Gabon : équation difficile pour l’Union africaine

L’Union africaine à nouveau face à l’histoire. La  grande institution politique du continent africain est interpellée par la situation critique au Gabon depuis la proclamation de la victoire controversée  du Président Ali Bongo Ondimba à la présidentielle du 27 août.

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Le Président Idriss Deby a annoncé l’envoi d’une délégation de Chefs d’Etats africains à Libreville (a lire ici) dans les prochains jours pour  amener les camps rivaux de l’opposant Jean Ping et du Président Ali Bongo à trouver une issue pacifique à la crise post-électorale qui s’installe dans le pays. 

« Le Président en exercice de l’Union réitère l’engagement et la disponibilité de l’UA, ainsi que des pays de la région, à aider les parties prenantes gabonaises à régler leurs divergences par des moyens pacifiques en vue de préserver la paix et  la stabilité au Gabon et dans son voisinage » a annoncé lundi la présidence de l’Ua dans un communiqué.

Une initiative qui reçoit l’adhésion du régime Bongo. Le porte-parole du gouvernement gabonais, Alain-Claude Bilie-By-Nze a annoncé mardi que le Président Bongo accepte l’arrivée à Libreville d’émissaires de l’Union africaine et confirmé que le Président Deby a eu un entretien téléphonique avec son homologue gabonais.

Qui pour aller à Libreville ?

L’envoi d’une délégation étant admis, il reste à savoir qui envoyer à Libreville. L’Union africaine critiquée comme étant un syndicat de chefs d’Etats, l’initiative ne semble pas donner beaucoup d’espoir. On pourrait y voir une tentative vouée à l’échec. Et ce n’est pas sans raison. Difficile de trouver dans la sous-région Afrique centrale, des chefs d’Etats pouvant porter une médiation fructueuse au Gabon. Pour cause, ils sont pour la plupart, des Présidents estampillés « à problème ». En ce qui concerne les poids lourds de la sous-région, que ce soit le Tchadien Idriss Deby lui-même ou Paul Biya, le Camerounais, ou les deux Congolais Sassou Nguesso et Joseph Kabila, ils n’ont pas de  toge de démocrate à arborer pour se rendre à Libreville. Jean Ping, ancien Président de la Commission de l’Union africaine sait de quoi sont capables ses anciens chefs. On ne parlerait pas d’eux à leur homologue Ali Bongo. Le Centrafricain plus jeune élu n’a pas de quoi aller jouer à la médiation. Ne pouvant pas compter sur les voisins immédiats d’Ali Bongo, l’Union africaine se retrouverait dans l’obligation de faire recours à des chefs d’Etats d’un autre ensemble sous régional comme la Cedeao. En Afrique de l’Ouest les options sont aussi limitées. Ni l’Ivoirien Alassane Ouattara, ni le Guinéen Alpha Condé ou le Nigérien Issifou n’est apte à conduire la médiation. Il y a cependant l’option du Ghanéen qui a lui aussi une échéance électorale en décembre. Reste la porte des pays du Maghreb. Et ce n’est pas gagné d’avance. De l’autre côté au Sud du contient, le sud-africain Jacob Zuma n’a pas encore fini de gérer ses débâcles électorales. Et au cas où une médiation quelconque sera mise en œuvre, arrivera-t-elle à décrocher le recomptage des voix avec Ali Bongo.

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