Dialogue social : la CSTB veut négocier avec le gouvernement mais ne signe pas

Le 23 juillet 2016, la CSTB a été invitée par le gouvernement du Président Patrice Talon à la signature d’une Charte Nationale du Dialogue Social prévue pour le jeudi 30 juin 2016 mais qui a été reportée.

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Pour la circonstance, la confédération avait publié une déclaration en date du 29 juillet 2016 dont nous rappelons ici quelques passages : « Notre expérience du dialogue social a été, jusqu’à présent, un marché de dupe. Cela a toujours permis aux pouvoirs en place notamment celui de YAYI Boni de faire passer ses positions contre les revendications légitimes des travailleurs.

Le dialogue social qu’on a proclamé n’a pas empêché et n’empêche pas la répression des travailleurs, le pillage des ressources publiques.

En conclusion, le dialogue social est utilisé pour ligoter les mains aux travailleurs pendant que les autorités peuvent gouverner comme elles le veulent.

Voilà pourquoi nous avons réservé notre signature avec le pouvoir de YAYI Boni.

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Le nouveau pouvoir donne t-il déjà suffisamment des gages de confiance ? Il est permis d’en douter.

Les pilleurs de l’économie courent toujours les rues. Les nominations, remerciements et placements se poursuivent à l’encontre des propositions de la CSTB qui demande de généraliser à toute la Fonction Publique ce qui se fait à l’Université à savoir : l’élection et la révocabilité des Directeurs Généraux.

Des décisions sont prises sans consultation des travailleurs et de leurs organisations, sans tenir compte de leurs avis et besoins, et ceci, dans tous les secteurs (santé, finances, enseignement, travaux publics, développement rural, etc.).

Le nouveau pouvoir ne nous rassure donc pas. C’est pour toutes ces raisons que la CSTB réserve à nouveau sa signature de la charte mais reste disponible à toutes négociations pour la satisfaction des revendications des travailleurs. »

Nous publiions cette déclaration il y a de cela un(01) mois. Alors, qu’est-ce qui a changé depuis le 29 juillet 2016 jusqu’ à ce jour dans la satisfaction des revendications des travailleurs pour qu’on nous invite à signer la charte le mardi 30 août 2016 ? Rien. Il est vrai que, le 22 août 2016, le chef de l’Etat, a reçu au Palais de la république les Secrétaires Généraux des Confédérations Syndicales. La CSTB a encore saisi cette occasion pour présenter au Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du gouvernement, les préoccupations de la jeunesse et des travailleurs, et ceci, dans une déclaration écrite à lui remise. Jusqu’à ce jour, nous n’avons reçu aucune suite et les préoccupations urgentes évoquées n’ont reçu aucun début de satisfaction.

Au contraire, les actes que pose le gouvernement commencent par inquiéter les travailleurs et le peuple.

Cela étant, nous rappelons que la CSTB s’est battue avec le peuple et a appelé ouvertement à voter pour le président Patrice Talon. Donc nous n’avons, en principe, rien contre ce gouvernement. Mais nous devons suivre les actes qu’il pose au quotidien pour nous assurer de la satisfaction des revendications de la jeunesse, des travailleurs et des peuples.

La CSTB n’arrive pas à comprendre les raisons qui motivent la signature précipitée d’une charte de dialogue social alors que depuis son arrivée, le gouvernement n’a encore organisé aucune séance de négociations pour que les travailleurs puissent tester et apprécier sa bonne foi dans la volonté d’écoute et de satisfaction de leurs revendications. A-t-on besoin de signer une charte nationale du dialogue social avant de faire fonctionner les diverses structures de dialogue social qui existent déjà dans le pays au sein des ministères sectoriels et au niveau national ? La CSTB et les travailleurs pensent que non. Comment peut on demander aux représentants des travailleurs de signer une charte nationale de dialogue social avec le gouvernement pendant que :

– Les libertés démocratiques sont dangereusement remises en cause avec les créations des lignes rouges ; les étudiants sont sauvagement réprimés dans la rue et au campus d’Abomey- Calavi ;

– Des travailleurs de différents ministères notamment de la justice, du développement rural, de la santé, des finances, de l’éducation, de l’intérieur, etc., revendiquent chaque jour, sans succès, la résolution de leurs problèmes professionnels ;

– Des agents de police sont en tôle pour avoir osé poser leurs problèmes par écrit au Président du gouvernement du nouveau départ alors qu’ils bénéficient, en tant que paramilitaires, comme les douaniers et les agents des eaux et forêts, des libertés syndicales prévues par la loi ;

– Il y a des menaces de perte d’emploi par la suppression de la SONAPRA, de l’ONS, de l’ONASA qui sont, pourtant, des structures étatiques très importantes qui on fait historiquement leur preuve dans la sphère de la production agricole de notre pays ;

– Les étudiants, les parents et tout le peuple, attendent impatiemment, l’implication du gouvernement pour une issue heureuse de la crise de l’UA C qui perdure ;

– Des reformes sont opérées dans des secteurs sensibles de l’administration sans associer les travailleurs et d’autres acteurs de prou ;

– Les travailleurs du secteur privé sont brimés parce que, victimes de l’absence des textes qui devraient les protéger : un tribunal de prud’homme est indispensable à l’instar du tribunal de commerce ;

– Les représentants de la CSTB n’ont toujours pas été intégrés au CES, 5e mandature ;

– Bref, la liste est longue.

La CSTB estime, conformément à la volonté des travailleurs, que la priorité pour le gouvernement devrait être la satisfaction de leurs revendications et non la signature d’une charte de dialogue social. Alors, la CSTB, n’étant pas rassurée, continue de réserver pour le moment sa signature tout en étant disponible aux diverses séances de négociations et de concertations en vue de la résolution des problèmes de la jeunesse, des travailleurs et du peuple.

Le Secrétaire Général Confédéral
Paul Essè IKO.

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