Faux diagnostic, faux remèdes, pour de vrais problèmes!

Le conseil hebdomadaire des ministres du mercredi 06 octobre dernier, a pris la grave décision inédite depuis les premières années du régime Prpb de triste mémoire, d’interdire d’activités toutes les organisations estudiantines dites faitières opérant dans les quatre entités universitaires du pays.

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Cela, à en croire le ministre d’état, secrétaire général à la présidence, jusqu’à la prise d’un décret règlementant leurs activités.il s’agit, ni plus ni moins, d’une dissolution qui ne dit pas son nom, en dépit des dénégations de circonstance du ministre commis à la tâche ô combien ingrate des compte rendus de conseil des ministres. Dénégations reprises en chœur par les « rupturiens » purs et durs et les nouveaux séides qui considèrent aujourd’hui la presse comme des chiens aboyeurs qui n’empêchent pas la caravane de passer. Car dans les faits, une interdiction d’activités équivaut à une absence de vie, tant il est vrai qu’une association ou tout groupement humain ne vit que par ses activités. Pour justifier cette reprise en main qui a tout l’air d’une opération ‘’ coup de poing’’, le gouvernement réuni en conseil des ministres évoque deux résultats d’enquêtes administratives : les unes sur les cas de violence et d’actes de vandalisme survenus sur le campus et les autres « sur le mode (nous citons le ministre in extenso) de recrutement par les organisations estudiantines d’anciens militaires et sur la délimitation des zones dites interdites sur le campus, zones devenues des zones de tortures ».

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La lecture de ce dernier passage donne froid dans le dos et laisse penser que nos campus sont parfaitement assimilables aux espaces de non- droit dans les pays en proie aux irrédentismes djihadistes. Dans un pays qui n’est pas en guerre et dont les autorités ont sous leur coupe l’ensemble des forces militaires peuplées de généraux de brigade et de division, des forces de police, de gendarmerie et tous les services de renseignements, il apparaît pour le moins curieux qu’on utilise les résultats de simples enquêtes administratives qui n’ont réussi à trouver que d’anciens militaires anonymes et non identifiés prétendument recrutés par des organisations estudiantines que l’on sait totalement désargentées. Comment les forces de police armées jusqu’aux dents dotées d’instruments de répression acquis à grands frais par le régime défunt postées à l’extérieur et à l’intérieur du campus n’ont pas réussi à identifier ces prétendues « zones interdites » où se pratiquerait la ‘’torture d’individus non identifiés comme torturés ou ayant échappé à la torture de prétendus bourreaux non identifiés ‘’On est où là? Visiblement, le gouvernement , en évoquant maladroitement l’existence de zones interdites de torture, joue dangereusement à se faire peur et à faire peur aux populations. Parce que l’idée de ‘’torture ‘’ et de ‘’zones interdites’’ fait recette de nos jours ici et ailleurs. Une Idée qui donne droit à des financements extérieurs aisément’’ détournables’’. Par le passé, c’est la même logique-celle du bouc émissaire- qui faisait dire aux régimes précédents que les étudiants grévistes étaient manipulés par les opposants à leur pouvoir répressif.

Au demeurant, en faisant recours aux résultats d’enquêtes administratives commanditées par on ne sait qui, le gouvernement de la rupture donne un quitus aux autorités rectorales, en mal de popularité et toujours en panne d’imagination ,qui ont cru naïvement qu’en renvoyant une poignée d’étudiants prétendument fauteurs de trouble , elles réussiront à résorber hic et nunc la crise profonde et multiforme qui secoue le monde universitaire .Or, les problèmes de l’université sont gros comme ça et n’ont rien à voir avec les solutions cosmétiques d’interdiction de telle ou telle organisation, d’exclusion de groupes d’étudiants ou de construction d’amphis de quelques milliers de places. Ces problèmes, se déclinent en terme de ratio toujours déséquilibré enseignants /apprenants ,donc de fiabilité des enseignements dispensés dans nos universités publiques et de survie même de la majorité des apprenants issus de milieux pauvres .Comment réussir à conjuguer le fameux système LMD avec la réalité des effectifs pléthoriques de nos amphis, telle est la cruelle problématique qui se pose à notre enseignement supérieur public! La violence dont on accuse à tort les étudiants n’est que la résultante de cette violence pernicieuse d’un système qui ne laisse aucune place aux démunis. Ces problèmes ne cesseront pas, avec l’organisation passablement réussie des examens de fin d’année, encore moins avec des lendemains de reprise des cours toujours lourds de menaces de débrayages de début d’année scolaire. Malheureusement, le constat est effarant :au lendemain de l’arrivée aux affaires d’hommes politiques nouveaux, la préoccupation essentielle de la classe politique aujourd’hui, n’est pas de se pencher sur tous ces problèmes mais de trouver le meilleur positionnement autour de celui qui détient le couteau de partage du gâteau national. De ce point de vue, les solutions du genre ‘’opération coup de poing’’ qu’affectionnent les tenants actuels du pouvoir apparaissent comme de faux remèdes au grand mal qui mine l’école béninoise.

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