Petits chantiers, grand oubli

Avons-nous de la suite dans les idées ? Nous fourmillons de projets. Mais les résultats ne suivent pas. Comme qui dirait, nous sommes plus diseurs que faiseurs. Nous n’avons pas notre pareil pour gérer le ministère de la parole. En illustration à notre propos, voici quelques chantiers que nous avons ouverts tambour battant. Mais, depuis, s’étend sur ces chantiers le souffle vitreux de l’oubli.

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L’immatriculation des engins à deux roues était, il n’y a guère longtemps, l’arôme dont le gouvernement assaisonnait tous les plats. Les citoyens ont fait diligence pour se mettre en règle avec la loi. Mais les services compétents, à charge de délivrer le sésame attendu, se pressaient et se pressent encore lentement. Résultat des courses, des milliers de citoyens font le pied de grue. Ils attendent Godo. Qui ne vient pas. Qui, peut-être, ne viendra plus.

Les devantures et portes des maisons à Porto-Novo sont fleuries, depuis peu, de numéros écrits en blanc sur un fond bleu. Des numéros sur les portes des maisons dans la vieille cité capitale aux trois noms, c’est inédit. Cela ne peut passer inaperçu. C’est incontestablement un soupçon d’ordre dans le dédale inextricable de ruelles, labyrinthes et culs-de sac qui balafrent la ville.

Une fois les numéros attribués, reste à savoir pourquoi et pour quoi faire. Le bon peuple a des raisons de s’interroger, d’exiger des réponses de ceux qui ont diligenté l’opération. Ils doivent en expliquer le bien fondé. Ils doivent en indiquer le mode d’emploi. Mais tout porte à croire qu’on a préféré le silence radio, synonyme de : « Circulez, y a rien à voir ».

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Selon toute vraisemblance, la voie Cotonou-Porto-Novo est la plus fréquentée du Bénin. C’est « la vitrine routière », pourrait-on dire, de notre pays. Seulement voilà, la nuit venue, l’ouvrage plonge dans les ténèbres. Ce qui donne du Bénin la triste image d’un pays arriéré. Pourtant, de Cotonou à l’entrée de Porto-Novo, des poteaux électriques s’alignent, certainement pour les beaux yeux des usagers. Un étranger en visite dans notre pays comprendrait difficilement que sur 30 kilomètres de voies, reliant les deux principales villes du pays, la capitale politique et la capitale économique, l’obscurité soit ce qui se partage le mieux. Impensable, 56 ans après les indépendances ! Dire que nos honorables députés sont des abonnés quasi permanents de cette voie. Une voie, faut-il le dire, méchamment labourée, par endroits, de dos de dromadaire.

Le curage des caniveaux, à Porto-Novo et surtout à Cotonou participe d’une entreprise qui ne répond à aucune logique. Le calendrier des saisons est pourtant bien connu. Ce qui impose de nettoyer nos caniveaux avant le début de la saison des pluies. Mais comme nous savons prendre notre temps, en faisant tout à contretemps, nous curons et nettoyons nos caniveaux au cœur de la saison des pluies. Les boues et les saletés dégagées peuvent ainsi retourner chez elles, magnifiant au passage ceux qui les ont momentanément dérangées.

Notons ces deux dates : le 1er juillet 2015 et le 17 septembre 2015. La première date marque la tenue par le Conseil national des associations des consommateurs d’une conférence publique. Thème, les « 3E », eau, électricité, essence. Il s’agit de ces trois denrées majeures dont la qualité, la disponibilité, le prix, sont sujets à caution. La deuxième date est celle de la rencontre du Conseil national des associations des consommateurs avec la principale société GSM au Bénin. Ordre du jour : le droit des consommateurs à bénéficier d’un service de communication correct. Pour les deux cas, ce qui est entré dans une oreille et qui a ému, déclenchant une vague de promesses, est ressorti par l’autre oreille qui l’a oublié.

Parlant de promesse et pour terminer, le maire de Porto-Novo, prenant fonction, a promis de faire de la ville capitale (Citation) « Une ville fleurie. » Les Porto-Noviens ne désespèrent pas de voir la toute première fleur qui aiderait Monsieur le Maire à tenir sa promesse. Le maire de Cotonou, à sa prise de fonction, a promis de faire de sa cité (Citation) « Une ville numérique ». Une annonce qui branche Cotonou, mais une annonce qui tarde à la connecter. Ce n’est pas nous qui l’avons dit, ce n’est pas nous non plus qui le disons : « Les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient »

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