PADA et PPAAO : Des instruments pour sauver les Béninois des griffes de la pauvreté

Lundi dernier, 17 octobre 2016, journée internationale des Nations-Unies pour l’élimination de la pauvreté (End poverty day), une délégation composée des représentants de la Banque mondiale, du Ministère de l’agriculture, du ProCAD et de la presse est allée apprécier sur le terrain, les impacts des projets PADA et PPAAO-Bénin sur la vie des populations béninoises.

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«Je me suis fait beaucoup de sous,… cela m’a permis de vivre autrement». Ne trouvant plus les mots justes pour exprimer sa joie à la hauteur du changement intervenu dans sa vie de 2014 à ce jour, c’est ainsi que dame Eugénie Faïzoun boucle la liste des impacts du Programme d’Appui à la Diversification Agricole (PADA) dans sa vie. Eugénie, la cinquantaine, qui a commencé ses activités en 1995 sans aucune formation, est aujourd’hui une grande productrice d’alevins et une formatrice basée à Zinvié-Zoumè dans la commune d’Abomey-Calavi avec une production et un chiffre d’affaire qui ont plus que quadruplé en moins de deux ans. C’est du moins, d’après son histoire qu’elle nous raconte ce lundi 17 octobre 2016, journée mondiale de la lutte contre la pauvreté. C’est la journée choisie par la Banque mondiale, le Ministère de l’agriculture et le Programme Cadre d’Appui à la Diversification Agricole (ProCAD) pour voir les progrès du PADA et du Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO-Bénin) dans la vie des populations. Ces projets constituent l’essentiel des interventions de la Banque mondiale dans le secteur de l’agriculture au Bénin.

Face aux responsables de ces différentes structures accompagnées de la presse sur la ferme Johan Esteve, propriété de Eugénie Faïzoun, cette dernière témoigne de ce que, le miracle est intervenu dans sa vie à partir de décembre 2014 qu’elle a reçu l’appui du PADA pour son unité de production d’alevins de Tilapia monosexe et de Clarias lazera à hauteur de 14.636.500 F Cfa contre son apport personnel de 4.390.950 F Cfa. Grâce à cette subvention, elle dispose aujourd’hui des infrastructures aquacoles pour sa production dont 5 bassins de couplage et de pré-grossissement. Ce qui lui permet de passer de la vingtaine de mille de tonnes de production par an à 125 mille tonnes pour le Tilapia et 75 mille tonnes pour le Clarias. Mais aussi, cela lui a permis de résoudre le problème de l’aliment pour alevins qui pour elle, a été toujours un fardeau pour les pisciculteurs. «L’aliment coûte excessivement cher; c’est 60 à 70% du coût de production; au bout du compte les pisciculteurs ne font pas de bénéfice», confie dame Eugénie qui arrive aujourd’hui à fabriquer de l’aliment pour usage de son unité de production mais également au profit d’autres producteurs qui en profitent énormément. Avec ses économies, Eugénie Faïzoun a pu faire l’extension de son site, payer deux parcelles pour son unité de provende, acheter un tricycle, s’offrir des moutons, etc.

C’était la première étape de la journée de visite de terrain de ce lundi.

Efficace contre le ‘’Zemidjan’’

Après Zinvié, la délégation a mis le cap sur la ferme de production d’ananas de Tangbo-Djèvié dans la commune de Zè où elle a rencontré plusieurs membres de l’Union des producteurs d’ananas de la localité. Cette Union de 105 membres a reçu l’appui du PADA à raison de plus de 10 millions pour un projet de 18 millions sur la production d’ananas frais variété pain de sucre sur film polyéthylène bio dégradable. Il s’agit là de l’introduction d’une nouvelle technologie qui allège les travaux de production d’ananas et fait revenir au bercail de nombreux bras valides qui entre- temps ont fui le village pour devenir conducteurs de taxi moto communément appelé ‘’Zémidjan’’ à Cotonou. 

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«Avant, on faisait la culture sur terre simple et on attendait 18 mois pour récolter ; on fait plus d’une dizaine de séances de sarclage mais avec cette technologie, le travail est facile, on ne sarcle plus et on va récolter en 12 mois», nous raconte Daniel Koudessa, Président de l’Union.

«C’est d’abord une affaire de rentabilité» renchérit le Président de la Fédération nationale des coopératives villageoises productrices d’ananas, Athanase Akpoé. Il résume les avantages de cette technologie au raccourcissement du cycle de production et à la réduction de la main d’œuvre. En plus, il ajoute que pour un investissement de 1.800.000 FCfa sur 1ha, l’ancienne méthode génère 4.000.000 FCfa alors qu’avec 3.000.000 F Cfa d’investissement  sur la même superficie, le revenu est doublé soit 8.000.000 FCfa avec les films polyéthylènes. Aussi, cette méthode donne-t-elle des solutions aux problèmes de  besoin d’eau.

«L’ananas a besoin de l’eau pour se produire. Les films polyéthylènes retiennent de l’eau et nourrissent l’ananas tout le temps. Vous passez la période de sécheresse sans le savoir», informe Athanase Akpoé avant de finir en ces termes : «Avec cette technologie plus de problème de sarclage».

C’est spécifiquement l’aspect de sarclage qui fait l’objet d’expérimentation par la plateforme ‘’Jus Ira’’ composée de 3617 membres dont 1016 femmes dans les communes d’Allada, Tori, Toffo et Zè grâce au PPAAO. Pour lutter contre les mauvaises herbes sur sa parcelle d’expérimentation visitée à Allada, Elie Djigla essaie depuis Octobre 2015 trois méthodes à savoir les films polyéthylènes, le sarclage et les herbicides. Au vu du résultat qu’il a, il confie que les films polyéthylènes sont plus efficaces contre les mauvaises herbes. Et déjà, convaincue de ceci,  la plateforme à laquelle il appartient a commandé ces films pour 30ha.

PADA fait des millionnaires

Cette productrice Eugénie Faïzoun de Zinvié-Zoumè supra citée n’est qu’un exemple parmi tant d’autres cas de réussite de vie grâce aux appuis du ProCAD. Roseline Alda Capo-Chichi a chassé loin de sa vie et de son entourage, la pauvreté grâce à la subvention PADA. Elle est spécialisée dans la fabrication de compost et la production  d’ananas biologiques. Elle qui, à ses débuts, arrivait à peine  à satisfaire la centaine de producteurs de sa zone parvient désormais à répondre à la demande d’un demi-million de producteurs. Du coup, elle a vu, confie-t-elle, son chiffre d’affaire passer de 5 à 12 millions de francs Cfa par an avec sa production d’ananas et d’autres fruits biologiques.

Prospérité partagée

Ces bénéficiaires directs du ProCAD ne sont pas en réalité les seuls qui sont parvenus à sortir de la pauvreté dans ces communes parcourues. On note des impacts directs du développement de leurs activités sur d’autres producteurs et sur la création d’emploi dans leur localité. A titre d’exemple, outre la facilité d’approvisionnement en alevins Tilapia et Clarias qu’offre le développement des activités de Eugénie Faïzoun, d’autres producteurs se font des économies grâce à ses aliments. A l’importation, l’aliment coûte entre 800 et 1200 F Cfa le kilo alors qu’à son niveau le produit est cédé à 300 F. Et ce, avec une qualité qui n’a rien à envier à celui importé.

«J’ai la qualité, la taille, le poids et le goût » loue la productrice pour décrire quel genre d’alevin elle produit avec cet aliment local.

C’est aussi le cas au niveau des producteurs d’ananas. Les économies faites avec l’adoption des films polyéthylènes leur permettent, d’après Elie Djigla, de s’assurer au moins les trois repas par jour, de mettre les enfants dans des écoles privées et de s’occuper de leurs femmes.

Ces réalités confortent le ProCAD dans sa philosophie qui justifie la mise en place d’une plateforme par le PPAAO afin de réunir l’ensemble des acteurs de toute la chaîne de valeur de la filière ananas. Cette organisation permet de ne pas se limiter aux grands producteurs mais d’atteindre les plus petits, à en croire le coordonateur du ProCAD Bertin Adéossi. Il s’agit d’une plateforme de réflexion et de recherche de solution aux problèmes de l’ensemble des producteurs. Et dans la pratique, l’usine de fabrication de canettes dénommée Jec Sarl en est une preuve.

«On a vu que nous avions des problèmes de canette ; cette usine vient résoudre ce problème» témoigne Jean Fonton, Pdg de l’entreprise qui a reçu 49.500.000 F Cfa du PADA pour s’installer.

C’est avec un impact direct sur la  productivité de Promo fruits Bénin qui produit le jus d’ananas naturel en canette. Ceci a engendré également l’écoulement de l’ananas que produisent les cultivateurs. Car, en résumé, PADA et PPAAO visent à contribuer non seulement à la restructuration et l’amélioration de la productivité au champ mais aussi à la valorisation des filières agricoles à travers la transformation, d’après le Coordonnateur du ProCAD. Et tout ceci se passe sous la veille citoyenne de la Plateforme des acteurs de la société civile au Bénin (Pascib) qui se réjouit des fruits des différentes interventions de la Banque mondiale dans le domaine de l’agriculture au Bénin. Au-delà, de ces apports visibles dans les différentes zones parcourues ce lundi, le Président de la cette plateforme, Ernest Comlan Pedro, avoue que dans certaines villes dont Malanville, les bénéficiaires de ces subventions, grâce à leurs revenus, arrivent à s’organiser pour contribuer au paiement des salaires des enseignants communautaires.

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