Cuba, île située dans les Caraibes est un pays qui, bien qu’appartenant au tiers-monde a sû atteindre un niveau considérable particulièrement dans le domaine de l’éducation et de la santé. Toutefois, il présente des réalités socio-économiques particulières. Notre objectif se limitera à présenter la situation dans laquelle les étudiants béninois affrontent leurs études.
En effet, dûment attaché à son esprit internationaliste, ce pays manifeste donc sa coopération depuis 1960 à travers la formation en ressources humaines des pays frères. Actuellement, une cinquantaine d’étudiants béninois (boursiers et enfants de diplomates) y sont en cours de formation, mais force est de constater qu’ils sont confrontés à un contexte social différent de celui de leur pays.
Soumis à un blocus économique des Etats-Unis depuis plus d’un demi-siècle, la chute du bloc socialiste russe, Cuba s’efforce à diversifier ses sources d’approvisionnement en produits de première nécessité.
A présent, nous vous présentons un clichet de la situation pratique de la vie estudiantine dans les domaines suivants :
Domaine des études.
Les étudiants béninois sont envoyés à Cuba une année après l’obtention du BAC sans compter l’autre année de préparatoire et de langue (espagnol) á perdre.
Les efforts consentis par le gouvernement cubain nécessitent toutefois un appui á l’étudiant par son Etat. Entre autres charges personnelles, il doit se doter:
-D’une location pour mieux se consacrer aux études.
-Des fournitures scolaires complémentaires.
-D’un ordinateur: pour l’organisation des cours reçus en format digital et l’exécution de travaux indispensables liés à la carrière d’étude.
-D’une documentation personnelle: dictionnaire de langue, dictionnaires spécifiques à des domaines d’étude et autres livres.
Domaine de l’alimentation.
Face à l’horaire académique cubain, la rareté de certains aliments, l’insuffisance du repas cubain et à l’impossibilité d’exiger plus de la part des cubains, l’étudiant se trouve dans l’obligation de réaliser des dépenses imprévues dès son arrivée dans le pays hôte et obliger á:
-Acheter un réfrigérateur (300-400 dollars) pour la conservation des produits vivriers.
-Acheter de l’eau minérale d’une valeur de 0.7 dollars par bouteille ou de faire bouillir régulièrement l’eau, particulièrement dans les cas d’allergie due à un excès de chlore et du calcium contenus dans l’eau de pompe et aussi de son irrégularité.
Domaine du transport
Dans ce secteur, les principaux problèmes auquels se confrontent les étudiants béninois sont:
-Frais de déplacement lors d’occasions spéciales; ces dernières devant mobiliser tous les étudiants béninois lors de sorties rendues nécessaires par l’arrivée d’une haute délégation béninoise ou encore la célébration de la fête d’indépendance nationale a la Havane. Entre autres besoins, il s’avère indispensable des frais de transport quotidien pour se rendre à son hôpital dans le cas des étudiants en médecine ou au lieu de stage dans le cas d’autres carrières (car le lieu de résidence est toujours éloigné des lieux d’études).
Domaine de l’habillement et de la toilette
Souvent, confrontés á une limite de colis avant leur départ du pays pour Cuba, les étudiants béninois viennent moins équipés et incertains d’aller en vacances avant la fin de leur formation, sont obligés á acheter certains produits nécessaires.
Nous présentons ci-dessous les prix de quelques produits sans aucune exagération pour avoir une meilleure idée des dépenses réalisées dans ce domaine.
Articles |
Prix unitaire en Dollars |
Chemise |
16 |
Tee-shirt |
14 |
Pantalon jeans |
30 |
Pull-over |
20 |
Chaussures |
40 |
Savon |
0.5 |
Papier hygiénique |
1.2 |
Déodorant |
1 |
Parfum |
5 |
Brosse à dents |
1 |
Pâte dentifrice |
2.6 |
Shampoing |
2.5 |
Pommade |
3 |
Fer à repasser |
20 |
Domaine de la communication
Communiquer avec nos parents ainsi que nous informer de l’actualité politique, économique, sociale et culturelle de nôtre pays n’est pas du tout aisé (encore qu’aucune chaine médiatique internationale en dehors de TELESUR n’est accessible) à cause de:
-Coût de la navigation internet: 2 dollars par heure.
-Coût de la carte SIM CUBACEL (unique réseau mobile) 40 dollars.
-Cout de la carte de recharge: 5 dollars et peut servir pour communiquer avec le Bénin 4minutes environ.
Par ailleurs, le souci de faciliter la communication, surtout la réception des appels provenant de l’étranger amène l’étudiant à se doter d’un téléphone portable. Mais, dans bon nombre de cas ce besoin est irréalisable eu égard au prix du téléphone portable: 50 dollars minimum et le cout de la recharge.
Domaine du logement
Les dortoirs sont garantis par les autorités cubaines pour les étudiants. Cependant, face à la réalité climatique cubaine où l’été enrégistre des températures de 29 à 37 degrés et pendant l’hiver la température descend jusqu’à 3 degré, l’étudiant est obligé d’acheter:
-Un ventilateur: 40 dollars.
-Un chauffe-eau: 5 dollars.
-Des habits chauds.
Aussi, pour faire face à l’effectif pléthorique (20 à 30 étudiants par dortoir), multiculturel (pouvant se trouver dans une même habitation avec des fumeurs de cigarettes, des personnes peu responsables, …) et au manque de conditions hygiéniques dans certaines provinces, plusieurs étudiants se trouvent dans l’obligation de louer une habitation dont le coût varie généralement entre 80 à 150 dollars.
Frais documents
Il s’agit de dépenses faites par les étudiants eux-mêmes pour:
-Le renouvellement de leur passeport qui est de 50 dollars á l’ambassade.
-La légalisation de documents nécessaires au cours de la formation à l’Ambassade au prix de 5 dollars par copie.
-La fourniture de pièces lors de l’inscription dans les universités tant bien en préparatoire qu’au cours de la carrière. Ces inscriptions exigent souvent entre autres:
- Des photocopies: 0.30 dollars par copie.
- Photos de scolarité: 1 dollar pour 4photos.
Au regard de tous les besoins exposés ci-dessus, une analyse globale des dépenses minimales mensuelles effectuées par l’étudiant béninois s’élèvent au prix de 350 dollars sans compter celles immédiates et définitives ci-dessus mentionnées qui pourraient couter plus de 1000 dollars.
Face à cette situation, les étudiants boursiers béninois, abandonnés à notre propre sort et conscient du développement socio-économique de notre pays nous posons les questions suivantes:
- Pourquoi loin du Bénin, dans un pays où aucune activité rémunératrice ne peut être exercée par un étranger et pour joindre les deux bouts n’est pas chose amusante, nous ne bénéficions d’aucune assistance financière de la part de notre Etat comme tous les autres Etats en faveur de leurs étudiants, alors que nous étions boursiers au pays?
- Pourquoi parmi les plus de 130 pays qui ont des étudiants á Cuba, sommes-nous les seuls et uniques a ne bénéficier d’aucune aide financière, matérielle, morale de la part de notre gouvernement alors que nous sommes toujours les meilleurs de nos universités?
- Pourquoi avions-nous une ambassade á Cuba battant le record en nombre de fonctionnaires alors que les représentations diplomatiques des grandes puissances ici fonctionnent avec un effectif bien inférieur à celui de notre ambassade vu la cherté de la vie?
- Pourquoi tous ces pays y compris ceux qui n’ont pas de représentations diplomatiques á Cuba, envoient des missions diplomatiques á Cuba juste pour soutenir financièrement, matériellement et moralement leurs étudiants et pire les étudiants togolais qui n’ont pas d’ambassade á Cuba reçoivent leur bourse via l’ambassade du Bénin alors que nous ne recevons rien du tout de la part de notre pays ?
- Pourquoi devons-nous payer des frais de légalisation de documents, de renouvellement de passeport dans notre ambassade alors qu’en tant que boursier, nous ne recevons aucune aide de la part de notre gouvernement et n’exerçons aucune activité rémunératrice á Cuba?
- Pourquoi nos confrères africains promeuvent le développement durable alors que notre pays ne participe pas au jeu vu que des centaines d’étudiants en médecins une fois fini leur formation á Cuba se spécialise ici alors que notre pays en manque cruellement de spécialistes dans différents secteurs et ne négocie pas avec Cuba dont les avances en médecine ne sont plus á démontrer?
- A quelle conclusion a abouti la mission du Directeur des Bourses et Secours Universitaires M. Abdoulaye Galilou, accompagné d’un membre du ministère des finances du 19 au 23 juillet 2009 en vue de nous rencontrer et étudier notre situation suite á notre ras-le-bol sur les antennes de RFI au début de la même année ?
- Où sont passées les allocations que nous recevions au pays en tant que boursier alors que aujourd’hui, loin de notre patrie, nous nous retrouvons sans aucune aide ?
- Pourquoi n’allons-nous pas en vacance au moins chaque 2ans comme tous les étudiants africains car plusieurs parmi nous ont perdu leur(s) géniteur(s) sans connaitre leur tombe jusqu’á présent étant toujours en formation ?
- Où sont passés les comptes rendus:
- la missions parlementaire (12 députés) en Septembre 2012 conduite par son Excellence le Professeur Mathurin Coffi Nago, Président de l’assemble Nationale á l’époque, qui après avoir aussi touché du bout des doigts, nos réalités quotidiennes, a promis faire de notre dossier une affaire prioritaire ;
- la visite en Octobre 2014 à Cuba du Ministre des Affaires Etrangères de l’Intégration Africaine, de la Francophonie et des Béninois de l’Extérieur M. Arifari Bako Nassirou qui nous a rencontrés le 23 Octobre 2014 a la résidence de notre Ambassadeur et qui nous a aussi promis résoudre notre dossier.
- Le mémorandum remis personnellement au Professeur Dorothée Akoko Kindé GAZARD jadis Ministre de la santé public lors de sa mission á Cuba du 20 au 25 Avril 2015?
Le comportement génocidaire du gouvernement défunt avec lequel nous avions choisi la voie du dialogue depuis une décennie, est révélateur du peu d’importance qu’elles accordent vis-à-vis aux étudiants de la diaspora. Les problèmes économiques que les étudiants béninois à Cuba rencontrent et qui ne font que s’accentuer avec le temps, méritent de trouver des solutions assez concrètes car cette situation nous affecte sur tout le plan. C’est pourquoi nous souhaiterons profiter de cette opportunité pour vous lancer, solennellement un appel angoissé au nouveau gouvernement en place, non seulement pour une assistance aux étudiants boursiers béninois à Cuba, mais aussi et surtout pour sauver l’image de notre patrie.
En tout état de cause, nous prenons l’opinion publique nationale et internationale que si aucune mesure n’est prise dans l’immédiat, nous n’aurons d’autres alternatives que de suspendre les cours et les examens jusqu’á la résolution de notre situation et si rien n’est fait, demander purement et simplement notre rapatriement au bercail.
Nous avons atteint l’extrême de notre ténacité et ne pouvons plus supporter ce châtiment qui nous est injustement imposé. Nous réitérons aussi notre disponibilité à coopérer et nous faisons recours à l’humanisme et au sens de responsabilité du nouveau chef d’Etat son Excellence M. Patrice TALON.
Le président du Bureau
Exécutif de la CEBeC (Communauté Estudiantine Béninoise) à Cuba.
Dr. Moukadam ADAM MAMA
Résident en Médecine de famille
moukmamad@gmail.com
Cell : 005352619932
Laisser un commentaire