La vaillance des femmes africaines célébrée dans des sculptures de masques Guêlèdè

La Femme, sexe faible ! Des sculptures de masque Guêlèdè démontrent tout le contraire d’un stéréotype décidément machiste. Œuvres du sculpteur béninois Eloi Lokossou, ce sont deux sculptures de masques Guêlèdè distinguées parmi une multitude que le sculpteur et son confrère Lassissi Dossou ont exposé  à la galerie de l’Institut français du Bénin lors d’une exposition ayant pris fin ce mercredi 28 septembre.

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L’une des deux œuvres disposées au fond  de la salle près de la glace de séparation avec la bibliothèque, est particulièrement illustrative de la vaillance de la femme africaine.

Comme dans une « Si longue lettre »

L’œuvre en question est une pièce à trois étages d’une esthétique artistique déconcertante. Au premier palier du masque, Eloi Lokossou a sculpté une tête de  femme étonnement belle malgré trois triplets de larges cicatrices sur un visage désarçonnant avec des yeux largement ouverts sous lesquels s’interposent un nez épaté  et des lèvres soigneusement couvertes de rouge. A ce niveau, l’artiste semble avoir fait l’option de livrer au public l’image d’une femme africaine qui sait afficher sa beauté en respect des codes de sa tradition sans verser dans la provocation dommageable à sa dignité. Et puisque dans les sociétés africaines, beauté n’est pas synonyme de fainéantise, sur cette tête resplendissante, se trouve un coussinet servant à porter la charge du second palier. C’est l’image, de « la femme, racine première, fondamentale de la nation, où se greffe tout apport, d’où part aussi toute floraison » comme l’indique Mariama Ba, dans « Une si longue lettre ». Sur ce second palier de l’œuvre, en effet, Eloi Lokossou révèle davantage le poids de la femme africaine qui littéralement porte plus de charges dans la société que l’homme à qui elle doit pourtant respect comme l’enseigne  les traditions béninoises ou africaines et les Saintes écritures. On y voit un couple et ses trois enfants. Pendant que le mince homme est assis à même le sol jouant avec un enfant, la femme, élégamment sculptée dans une dimension plus grande et assise sur un tabouret allaite un  enfant avec le troisième noué au dos. L’élégante créature  qui assume pleinement son rôle de femme et de véritable mère, porte aussi sur sa tête une charge pas les moindres.  Sur sa tête, une grosse calebasse finement sculpté au-dessus duquel Eloi Lokossou pose deux élèves, une fille et un garçon  en tenue kaki. Cette charge complexe de calebasse et d’élèves sur la tête d’une femme, illustre éloquemment l’assertion selon laquelle la femme est la garante de la bonne éducation des enfants en dépit de l’autorité du père dans les sociétés patriarcales.  Somme toute, l’œuvre rayonnante de ses couleurs montre toute la grande ampleur de la vaillance de  la femme africaine. Pour l’observateur averti, le beau mélange chromatique dans une œuvre qui célèbre la femme est l’expression de ce que la vie doit son goût suave aux descendantes d’Eve.

Des stéréotypes à briser

En effet, Eloi Lokossou, par cette œuvre montre au monde comment la société africaine donne plein pouvoir à la femme sans avoir eu besoin d’hypothétiques conventions ou lois élaborées à des fins inavouées. Certes, des féministes indécrottables peuvent analyser l’œuvre comme un machisme confinant la femme dans des responsabilités ménagères. Seulement, on ne peut s’empêcher de reconnaître dans l’œuvre d’Eloi Lokossou, l’aveu d’un homme admiratif de la vaillante femme africaine.

Un chef-d’œuvre sculptural

Au-delà de la défense d’une cause féminine, cette œuvre et l’ensemble de ce qui a été exposé révèlent au public l’immensité du talent d’Eloi Lokossou, fils d’un père orfèvre de Covè dans le département du Zou.  Pour une sculpture taillée dans du bois, la complexité des formes réalisées dépasse la possibilité d’un artiste ordinaire.  « C’est extraordinaire » s’est exclamé un père de famille venu visiter l’exposition en compagnie de son fils émerveillé par les œuvres de Eloi Lokossou.  Impossible de ne pas se demander « comment Eloi réalise ses œuvres ? ».  A cette question répond une affiche renseignant sur l’artiste.  On y lit, « Masques Guêlèdè, sculptures colorées ou brutes, enchevêtrement de personnages et d’animaux… Il sculpte la stère de bois brut, progressivement vers l’intérieur, les figures au centre étant bien sûr les plus difficiles à réaliser ».  Avec l’artiste,  apprend-on, le travail peut  durer des semaines suivant l’importance de la pièce

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