Sur France culture : Lionel Zinsou parle de la présidentielle et du développement de l’Afrique

L’ancien premier ministre et ancien candidat à la présidentielle de 2016, Lionel Zinsou est revenu, sur la radio française France culture, sur son aventure présidentielle au Bénin. Interrogé sur les raisons qui ont fondé son désir présidentiel, M. Zinsou a rappelé qu’il n’avait pas, au départ l’ambition de se présenter aux élections présidentielles lorsqu’il a été nommé premier ministre.

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Cette ambition, pour lui, est venue bien plus tard, lorsqu’il a fallu désigner un candidat consensuel pour représenter l’alliance au pouvoir, l’alliance FCBE. Dénonçant les attaques violentes qu’il a eu à subir, M. Lionel Zinsou a rappelé que ceci n’était pas la particularité du Bénin, ni de l’Afrique. Prenant pour exemple le ministre français Emmanuel Macron, il a affirmé qu’il y a plusieurs étapes de calomnies qu’on peut subir quand on désire entrer en politique:

« J’ai un ami, Emmanuel Macron, je lui ai dit: Emmanuel, il ne faut pas dire je suis blessé, parce que les gens ne veulent que vous blesser. La particularité quand vous êtes ministre, c’est qu’on vous attaque beaucoup, mais en général ce sont vos adversaires. Quand vous êtes candidat à la présidentielle, vous y ajoutez tous les gens qui sont censés être vos amis politique. Vous prenez les trente calomnies les plus habituelles, vous les écrivez, vous remettez ça à vos parents si ils sont sensibles et âgés et à vos enfants si ils sont en état de comprendre et après, chaque fois qu’on vous accuse d’une abomination financière, sexuelle, familiale sur votre filiation etc, il coche les cases en se disant, ça y est on est à la 22e calomnie, vous verrez c’est une chose qui détend tout le monde. » a t-il déclaré provoquant des rires parmi les journalistes.

Il a également évoqué son accident d’hélicoptère en rappelant que c’était un problème de météorologie malgré le fait que certaines croyances y avaient vu des forces mystiques. 

L’allusion à Nicéphore Soglo

« Est-ce que les liens avec la France marchent encore? Où est-ce un repoussoir?« . M. Lionel Zinsou a affirmé que la question du racisme a été lancée dans le débat par ses adversaires. Mais il reconnaît que cette attaque n’a pas réellement pris parmi la population, puisque, le thème du racisme ne marche pas réellement au Bénin. Toutefois, toujours selon l’ancien premier ministre, les thèmes de la « recolonisation » et accessoirement du Franc CFA ont été repris par la presse et ont touché la jeunesse et les personnes âgées.

« Le rejet de la France et de l’Occident, il est fort chez les gens les plus âgés (…) il y a un homme d’état que je respecte par ailleurs, qui a le sentiment que lui-même dans sa carrière politique a été renversé par la France; ça existe encore chez les gens d’âge et chez les jeunes gens; (…) Cette fable a eu plus de succès« 

Le développement de l’Afrique et la politique du gouvernement Talon

La croissance économique en Afrique est très forte. L’Afrique subsaharienne, bien qu’affectée par les matières premières ne rentre pas en récession selon Lionel Zinsou. Pour lui, les pays n’ayant pas de matières premières à l’instar du Bénin, ont une croissance supérieure à la moyenne des pays ayant des matières premières. Même si les croissances définies par la banque mondiale, y compris dans les pays instables, sont bien réelles il se pose un problème de débouchés de ces croissances. « La croissance ne crée par de développement, elle crée des classes moyennes supérieures » mais crée des exclus, des pauvres (qui ne sont pas pour autant des illétrés). Ce qu’il faut ce sont des politiques hyper-spécifiques pour transformer la croissance en facteur de développement a t-il dit, pointant du doigt la politique du gouvernement Talon, qui est un gouvernement très libéral, qui pense que la croissance va résoudre les problèmes.

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Concernant la croissance démographique, Lionel Zinsou a une vision plutôt large du sujet : il a rappelé qu’à sa naissance, il y avait 2 millions d’habitants au Bénin contre 11 millions aujourd’hui. Certes, le pays a plus de pauvres et d’exclus, mais encore plus de personnes qui vivent dans la dignité (à peu près 500.000 en 1960, contre 7 à 8 millions de nos jours) comparé aux années d’indépendance. La croissance démographique n’est donc pas pour lui un grand handicap. 

Sur le terrorisme

Pour Lionel Zinsou nos armées n’étaient pas préparées pour affronter le terrorisme. Toutefois, il a rappelé qu’en s’unissant et en améliorant les techniques de renseignements, on pourrait constater des évolutions. « Les renseignements servaient à écouter les opposants politiques jusque-là« . Il a donné en exemple, le recul de Boko Haram au Nigéria après la formation de la coalition. 

Il a également affirmé qu’il faudra également utiliser pour la sécurité, les ressources initialement prévues pour le développement: il n’y a pas de développement sans paix. Pour lui, l’occident doit accompagner l’Afrique sur ce plan, pour permettre d’atteindre les objectifs de développement. Il a insisté sur le fait que la France est un allié de l’Afrique et non le gendarme. La France agit, selon lui, pour le compte de l’Europe, puisque plusieurs pays européens sont à la base de différents drames en Afrique, citant en exemple la Belgique avec le Rwanda et la RDC.

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