Salons de coiffure au Bénin : Les femmes préfèrent de plus en plus les hommes

Les salons de coiffure dame, tenus par des hommes, émergent dans la ville de Cotonou. Si les clientes s’y plaisent bien, certains hommes ont des doutes sur le type de relation qu’entretiennent les coiffeurs et leurs clientes. Au même moment d’autres n’y trouvent aucun problème. Que se passe-t-il en réalité entre les coiffeurs dames et leurs clientes ? Les concernés lèvent l’équivoque.

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Stade de l’amitié Mathieu Kérékou de Cotonou ce mardi 26 avril 2016. ‘’Vons Azonhiho’’, 1er carrefour, boutique 103 : on est à « Dodji coiffure». «Victime d’un incendie il y a quelques semaines, le patron, Dodji Amoussou, a tout juste aménagé dans ce bâtiment en construction », confie une habitante du quartier. Présent au travail depuis 9h,  Dodji a les mains dans les cheveux d’une femme, la trentaine révolue.

Autour de lui ses apprentis, des jeunes garçons et filles,  l’assistent avec des accessoires de coiffure en mains : fil à coudre, aiguilles, peigne à queue… La cliente bien installée dans un fauteuil, parle de tout et de rien. Les portes du salon sont grandement ouvertes. Deux grands ventilateurs installés de part et d’autre brassent l’air. C’est la solution de Dodji contre la forte chaleur dans laquelle vivent les Cotonois ces temps-ci. Sur le long, dans la salle, une table sur laquelle sont posés certains produits tels que produits de défrisage, bigoudis, mèches  et autres. 15 minutes après, une autre dame fait son entrée dans le salon. Elle s’installe. Les apprentis commencent les préalables. Les salons de coiffures dames tenus par les hommes se remarquent dans la ville de Cotonou. Et le nombre de leurs clientes ne cesse de croître.

Pas pour leurs « beaux yeux… »

Plusieurs raisons, selon elles, justifient ce choix. Il y a des coiffures que les femmes ne savent pas faire notamment les coupes et autres nouvelles coiffures.

« Je me fais coiffer chez lui, parce qu’il le fait bien. Il sait faire les coupes et moi j’aime ça», justifie Sophie, une cliente de Dodji. Ida elle, y va pour la touche particulière qu’apportent les coiffeurs dames aux cheveux. « Il a un style que j’aime bien et sa façon de coiffer est vraiment spéciale. Il fait des coiffures ghanéennes et nigérianes, ce que les femmes ne savent pas faire. » C’est d’ailleurs ce que nous confirme Grâce, une autre cliente, «les hommes sont très pointilleux et quand tu sors de leur salon, tu es contente de ta coiffure», renchérit Grâce.

Les femmes font preuve de leur bonne foi en se rendant chez les coiffeurs dames. Mais certains hommes ont des doutes sur les éventuelles relations qu’elles entretiennent avec ceux-ci. Selon eux, les cheveux de la femme font partie de ses zones érogènes. En tant que tel, un homme autre que son conjoint ne devrait y toucher. Didier estime que «mettre la main dans les cheveux d’une femme, c’est presque entrer dans son intimité.» Eric tend à se montrer plus méthodique. Il veut d’abord comprendre ce qui motive le choix d’un coiffeur par sa femme avant de passer aux jugements.  « Moi je vais chercher à savoir pourquoi c’est un homme qui la coiffe. Si ses réponses et explications ne me paraissent pas valables et surtout biaisées, je m’opposerai à son choix. »

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«…tout se passe dans la tête »

Si pour Eric et Didier, le fait qu’une femme se fasse coiffer par un homme pose un problème, d’autres hommes, par contre sont convaincus que tout se joue avec la femme. « Si la femme n’a pas d’autres intentions derrière sa tête, rien ne se passera», martèlent Thibaut. Certaines femmes se défendent des «préjugés» avec les mêmes arguments. Sophie, par exemple, dit ne pas avoir choisi de se faire coiffer chez Dodji pour ses «beaux yeux». A Grâce de dire : « Le coiffeur ne m’a jamais fait des avances, Moi non plus je n’ai jamais eu cette intention.»  Ida confirme cela en affirmant que son coiffeur ne lui a jamais fait des yeux doux et ce depuis un an qu’elle le fréquente. Pour ces femmes, du point de vue érotique, se faire coiffer par des hommes n’a aucun effet sur elles. «Le plus important, c’est le résultat final», concluent-elles.

A la question de savoir si des clientes ne leur font pas des avances, et vice-versa, certains coiffeurs sont éloquents.

Dodji Amoussou raconte : « Je n’ai jamais fait des avances à une cliente parce que je me suis toujours dit qu’il ne faut pas concilier le boulot et le sexe. J’ai pris ça comme un interdit et je suis très exigent dans ce sens. » Luther Ako, un autre coiffeur dames, dont le salon se trouve à Vêdoko Cica-Toyota poursuit que «tout se passe dans la tête. Lorsque tu te dis que c’est le métier qui te lit à ta cliente, il ne peut rien y avoir entre vous. »

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