, sont en train d’être menées et qui contribuent à l’atteinte de ces objectifs. Il y ale port du casque, l’éducation à la sécurité routière, etc. Je pense que nous n’arriverons pas, à boucler le plan mais avec un peu d’effort, on ira à un taux important avant la fin de la décennie.

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Qu’attendez-vous du nouveau Président dans ce sens ?

Il est très important que le gouvernement valide ce document afin d’amener les bailleurs à s’y intéresser. L’investissement dans le domaine de la sécurité routière entraîne un retour sur investissement très rapide et rentable à l’Etat. Investir dans la prévention évite des dépenses inutiles dans les soins pour l’Etat. Lorsqu’une personne meurt, c’est une perte pour le pays. Des études montrent que les pays en voie de développement perdent plus que l’aide au développement qu’on leur apporte, dans le domaine de la sécurité routière. C’est une perte énorme pour le pays. Nous demandons au président de faire de la sécurité routière une priorité comme l’avait fait Chirac en France. Sinon, nous risquons de perdre nos bras valides. Le président doit revoir le fonctionnement de toutes les structures impliquées dans la sécurité routière au Bénin.

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