L’idée d’un tunnel reliant l’Europe à l’Afrique par le détroit de Gibraltar n’est pas nouvelle. Depuis les premières propositions dans les années 1930 par le gouvernement espagnol, ce projet ambitieux a suscité l’intérêt, mais a également rencontré des défis techniques et financiers considérables. Récemment, cependant, des développements prometteurs ont ravivé l’espoir de concrétiser cette vision.
Cette semaine, la Société nationale marocaine d’études des détroits (SNED) a annoncé des avancées significatives dans la réalisation de ce tunnel transcontinental. Les travaux sont en cours pour évaluer les financements nécessaires ainsi que les aspects stratégiques du projet. Cette initiative, qui a récemment gagné en traction, a été soulignée lors d’une rencontre entre le ministre marocain de l’Eau et de l’Équipement, Nizar Baraka, et le ministre espagnol des Transports, Oscar Puente, en mars dernier.
Le tunnel proposé s’étendrait sur une distance impressionnante de 28 kilomètres, avec une section sous-marine atteignant une profondeur maximale de 475 mètres. Reliant Punta Paloma, à l’ouest de Tarifa en Espagne, à Malabata, au nord de Tanger au Maroc, ce projet pourrait transformer radicalement les échanges entre l’Europe et l’Afrique.
Bien que le coût exact de cette entreprise titanesque reste à déterminer, certaines estimations avancent le chiffre colossal de 8 milliards d’euros. Cependant, ces investissements pourraient être largement compensés par les avantages économiques et logistiques qu’offrirait ce tunnel. La Société espagnole d’études sur les communications fixes à travers le détroit de Gibraltar (SECEGSA) prévoit qu’il pourrait transporter jusqu’à 12,8 millions de passagers par an, ainsi que 13 millions de tonnes de marchandises entre les deux continents, chaque année.
Outre les avantages économiques évidents, ce tunnel aurait un impact significatif sur les voyages entre l’Europe et l’Afrique. En réduisant le temps de trajet entre Madrid et Casablanca à seulement 5,5 heures, il rendrait les échanges entre les deux continents plus rapides et plus efficaces. Actuellement, les vols entre ces deux villes prennent environ deux heures, tandis que la conduite, y compris la traversée en ferry, nécessite environ 12 heures.
Cependant, la réalisation de ce projet n’est pas sans ses défis. La géologie complexe du détroit de Gibraltar, ainsi que la proximité de la faille géologique Açores-Gibraltar, posent des problèmes techniques considérables. De plus, la région est sujette à des activités sismiques, ce qui ajoute une autre couche de complexité à la construction et à l’entretien du tunnel.
Malgré ces défis, l’histoire récente montre un regain d’intérêt pour ce projet emblématique. Les avancées technologiques et les progrès dans le domaine de l’ingénierie pourraient rendre réalisable ce qui était autrefois considéré comme impossible. De plus, l’annonce de la tenue potentielle de la Coupe du monde 2030 au Portugal, en Espagne et au Maroc a également stimulé l’attention sur les infrastructures de transport entre ces régions.
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