Déjà étiqueté comme l’un des plus chers de la sous-région, le port de Cotonou vient d’être frappé par un autre coup défavorable. Maersk Line et Cma Cgm, deux armements desservant ce port ont pris les 11 et 20 juillet la décision cavalière d’augmenter le montant du fret par l’application de la charge Thc. Mais en dépit de la contestation de cette décision par les commissaires agréées en douane, la Dg/port et le ministre des infrastructures et des transports, Maersk Line et Cma Cgm tentent toujours t’imposer leur décision.
Depuis plusieurs mois déjà, le port de Cotonou connaît une baisse de régime très sévère. Celle-ci résulte de la conjonction de la conjoncture économique actuelle, de la chute du Naïra (la monnaie nigériane) et de l’inflation des faux frais qui ont fait grimper de façon vertigineuse les prix des diverses prestations. Le port peinant à reconquérir sa clientèle dont une bonne frange s’est évaporée vers les ports des pays limitrophes. Mais comme si un malheur n’arrive jamais seul, le 11 juillet 2016, Maersk Line, un armement danois opérant sur la plateforme portuaire, sort une note dans laquelle il informe ses clients de la création d’une nouvelle charge dénommée Terminal handing charge applicable à tout chargement embarqué à partir du 15 août. « Considérant les réalités actuelles du marché, Maersk Line est contrait d’introduire une nouvelle charge pour les frais de Thc pour tous les conteneurs à l’import et à l’export », informe la société qui donne comme raison l’augmentation des frais de manutention des conteneurs. Dans la même note d’information, Maersk Line affirme que par le passé, c’est elle-même qui prenait à son compte ces frais à la place de ses clients mais que « la détérioration continue des taux de fret l’oblige à refacturer les coûts liés aux différents intervenants de la chaine de transport. Désormais donc, les frais de Thc en import et export pour les conteneurs de 20 pieds sont de 100 euros alors que celui de 40 pieds est de 145euros. Le 20 juillet, l’autre armement, Cma Cgm apporte l’estocade. « Suite à notre publication du 7 juillet 2016 concernant la mise en place d’une Thc au Bénin, et afin de tenir compte de la demande de nos clients malgré le niveau élevé des coûts opérationnels à Cotonou, Cma Cgm a décidé de réviser le montant applicable aux Reefers en l’alignant sur le montant applicable aux conteneurs Dry », annonce Cma Cgm de façon unilatérale. Pour elle, les conteneurs Dry et Reefer de 20 pieds à 95 euros et ceux de 40 pieds à 135 euros.
Stupéfaction et contestation
Stupéfaits par cette décision, les acteurs portuaires se mobilisent pour dire non à ces deux armements. Le 27 juillet, les présidents des quatre associations et unions des commissionnaires agréés en douane que sont l’Ucdtab, l’Acad, l’Utamcoraf et Syntram envoient un courrier aux Dg des deux armements pour rejeter, au nom de leurs clients, ces nouveaux prix. «ils rejettent catégoriquement toute velléité d’application de supplément de fret (Thc) au port de Cotonou » et demandent aux deux sociétés de se conformer au règlement et de faire recours à l’autorité portuaire pour fixer ce prix. Trois raisons fondent leur décision. Primo, « les marchandises à destination et au départ du port de Cotonou sont pour la plupart en termes de vente Cif à l’import et Fob à l’export et par ricochet nos clients nous informent que les frets dans les deux sens ne sont pas négociables, ni payables à Cotonou et de ce fait le supplément de fret Thc que vous réclamez ne les concerne pas ». Secundo, « le paiement du fret aux compagnies maritimes se fait sur la base du contrat de ligne Cy/Cy ce qui signifie que les charges liées au chargement et au déchargement du navire y sont incluses ». Enfin tertio, « nos clients à l’import comme à l’export vous informent qu’ils ont toujours été absents des négociations de fret entre leurs partenaires et les lignes maritimes et ne sont pas prêts à changer la règle du jeu pour payer un supplément de fret à Cotonou ».
Bonne nouvelle pour eux, le 12 août, la Directrice générale du Port autonome de Cotonou Mme Amélie Huguette Amoussou Kpeto envoie un courrier aux Dgs Maersk Line et Cma Cgm et leurs demande de « surseoir à cette décision et d’engager des négociations avec les commissionnaires en douane pour trouver une solution consensuelle. Le 26 août, le ministre des infrastructures Hervé Hêhomey écrit lui-même à ses deux armements pour la même cause. « En attendant les conclusions du comité technique mis sur pied à l’issue de la séance de travail tenue le 25 août 2016, la perception du supplément de fret Thc au port de Cotonou par les lignes desservant le port de Cotonou est suspendue », affirme le ministre.
Entêtement
Nonobstant cela, les deux armements n’ont pas daigné respecter les décisions prises par l’autorité portuaire et son ministre de tutelle. Dans un premier temps, ils ont semblé donner une réponse positive en disant « oui » à leurs clients mais au dernier moment, ils reviennent encore sur leurs décisions et décident d’appliquer les nouveaux tarifs. Consternation encore au port. Hier 07 septembre, le ministre des infrastructures, par délégation de pouvoir de son Dc, somme les deux armements de respecter la décision de suspension jusqu’à nouvel ordre et de retourner les frais perçus auprès de leurs clients. Aux ports de Lomé et d’Accra, les Dg avaient aussi pris la décision de demander aux mêmes armements de surseoir à la perception de cette taxe en attendant l’aboutissement des négociations. Pourtant, ils s’évertuent à imposer au port de Cotonou des tarifs qu’ils n’arrivent pas à imposer ailleurs, aggravant du coup la situation indésirable du port de Cotonou qui risque ainsi de perdre le peu de clients qui continuent de lui faire confiance
Laisser un commentaire