Au cinquième jour de détention de Sébastien Ajavon, le président du patronat béninois gardé à vue pour une affaire de drogue retrouvée dans l’un des conteneurs destinés à Comon SA, son entreprise, la mobilisation populaire pour sa libération n’a pas faibli. Une foule dense de plusieurs jeunes, a occupé toute la journée de ce mercredi, le carrefour des trois banques en face de la brigade où il est détenu pour dénoncer un «complot contre» l’homme qu’ils considèrent comme leur «bienfaiteur».
« Ajavon est notre bienfaiteur. Il est victime d’un complot. Nous voulons qu’on le libère ». T-shirt bleu, couleur du candidat ASG à la présidentielle 2016, tête ceinte de bandeau rouge, Thomas Boton, 26 ans est parmi une multitude de jeunes ayant pris d’assaut le carrefour des trois banques toute la journée de ce mercredi 2 novembre 2016 pour réclamer la libération de Ajavon Sébastien Germain, président du patronat béninois qui passe son cinquième jour de garde à vue pour une affaire de cocaïne retrouvée dans l’un des conteneurs appartenant à Comon Sa, sa société d’importation et de commercialisation de produits congelés. Face à la compagnie de brigade où est gardé le richissime homme d’affaire, sur les lieux bondés de monde, c’est une révolte populaire qui s’exprime sur fond d’un single d’appel à sa libération illico presso. « Libérez Ajavon » scande la foule imperturbable malgré la présence de deux blindés et des forces de l’ordre positionnées çà et là. Interrogé au milieu de cette ambiance de révolte, Thomas explique que c’est une mobilisation spontanée. Pour cause, le jeune fait savoir qu’ils ne peuvent assister à l’« anéantissement» de celui qui est le plus grand contributeur de l’économie nationale. « Il a beaucoup d’entreprises, une télévision, une radio et c’est nous les jeunes qu’il recrute. On ne peut pas permettre qu’on le détruise » prévient le jeune homme menaçant : « s’ils ne le libèrent pas, nous allons nous soulever contre les autorités ». A ce sujet appelle Thomas, « que Talon aille à son secours. Si on l’enferme, la population va en souffrir ». Ayant surgi et interrompu les échanges avec Thomas, Akim, 22 ans, agent dans une poissonnerie, veut aussi la libération de celui qu’il appelle également son « bienfaiteur ». A propos de sa présence parmi la foule et de l’affaire, explique Akim, « c’est en suivant ce qui se passe que nous avons compris que ce n’est pas bon. Nous sommes venus à son secours parce qu’il est un innocent. C’est un complot contre lui ». Pour ces jeunes, difficile de croire un instant que Ajavon est un trafiquant de drogue. D’ailleurs, le morceau de St Jojo sur lequel ils demandent sa libération les conforte dans l’idée que le multimilliardaire béninois est innocent.
Jojo dégaine
Pour la libération de celui qu’il appelle « mon président », St Jojo, artiste musicien chanteur a puisé dans son génie. Il a réalisé un single joué avec un amplificateur sur les lieux. « Libérez Ajavon ! » est le titre du disque sur lequel se trouve la photo Sébastien Ajavon au sourire large dans un boubou de basin bleu. « Un pays mal organisé a anéanti mon président. Il est innocent. Libérez-le. C’est la voix du peuple. Libérez ! Libérez ! Libérez Ajavon ! Politiciens, libérez Ajavon » sont quelques paroles du morceau en fond sonore. « J’ai composé le morceau pour soutenir le président Ajavon…Quand j’ai appris ce qui s’est passé, ça m’a fait mal. Ce n’est pas logique d’arrêter quelqu’un comme Ajavon. Ça m’a beaucoup touché et c’est le même jour que j’ai composé le morceau au studio. Le morceau a été enregistré et sorti le samedi passé » a expliqué le compositeur du morceau qui illustre une révolte populaire incandescente
Olivier Ribouis & Hugh Dato
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