Bénin : Curieuse et précoce volte-face des Fcbe

Elles sont si vite passées de la mouvance « accompagnatrice » à une opposition agressive. En 28 jours, les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) ont fait une transfiguration politique bien surprenante. Sans trop d’explications rationnelles et d’éléments matériels, elles ont décidé de faire enfin de l’opposition alors même que Patrice Talon n’a même fait aucune « action attentatoire à l’unité nationale ».

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Le 20 juillet dernier, elles proclamaient pourtant leur allégeance à Patrice Talon dont elles entendent accompagner les actions. Le ton apaisé et le discours de sagesse tenu avaient surpris plus. Mais 28 jours après, comme éprises d’un désenchantement, les Fcbe changent de discours. Au ton apaisé de Grand-Popo, elles troquent un ton martial. En 28 jours, le discours a fortement fluctué. Plus aucune volonté d’accompagner les actions de Patrice Talon qu’elles jugeaient bonnes dans l’ensemble.

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A la place des André Okounlola, Rachidi Gbadamassi et consorts, les Djènontin, les Tigri et même Amos Elègbè, l’éminence grise du pouvoir Yayi. Des premiers aux seconds, deux Fcbe. L’une tendre avec Patrice Talon et l’autre agressive, prête à tout. Les premiers paraissent prudents et demandeurs, les seconds, désintéressés. Tous sont pourtant Fcbe ou se réclament comme tels. Dans le discours du 20 mars, la coalition donnait un avertissement : « se démarquer et dénoncer toute action attentatoire à l’unité nationale et à l’intérêt général ».

Depuis ce jour, Patrice Talon a –t-il posé un acte qui porte atteinte à l’unité nationale ? A-t-il menacé l’intérêt général ? Pour les Fcbe qui ont participé à cette activité « Regards croisés », il y a forcément des raisons de s’en prendre aussi vertement à l’action du gouvernement Talon. Seulement avec le recul et en faisant la rétrospective des actions du président depuis le 20 juillet, il n’y a presque pas d’action attentatoire à l’unité nationale, ni à l’intérêt national. Pendant cette courte période, il n’y avait pas grand’ chose à se mettre sous la dent en dehors de l’affaire Segub, un des scandales de l’ère de Yayi qui fait grand bruit dans le pays et l’affaire. Pendant cette période, Patrice Talon et son prédécesseur se sont rencontrés deux fois. Une première fois le 1er août : un entretien de quelques secondes qui n’avait rien de secret. Et le 8 août à N’Djamena, lors de la cérémonie de prestation de serment du président Idriss Déby Itno. Là, les discussions ont été plus sérieuses, plus amples et les photos qui ont circulé sur les réseaux sociaux dans la période montrent bien le sérieux qui a caractérisé ces échanges. Il est important de rappeler ces discussions car, à défaut d’avoir des éléments matériels qui puissent expliquer les diatribes des Fcbe hier, on peut bien penser que les mobiles de l’attaque proviennent des coulisses et surtout d’un probable malentendu survenu lors des récents échanges entre les deux hommes.

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Sauver le soldat Yayi

La date de cette deuxième sortie politique des Fcbe a l’air d’être bien étudiée et choisie à l’avance. En effet, cette sortie intervient au lendemain de la tournée de Boni Yayi au nord. Tout a l’air d’être planifié pour atténuer l’estime du pouvoir Talon dans l’opinion. La création et la déclaration du Parti pour la libération du peuple (Plp) préparait les esprits à ce regain d’activités politiques des Fcbe. On sent visiblement Yayi déterminé à continuer à faire la politique et à combattre Talon sur tous les plans. Cette attitude pourrait bien être la conséquence de l’échec d’un plausible accord de paix entre les deux.  Selon des sources confidentielles, Yayi n’aurait pas obtenu de Talon la garantie de préserver ses intérêts économiques et surtout de le laisser en paix. On comprend, Talon menace non l’intérêt général mais les intérêts personnels. Car, à force de réveiller tous les scandales de sa décennie au pouvoir, Boni Yayi pourrait se trouver un jour  cité parmi les mis en cause.  Craignant d’être rattrapé par son histoire et d’avoir à répondre de ses prévarications, il organise sa riposte en constituant un cocon politique qui pourra le protéger en temps utile.  « Si tu me tapes dans le dos, je te tape dans le dos ». Et ça, Yayi a bien compris

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