Les banques contribuent à l’aggravation de la pauvreté chez nous

Le financement de la culture peine à être une réalité au Bénin. Pourtant, la richesse culturelle béninoise ‘’est sa meilleure chance’’ selon Ousmane Alédji, entrepreneur culturel, Directeur Général et fondateur du centre Culturel ArtisttikAfrica. Monsieur ALEDJI évoque dans cet entretien les causes de cette situation et fait des propositions pour que ce secteur attire désormais les opérateurs économiques et des mécènes.

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On dit souvent que le Bénin a d’énormes potentiels culturels et touristiques, pourtant ces deux secteurs ont du mal à attirer les investisseurs. En tant qu’acteur culturel béninois, comment expliquez-vous ce paradoxe ?

C’est vrai que la culture béninoise est dense et extrêmement riche. Elle a du mal à attirer des investisseurs pour plusieurs. Nous avons un environnement juridique, économique et socioprofessionnel peut incitatif. Il faut mettre en place un régime fiscal particulier au profit des acteurs et des entreprises œuvrant dans ce secteur. Des modèles existent, nous pouvons nous en inspirer. Au plan économique par exemple, nous pouvons opérer par détaxation des entreprises mécènes à la hauteur de leurs investissements dans le secteur culturel.

C’est vite dit ?

Vous me posez une question et je vous réponds avec des propositions concrètes. L’Etat évoque souvent l’indisponibilité de ressources pour se justifier. Avec une loi ou un décret sur le mécénat, ce problème est réglé.

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Êtes-vous certain que vous ne surestimez pas l’impact d’une loi sur le développement culturel de notre pays.

C’est possible. Essayons d’abord. Il faut aussi déplorer le manque d’audace de nos opérateurs économiques et financiers. Ceux qui ont les moyens d’investir dans ce secteur ne sont pas informés donc ne mesurent pas à sa juste mesure le potentiel économique du secteur culturel.

Pourquoi ?

Manque d’intérêt et préjugés. Ecoutez, selon un rapport récent publié conjointement par les ministères français de la culture et celui de l’économie, la culture contribue à hauteur de 57,8 milliards d’euros par an au PIB français. Valeur ajoutée directe, c’est à dire, du seul fait des activités culturelles. Ce qui équivaut, si j’en crois la ministre française de la culture d’alors à 3,2% du PIB de la France, et sept fois la valeur ajoutée de l’industrie automobile en France. Ces chiffres sont basés sur les calculs de l’Insee. On me dira que comparaison n’est pas raison. Toutes proportions gardées, je réponds que nous sommes capables d’obtenir les mêmes résultats au Bénin si nous nous prenons au sérieux.

Ce n’est pas le cas ?

Nous devons arriver à faire comprendre à nos dirigeants, comme à nos opérateurs économiques et financiers que l’artiste est un produit marchand rentable mais aussi une vitrine et un véhicule sur lesquels ils se doivent de coller leur image. Un Artiste qui accède au marché international sans un label de son pays d’origine, est un manque à gagner pour le pays, un gâchis. Je veux dire qu’investir dans le secteur culturel n’est pas une perte d’argent encore moins un acte de générosité, c’est se positionner sur le marché national et international. C’est ce que je mets dans se prendre au sérieux.

Nous avons des entreprises florissantes et de grosses fortunes dans le pays?

Je pense. Il y a des gens dans ce pays qui sont riches au point de ne plus se rappeler le nombre de maison qu’ils ont. D’autres construisent des immeubles de cinq étages et les décorent avec des fleurs en plastic à l’intérieur et des carreaux de toilettes pour la clôture et la façade. Ce qui manque dans ce pays c’est la culture du goût. Des bourgeois avec la culture du goût dépenseront moins et feront travailler des créateurs de chez nous. Il y a très peu de gens qui comprennent qu’acheter une œuvre, c’est investir. L’œuvre prend de la valeur avec le temps et l’acheteur peut la revendre à un montant équivalent à 100 fois voire 500 fois la valeur initiale.

S’agissant de l’environnement socioprofessionnel ?

Le secteur n’est pas encore entièrement professionnalisé au Bénin. Le mécanisme à trois ponts : formation, production et diffusion, n’est pas en place.

A quoi cela est dû ?

Cela a un coût. Il n’y a pas de cadre de formation. La production elle, existe par résistance, se fait plus ou moins grâce notamment à la culture de la débrouille. Au niveau de la diffusion, il faut des infrastructures susceptibles d’accueillir la création et le public. Les infrastructures de qualité permettent la ritualisation. C’est à dire que grâce aux infrastructures les artistes créent régulièrement et de ce fait, inventent un public, le forme et le fidélise. Voilà les incontournables! Vous remarquerez qu’ils ne sont pas en place dans notre pays. Au final, le secteur culturel béninois est peu structuré.

Cela explique-t-il selon vous le désintérêt des investisseurs pour un secteur que l’on dit pourtant vital pour notre économie et même pour le développement du pays ?

En partie. Vous conviendrez avec moi que ce qui n’est pas structuré n’est pas de nature à rassurer les gens. C’est donc normal qu’il n’attire pas de nombreux investisseurs ou que les gens y viennent dans un élan de générosité et la générosité est une réponse éphémère à un appel au secours. Elle est précieuse mais n’est pas pérenne parce que ne relevant pas d’un droit ni d’un devoir. C’est une faveur.

Est-ce à dire que le Bénin ne dispose pas d’une politique culturelle digne du nom ?

Je sais qu’il y a un projet de politique culturelle qui a été élaboré sur instruction du ministre GaliouSoglo à qui je dis bravo de l’avoir commencée. C’est un chantier qui reste à être mené à terme parce que, de l’avis de tous, il a été fait à la va vite.

Que peut-on faire pour corriger le tir ?

Il faudrait que l’Etat prenne ses responsabilités. Les préalables sont simples: une politique culturelle digne du nom, ensuite des ressources humaines et financières pour son application.

Nous constatons également que les artistes et les promoteurs d’événements culturels ont du mal à s’en sortir, sauf ceux qui savent quémander. Comment expliquez-vous cette situation ?

Vous êtes sévère. Je pense que cette situation est due à deux problèmes essentiels. Reconnaissons-le, dans une large mesure, la qualité des productions laisse à désirer. Ce qui fait que l’investisseur potentiel reste méfiant vis-à-vis du produit culturel. De l’autre côté, les annonceurs et sponsors raisonnent en terme de générosité. Vous les entendrez dire: « on va les aider; il faut les aider » C’est une erreur. Si un créateur accède aux marchés internationaux, les entreprises dont il porte le label y accèdent aussi. Les sponsors et mécènes devraient donc raisonner en terme de partenaires et non comme des bienfaiteurs. Raisonner de cette façon, c’est clochardiser l’acte créateur. Un artiste ne doit pas être perçu comme un mendiant mais une vitrine, une chance. Notre drame c’est que dans notre pays, comme dans d’autres en Afrique, ce sont les artistes eux mêmes qui vont vers les gens la tête basse parce que dans leur esprit, ils y vont pour quémander. Si l’artiste lui-même n’est pas suffisamment convaincu de ce qu’il vaut comment peut-il se vendre ?

Est-ce à dire qu’il n’y a pas des textes dans ce domaine pour inciter les entreprises à soutenir ou à accompagner les artistes ?

Malheureusement il n’y a pas de texte dans ce domaine au Bénin. On devrait le faire car cela soulagerait l’Etat de plusieurs charges et sollicitations auxquelles il n’est visiblement pas capable de répondre. La prise d’une loi dans ce sens est une urgence.

Comment cette loi peut elle profiter aux artistes ?

Si une loi était prise cela encouragerait le mécénat d’entreprise contre des détaxes. Cela inciterait les entreprises à aller vers les artistes et les artistes, vers les entreprises. Ce faisant le secteur culturel se développera en développant aussi le secteur des entreprises. L’autre problème, non moins négligeable est que le Bénin ne dispose pas de tissu industriel digne du nom. Le label Made in Benin n’existe quasiment pas. Si on avait un tissu industriel conséquent au Bénin nos médias et nos artistes seraient mieux logés. Donc, les artistes souffrent de ce manque d’opérateurs économiques et de sociétés à fortes demandes de communication et de publicité. Du coup, tout est réduit à quelques deux ou trois sociétés difficiles d’accès et snobes parce qu’elles se savent seules.

Pourquoi les opérateurs culturels ne sollicitent-ils pas les banques pour leurs projets?

Parce que vous croyez que nous avons des banques au Bénin ? Nous avons surtout des caisses de dépôt. Ailleurs, les banques vous poussent à vous endetter. Tout le monde est endetté ailleurs, étudiants et patrons d’entreprises. Chez nous, nos banques vous demandent d’étaler votre vie, elles vous demandent des garanties, elles vous demandent des avaliseurs et quand vous finissez de les produire, elles vous tournent en rond pendant des mois, voire des années. Faites le tour du Bénin pour voir si vous trouverez deux entrepreneurs culturels ayant déjà bénéficié de crédit bancaire, deux… j’ai dit deux pas trois, deux. Si vous en trouvez faites les parler. Si notre système financier était souverain j’aurais conseillé à l’état de créer des banques culturelles comme il y a des banques agricoles et des banques de l’habitat. Bref ! Il n’y a aucune place pour les projets culturels dans nos banques. Croyez-moi, je sais de quoi je parle. Pour certains banquiers de chez nous, le mot culture est une incantation. Il faut le leur répéter vingt fois pour qu’ils l’entendent. Mais encore, il faut prier pour que quand vous sortez de leurs bureaux ils ne jettent pas votre dossier à la poubelle. Peut-être ne suis-je pas encore tombé sur la bonne. Mais croyez-moi, j’ai fait le tour. Excepté les institutions financières régionales qui sont sous une tutelle politique, nos banques n’ont aucune considération pour la culture.

Est-ce à dire que pour ces banques commerciales, la notion d’industrie culturelle est un leurre ?

Ont-elles seulement conscience de leurs carences ? Vous savez, l’ignorance est pire que la folie. Elle est partout et dans le même temps, extrêmement difficile à identifier. C’est comme déraciner une montagne. Certains banquiers sont des relais très inspirés des mépris et clichés néfastes. Du genre: Les artistes ne sont pas des gens sérieux… Ils vont prendre des crédits pour se droguer avec… Tout simplement affligeant. Ils ne veulent même pas étudier les dossiers. La question est: ont-ils seulement les compétences requises pour examiner un projet culturel? Actualisent-ils leur formation ? Je ne pense pas. J’invite les patrons de nos banques à se pencher sérieusement sur la question.

C’est normal qu’une banque ne bouge que sur la base d’une garantie de rentabilité du projet qu’elle finance.

Oui et non. Il me semble que la non satisfaction des conditions émises par la banque ne doit pas entrainer de facto le blocage du projet. Parce qu’aucune entreprise ne dure si elle n’est rentable. Alors que tout entrepreneur veut que son entreprise soit pérenne. Non, parce que la rentabilité financière n’est pas toujours la finalité. Une banque est d’abord une partenaire qui travaille avec ses clients pour les amener à développer leurs activités en vu de faire des profits. Tout est question de cheminement. Les banques doivent peser plus que l’Etat dans l’instauration d’un environnement économique dynamique par leurs capacités à accompagner les entreprises. C’est ce qui se fait ailleurs. Une banque est aussi un cabinet conseils, une partenaire et une assistante. Nous n’avons pas de tissu industriel dans ce pays parce que nos banques se limitent à collecter nos épargnes et à accorder des crédits aux petits commerces, aux établissements d’import – export. L’occident est entrain de sortir de la crise grâce aux banques. Tout le monde sait que plus il y a d’entreprises dans un pays, moins de chômage il y a, moins de tensions sociales il y a, mieux le pays se porte. La santé d’un pays au plan économique et social dépend en grande partie de la qualité des banques qui y opèrent.

Ces banques ne veulent pas prendre de risque.

Alors elles ne méritent pas leur statut de banques. Ce sont des caisses de dépôt, des caisses d’épargne. Il y a des banques marocaines, nigérianes, sud-africaines etc… qui s’installent partout. Elles refusent de venir au Bénin parce qu’elles estiment que le marché béninois est déjà saturé. Il faut rappeler à l’ordre celles qui sont là et si elles n’entendent pas raison, les foutre dehors. C’est tout.

Vous pensez que l’Etat devrait les recarder.

Tout a fait ! Je crois même qu’elles savent ce qu’elles ont à faire. Ce sont toutes des banques internationales. Je dis ceci à leur décharge, elles manquent d’interlocuteurs crédibles et de qualité. Elles ne jouent pas leur rôle chez nous pour différentes raisons. La plus répandue d’entre ces raisons est que l’environnement des affaires au Bénin n’est pas sein. Cela, nous le déplorons tous. A ce niveau, oui, l’Etat a un rôle à jouer. Mais j’insiste: il n’est pas normal que les banques qui contribuent à la création de la richesse ailleurs contribuent à l’aggravation de la pauvreté chez nous.

Ces banques contribuent à l’aggravation de la pauvreté chez nous, dites-vous?

Absolument! Et je suis poli.

Expliquez nous ?

En refusant de jouer entièrement leur rôle, en refusant d’accorder des crédits aux entreprises ambitieuses, en collectant nos épargnes et en les sortant du pays, elles aggravent la pauvreté chez nous. Il faut le leur dire. Elles vont nous faire quoi? Allez voir combien elles paient nos compatriotes et combien elles paient leurs moustachus suédois blonds aux yeux verts. Le Bénin n’est pas un terrain d’expérimentation des méthodes et des théories apocalyptiques, un pays de non droits pour quelques privilégiés que ce soit. Il faut le leur dire. Il y a des règles chez nous, elles s’y soumettent ou on les fiche dehors. C’est tout. Ce pays nous appartient oui ou non? Alors pourquoi laisse-t-on tout le monde nous sucer?

Vous êtes en colère…?

Je ne suis pas le seul. Vous avalez ça, vous ? Faites un sondage dans le pays, vous verrez.

Et s’il n’y avait pas de règles?

Vous blaguez ? Le sujet est grave. Nous avons les meilleurs économistes de l’Afrique et ils vont laisser leur secteur sans règles ? Non. Sincèrement. Cela est inimaginable. Le béninois n’est pas laxiste à ce point là.

C’est une hypothèse…

Elle est impossible celle là. Ce que nous savons faire le mieux au Bénin, c’est écrire des textes.

Vous l’avez dit tantôt,  »l’environnement des affaires dans notre pays n’est pas sein ». Cela justifie la méfiance des banques vis à vis des projets culturels, vous ne pensez pas ?

Pas du tout ! Il ne s’agit pas de méfiance mais de « foutage de gueule », si vous me permettez cette expression! Nous ne devrions pas admettre pour normal un système d’appauvrissement de nos pays. Tout le monde peut brandir des prétextes pour ne pas jouer son rôle. On appelle cela de l’anarchie. Si rien n’est fait vous verrez dans deux ans dans quelle proportion le nombre de pauvres va augmenter au Bénin.

Vous croyez vraiment que les banques contribuent à l’appauvrissement de nos populations?

Je viens de vous le démontrer. Attention! Je ne dis pas que tous nos problèmes viennent des banques ou encore qu’elles sont à la base de nos misères. Je dis et j’insiste: elles ne jouent pas leur rôle. Elles sont toutes en surliquidité dans un pays où il n’y a quasiment pas d’industrie et où les petites et moyennes entreprises qui prospèrent sont essentiellement des commerces. Donc elles encouragent le bradage de nos marchés intérieurs au profit des industries du Nord. L’import-export est un gouffre pour un pays comme le nôtre parce qu’en dehors de la vente des produits agroalimentaires où nous résistons plus ou moins, ces commerces déversent sur nos marchés des tonnes ‘’de tout’’ à des prix imbattables. Cela asphyxie progressivement les acteurs nationaux. Bref! Je suis formel, ces banques avec leur mode de fonctionnement actuel nous ruinent. Il faut les discipliner et mettre dehors celles qui rusent avec nous.

Les mettre dehors peut causer des manques à gagner.

Pas du tout ! C’est un secteur libéral donc de compétition. Celles qui partiront seront replacées aussitôt. Il y a des demandes d’agrément qui traînent dans les tiroirs sous prétexte que le marché béninois est saturé. Puis, les plus professionnelles resteront parce qu’elles savent parfaitement de quoi on parle. J’ai le sentiment que c’est le manque de réaction de l’administration publique qui favorise cette pagaille. Il y a des banques qui sont installées chez nous depuis trente ans; allez leur demander leurs chiffres d’affaires annuels et combien d’industries elles ont contribué à mettre en place chez nous depuis qu’elles sont là. Demandez leur si elles en sont fières et où passent les gros bénéfices qu’elles font sur notre dos.

Les banques fonctionnent comme ça partout, non?

Non. C’est faux. Elles ne peuvent même pas se le permettre. Nos banques sont des banques tropicalisées. Allez sur le net. Comparez les taux d’intérêt qui sont appliqués chez nous et ceux appliqués en Europe; vous remarquerez que la distance entre les deux est infinie, que leurs modes de fonctionnement sont totalement différents.

Le contexte pèse aussi.

Sans doute ! Mais à quel point ? Pourquoi ces banques contribuent au développement ailleurs, à la réduction de la pauvreté ailleurs et à l’aggravation de la pauvreté chez nous ? Pourtant, pour la plupart d’entre elles, ce sont les mêmes qui sont propriétaires des banques en Europe qui sont propriétaires des banques au Sud. Elles se rachètent entre elles et se passent notre argent entre elles. Je pense que c’est surtout une question de responsabilité. Il faut les faire asseoir et les mettre devant leurs responsabilités et mettre dehors celles qui ne joueront pas le jeu. Sans la menace de la puissance publique, elles continueront à se nourrir de nos misères et à se foutre de notre gueule. C’est une injustice lamentable.

Responsabilité aussi de ceux qui les laissent faire… comment expliquez-vous cela, monsieur ALEDJI ?

Vous, vous voulez me faire dire des choses graves. Non. Restons dans le sujet. Je le dis et je le répèterai partout: les banques contribuent à l’aggravation de la pauvreté chez nous. Point.

Pour revenir justement au sujet principal de notre entretien, l’investissement dans la culture, qu’elles sont les chances pour que les banques reconsidèrent le secteur culturel comme étant un secteur d’activités viables et donc rentables?

Il faut d’abord les amener à étoffer leur personnel en spécialistes d’étude de projet culturel et après les mettre devant leurs responsabilités ; au besoin user de menaces, de mises en demeure et de sanctions. Pour tout vous dire, j’ai peur que cela soit perdu d’avance. C’est certain, en l’état, aucune chance ! Zéro chance! Aucune. Rien. Il ne faut rien espérer. C’est bouché.

Vous êtes dur ?

Réaliste. La bonne foi et les bonnes intentions ne remplacent pas des mécanismes archaïques dont le fonctionnement ne répond qu’à la logique du profit et de la garantie du profit. Hors, la culture a contre elle des préjugés néfastes vieux de quelques siècles. Et il n’y a pas que des banquiers qui répandent ces préjugés et ces clichés, nos autorités aussi.

Que faut il faire pour changer les choses, tout u moins les faire évoluer dans le bon sens ? Avez-vous des propositions à leur faire ?

Je viens d’en faire. Ecoutez, que des banques pensent à faire des bénéfices, oui. Cela est normal. Cela peut se comprendre. Mais ce n’est pas leur unique raison d’être. Admettre qu’elles rejettent entièrement le secteur culturel de leurs champs d’action sur la base des préjugés est inacceptable. Une banque digne du nom ne doit pas préjuger de la rentabilité ou non d’un projet culturel, elle doit l’attester. Et, elle ne peut le savoir que si elle compte parmi son personnel des spécialistes de ce domaine. Donc je recommande aux banques d’offrir des stages de recyclage à leurs agents. Un projet culturel, ce n’est pas de l’import-Export. Pour votre gouverne, l’industrie culturelle est la plus rentable du monde, devant celle des énergies, des armes, et de l’immobilier. Le cinéma seul brasse autant de milliards que les deux dernières. Le droit d’exploitation d’un film est de trente ans et le cinéma est la seule activité au monde qui brasse la quasi-totalité les métiers pratiqués par l’Homme. Un banquier qui ignore cela doit avoir l’humilité de s’informer et de se former et non de jeter les artistes et leurs dossiers. Ensuite nos autorités doivent contribuer à instaurer entre les acteurs culturels et les banques, un climat de confiance et de respect mutuel. Sans ces préalables nous n’avons aucune chance d’y arriver.

Réalisé par IsacYayi

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