Dans un débat télévisé diffusé sur la chaîne nationale Ortb ce 12 juin 2016, certains acteurs culturels se sont retrouvés sur la gestion de la crise au Fonds d’aide à la culture (Fac) après la décision de suspension du processus électoral prise par l’actuel ministre Ange N’koué. Au cours de cet échange, ils sont arrivés à des propositions pour une meilleure gestion de ce fonds
C’est autour du thème « Fonds d’aide à la culture : quelle réforme pour une gestion consensuelle ? » que des acteurs culturels se sont retrouvés sur le plateau de la chaîne de télévision nationale ce 12 juin 2016 afin d’émettre des suggestions pour remédier aux problèmes de ce Fonds. Etaient présents sur le plateau, Giovanni Houansou représentant de la plateforme Wanilo, Euloge Béo Aguiah alias Masta Cool, comédien indépendant et Pascal Wanou représentant de la Confédération béninoise des acteurs des arts et de la culture (Cbaac). Plantant le décor, le présentateur Célestin Mara a souligné que le Fonds d’aide à la culture existe depuis 1992 et qu’il a été modifié par un décret en mars 2008 portant approbation de ses statuts. Ce décret aussi sera modifié par un autre pris en septembre 2015 et qui va plonger le secteur culturel béninois dans la grande crise en cours.
La crise
Le problème au Fonds d’aide à la culture selon Giovanni Houansou est une « crise de confiance » qui a conduit à la suspension du processus électoral devant aboutir au renouvèlement du Conseil d’Administration.
« Nous avions un problème de transparence… de crédibilité dans la gestion du Fonds d’aide à la culture » a-t-il fait savoir précisant que « c’est la raison pour laquelle des acteurs culturels ont sommé les autorités et ont voulu que le processus de désignation du représentant des artistes au Fonds d’aide à la culture soit stoppé ». Bien avant 2015 explique- t- il, « il a été décidé que les représentants des artistes au niveau de ces instances soient choisis par des associations ».
Constat après cette décision, relève le jeune acteur culturel, la création d’une multitude de mouvements associatifs. Une situation déplorable à laquelle le décret de 2015 a voulu remédier en stipulant que « ce ne sont pas les associations qui vont voter mais les fédérations » désormais. Seulement, regrette Giovanni, cela a encore donné lieu à la création tous azimuts de fédérations. A l’en croire, en moins de six mois, près de 70 fédérations d’artistes ont été créées. « Le problème est que certains acteurs se sont fait des associations dans un but électoral » a appuyé Euloge Béo Aguiah.
Opposés autour du ministre
L’heure est aux réformes pour une bonne gestion de ce fonds, une cagnotte susceptible de passer à cinq milliards Cfa. Pour l’acteur culturel indépendant Euloge Béo Aguiah qui estime que la crise est beaucoup plus profonde, il est tout à fait normal qu’avec l’avènement du « Nouveau départ », des réformes soient mises en place dans tous les secteurs. S’il est d’accord pour les réformes, Pascal Wanou représentant du Cbaac, est quant à lui contre la démarche du ministre. Concernant la sortie à charges des artistes membres de la Cbaac, rappelle, Pascal Wanou affirme qu’ « ils dénoncent la démarche et le comportement du ministre de la culture Ange N’koué ». Aussi a-t-il, dénoncé, la commission des réformes annoncée par le ministre de la culture, dont il fait partie n’a jamais été installée pour se mettre au travail.
A propos des nouvelles réformes
Pour résoudre le problème au Fonds d’aide, Giovanni Houansou a indiqué qu’au niveau de la plateforme Wanilo qu’il représente, de larges concertations ont été faites avec tous les acteurs au Bénin et qu’ils ont travaillé sur deux axes. L’un portant sur les procédures de désignation des représentants des artistes qui se résume à : « un acteur, une voix ». L’autre axe de leurs propositions est la gestion proprement dite du fonds d’aide. « Il faut désormais que ce soit les experts retenus sur la base d’appel à candidatures avec de bonnes compétences qui soient autorisés à accorder les subventions » préconise Giovanni Houansou. Son confrère, Euloge Béo Aguiah pense qu’il faut passer à un autre cap dans la gestion de la culture. La meilleure option pour lui, est de passer à l’industrialisation du secteur culturel. « Il faut un changement de dénomination du fonds et des réformes qui font en sorte que notre secteur soit perçu comme un secteur convoyeur d’économie ». Il recommande qu’« il faut affaiblir la capacité de décision des associations et affecter des cagnottes au niveau de chaque département » pour faciliter la tâche aux acteurs culturels résidents loin de Cotonou. Pour parvenir aux réformes dont parlent ses pairs, Pascal Wanou le représentant du Cbaac souligne un préalable. « L’autorité doit reprendre langue pour que nous discutions. Il a mis en place une commission. Il faut que la commission travaille. Que chacun apporte ses résolutions sur la table » a-t-il dit. Malgré leur apparente divergence, les acteurs culturels invités sur la chaîne de service public ont appelé leurs confrères au calme et à la sérénité
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