A peine son rapport déposé et voilà la commission Djogbénou au cœur d’une nouvelle polémique. Cette fois-ci, ce n’est pas le contenu du rapport qui est en cause mais le montant investi pour sa rédaction. Pour atteindre ses objectifs et dompter les membres de cette si « précieuse » commission, Talon aurait sorti plus de 500 millions pour payer des émoluments aux membres. Dans un contexte national d’austérité, cela fait estomaquer plus d’un.
Beaucoup de politiques et d’universitaires béninois doivent regretter ne pas appartenir à la commission Djogbénou. Mise en place par le président de la république pour proposer des réformes constitutionnelles, elle se retrouve comme la plus choyée du pays. En quarante cinq jours de travail, chaque membre s’est tapé un cachet de dix millions. Et tenez-vous tranquilles, les paiements ont été faits en liquidité, de quoi apporter l’eau à la bouche des membres qui se retrouvent chacun avec une fortune. En dehors des trente cinq membres de cette commission, qui ont reçu cette somme, des opératrices de saisie, des juristes et magistrats de la cellule d’appui ont tous été payés. Selon des indiscrétions, c’est une cagnotte de 500 millions qui a été mise à la disposition de cette commission pour faire le travail. « Montant exorbitant », crient beaucoup de Béninois qui s’étonnent de voir que le président Patrice Talon ait donné autant d’argent aux membres. Sous d’autres cieux, un tel montant ne surprendrait guère au regard du niveau de vie de populations. Mais au Bénin, il apparaît comme une promotion. En effet, cet acte contraste avec le discours politique en vogue actuellement.
Lire Emoluments de la commission Djogbénou : le ministre confirme l’information de LNT
Depuis le 06 avril qu’il a pris le pouvoir, Patrice Talon et son gouvernement n’ont cessé de vociférer partout que les caisses de l’Etat sont vides. Que le régime de son prédécesseur Boni Yayi a laissé des ardoises de plusieurs milliers de milliards et que l’Etat doit faire une cure d’amaigrissement de ses dépenses pour faire face aux trous laissés. Très rapidement, le gouvernement a rompu tous les contrats, renoncé à des dépenses, soumis beaucoup de cadres nommés à des postes de responsabilité à une austérité inouïe. Le Chef de l’Etat lui-même a fait l’option de la sobriété dans ses dépenses. Les populations vivent difficilement cette période de soudure. Mais subitement, alors que le discours de l’austérité commençait à prendre dans l’opinion, Patrice Talon sort de son sac le lapin blanc, précieux et nourri avec des provendes en or.
Juteuse commission
Pour mesurer l’importance de cette gabegie, nous avons cherché à savoir combien avaient pris les membres des différentes commissions installées jadis pour faire des travaux similaires. Selon nos investigations, la Commission Ahanhanzo Glèlè mise en place par Boni Yayi pour voir l’éventualité de réviser la Constitution. Composée d’environ 12 membres, ceux-ci furent payés à un million par mois chacun. La commission, rappellent les mêmes sources, n’avait travaillé que trois mois et le dernier mois n’a pas été payé jusqu’à ce jour. Une autre commission, celle de Joseph Gnonlonfoun installée toujours par Boni Yayi avait travaillé aussi. Selon les mêmes sources, elle avait travaillé pendant 3 mois et chacun des membres s’en était sorti avec 450.000f par mois. Au regard de ces exemples, on peut se demander de quel exemple, le président Talon s’est inspiré ? On comprend qu’il est dans la logique de séduction. A défaut de trouver des postes de nomination pour tout le monde, l’appartenance à une telle commission et les émoluments perçus apparaissent bien comme une alternative pour contenter des amis politiques
Laisser un commentaire