« Déby reste pour nous un président illégal et illégitime » Saleh Kebzabo

Le 08 août dernier, Idriss Déby a prêté serment au Tchad pour la ènième fois. Mais son élection a été entachée de plusieurs irrégularités. En visite au Bénin, le chef de fil de l’opposition tchadienne Saleh Kebzabo a dénoncé ce coup d’état électoral et appelé au dialogue inclusif pour sortir le pays de la crise politique et économique qu’il traverse.

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Arrivé à Cotonou pour une visite-éclair après les étapes sénégalaise et malienne, Saleh Kebzabo a rencontré vendredi soir  la presse béninoise dans un hôtel de la place pour lui exposer entre autres  la situation désastreuse qui prévaut dans son pays. « J’ai comme l’impression que beaucoup de personnes ici n’ont pas une bonne lecture de la situation au Tchad », a-t-il dit pour planter le décor. Revenant sur les objectifs de sa visite, il affirme être en tournée dans ces trois pays de l’Afrique de l’Ouest où la démocratie semble réussir vaille que vaille pour attirer plus l’attention sur son pays.  En effet, dit-il, la dernière élection dans son pays a été entachée de graves irrégularités. Selon un accord politique de 2007, les forces politiques ont décidé d’opter pour la parité au sein de la Céni chargée de l’organisation des élections, la fixation du nombre d’électeurs par bureau de vote, la présence des représentants des partis politiques dans les bureaux de vote et l’introduction de la biométrie pour limiter les votes multiples. Mais Idriss Déby s’est montré réticent à toutes innovations qu’il a longtemps rejetées avant de ne les accepter que du bout des lèvres en  2015. Mais,  dans l’application, rien ne s’est déroulé comme souhaité. « Déby a louvoyé avec  la biométrie qui n’a plus servi à grand chose », s’offusque Kebzabo qui ajoute qu’il a tracé une ligne au dessus de N’Djamena au- dessus duquel toutes les douze régions qui s’y trouvent ont été déclarées « zone rouge » pour les opposants. C’est dans cette zone qu’il a fait un score écrasant de 90%. Plus grave, la Céni a donné les résultats très tardivement. La veille de cette proclamation, précise-t-il, sur ordre de Déby , des tirs à l’arme lourde ont été entendus dans tout le pays. Histoire pour Déby de dissuader toute velléité de contestation des populations. Saleh Kebzabo affirme que les trois autres candidats ont fait près de 70% des suffrages et qu’il n’est pas possible que Déby fasse un K.O. Au contraire.

« J’arrive en tête de l’élection avec près de 33% des suffrages. Ces résultats sont vrais et n’ont jamais été contestés. Déby reste pour nous un président illégal et illégitime et nous le combattrons jusqu’à ce qu’il quitte le pouvoir», a affirmé Saleh Kebzabo.

Un pays en panne

Depuis, affirme l’opposant tchadien, plus rien ne marche dans le pays. L’Etat paie les salaires avec un mois de retard, les instituteurs communautaires traînent 26 mois d’arriérés de salaire, la situation économique est désastreuse. Le délestage fait partie du lot quotidien des populations et la plupart des jeunes sont au chômage sauf les enfants de Déby qui dirigent l’armée et sont tous des généraux dont certains ont à peine trente ans. Le pays manque cruellement d’infrastructures et les populations n’ont pas d’eau potable, même à N’Djamena. Déby se cache sous la notoriété supposée de l’armée à l’internationale pour se faire absoudre pour ses gaffes. C’est pourquoi les trois opposants candidats à la présidentielle exigent la tenue des assises pour instaurer un dialogue inclusif, afin de sortir le Tchad de l’ornière. « L’Afrique centrale vit la situation que les pays de l’Afrique de l’ouest ont vécue il y a 35 ans. La situation politique au Tchad, est plus critique que celle qui prévaut au Gabon», a-t-il déploré avant d’inviter la communauté internationale à s’intéresser à la situation au Tchad

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