Gestion des crises : Talon se démarque de Yayi

Par son naturel et grandeur d’esprit, le président Patrice Talon montre une autre façon de gérer les tensions sociales dans notre pays. C’est la preuve de propos tenus lundi dernier lors de l’entretien télévisé sur la question de la marche des étudiants réprimée par la police.

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Il était attendu sur le sujet. Mais, il a subtilement servi une réponse diplomatique que personne ne s’imaginait sur la question de la marche des étudiants qui a été réprimée la semaine dernière. Le président Patrice Talon a su trouver les mots, si l’on peut l’affirmer ainsi, pour non seulement calmer les ardeurs, mais aussi apaiser la tension après les événements malheureux survenus au cours de cette marche. C’est un secret de polichinelle que la marche des étudiants de la Faculté des lettres, arts et sciences humaines (Flash) de l’université d’Abomey-Calavi a été violement réprimée par la police aux ordres du préfet du Littoral. « Je me désole des sévices corporels subis par les étudiants », a déclaré le président Talon lors de l’entretien télévisé ce lundi 1er août.

Naturellement, certains n’ont été déçus de cette réponse du président. Mais ce qui retient notre attention ici, c’est la suite de la réponse du président de la République : « Je présente mes excuses aux étudiants (….) », même s’il affirme plus tard que « marcher devant la résidence d’un président en exercice ne se fait pas (lire ici) ». Ce bout de phrase aussi simple qu’il parait, est chargé de sens et en dit  long sur la marque Patrice Talon.

Premier élément de justification. Le bel exemple de Talon ; ce n’est pas gagné d’avance que le président de la République puisse s’exprimer de cette manière sur ce sujet quand l’on sait que dans l’opinion, l’ego et le caractère arrogant de son protégé (Modeste Toboula, préfet de Littoral) ont été décriés. Jouant le rôle du papa affecté et sensible aux blessures, dégâts causés du fait de cette répression policière, Patrice Talon a fait montre d’un caractère d’un homme d’Etat soucieux   de la quiétude de son peuple. Ceci est un signal fort du chef de l’Etat à l’endroit des responsables des structures à divers niveaux pour la culture de la paix.

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Deuxième élément de justification. La preuve de l’humilité, d’esprit de grandeur et de simplicité du président Talon. « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le plus fort, s’il ne transforme sa force en droit et son obéissance en devoir », nous enseigne Jean-Jacques Rousseau. Le président Talon a bien compris cette leçon. Malgré tous les pouvoirs que lui confère l’Etat, Patrice Talon a fait montre de la « petitesse de sa personne ». En prononçant « je m’excuse… », le président de la République a vu au-delà de sa propre personne  et démontre non seulement son engagement d’être à l’écoute de son peuple mais aussi sa capacité à être attaché à ce dernier. Par ailleurs, cela ne lui enlève rien de son statut de président de la République. De ce fait, le président Talon se démarque de son prédécesseur.

Pas comme Yayi !

Connu pour son caractère intransigeant qui prime sur tout, l’ancien chef de l’Etat, Boni Yayi a au cours de ses deux mandats (2006-2016) montré  à la moindre occasion qu’il était le plus fort au Bénin après Dieu. On se rappelle encore la fameuse séquence : « Ils sont tous dans mes mains. Au moment venu, je vais bondir, je bondirai » ou encore « Ils sont gonflés, très gonflés même. On me demande de présenter des excuses publiques (….). Je suis élu conformément aux textes de la République. Où est passé le respect des institutions (….) ». Tout ceci a, d’une façon ou une autre, alimenté des tensions sociales et porté un coup  à l’instauration d’un dialogue social fiable, franc et apaisé au Bénin. Mais contrairement à Boni Yayi, l’actuel locataire de la Marina fait l’option d’apaisement des tensions grâce à une formule naturelle et simple : l’humilité.

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