Si elle n’a pas encore livré tous ses secrets, l’affaire des « 18 kg de cocaïne pure » – pour utiliser le terme du commandant Tchilao – en a livré au moins un. Désormais, on peut dire sans conteste qu’elle a exposé à la face du monde, le désamour entre Talon et Ajavon avec ses conséquences néfastes sur la vie économique et politique de notre pays.
Où sont-ils passés les chantres de la théorie de la parfaite intelligence entre Patrice Talon et Sébastien Ajavon ? Depuis le vendredi dernier, ils doivent se montrer plus ingénieux pour défendre leur thèse, le Chef de l’Etat ayant pris par là. Ce jour, à Parakou, il a fait des déclarations qui donnent sa position réelle sur le dossier qui défraie toujours la chronique. Après l’avoir écouté, ces chantres naguère très prolifiques sur les réseaux sociaux devraient mettre fin à leur illusion de voir Patrice Talon et Sébastien Ajavon travailler la main dans la main pour développer le pays. En tout cas, Patrice Talon n’en veut pas. Ce qu’il veut, c’est la lutte sans merci contre l’impunité et l’anéantissement des contre- modèles. Je cite : « Est-ce que nous sommes prêts à lutter contre l’impunité ? (Rire au sein de la population). Je n’ai pas l’impression parce qu’il y a eu des événements qui sont passés il n’y a pas longtemps. Il y a quelques jours, j’ai vu combien j’ai reçu la pression de mes concitoyens, de beaucoup d’autorités, politiques, morales, de grandes personnalités, pour consacrer ce qui n’est pas admis. En fait, ceux qui sont concernés par le péché, ce ne sont pas les Burkinabé, ce ne sont pas les Togolais, ce ne sont pas les Ghanéens, ce sont les Béninois. C’est nous qui vivons dans ce pays dans sa majorité ». Le Chef de l’Etat parle de pression qu’il a reçue dans une affaire récente. A demi-mot, on comprend qu’il parle de l’affaire de « découverte » de drogue dans les conteneurs de Sébastien Ajavon. A l’entendre, Patrice Talon n’entend pas laisser les cas de tricherie puisqu’il affirme qu’on veut le pousser à consacrer « ce qui n’est pas permis ». Ceci dit, on peut oser dire qu’il a opté pour la punition sans merci des faussaires.
Haro sur les pécheurs
Puis, il continue « Les pécheurs, ce ne sont pas les Chinois, c’est nous les Béninois et nous sommes tous pécheurs. Nous avons tous des péchés d’une manière ou d’une autre. Parfois ,cela passe inaperçu. Parfois cela se voit. Quand cela passe inaperçu, il n’y a que Dieu pour nous sanctionner et quand cela se voit dans la cité, la communauté globalement doit sanctionner. C’est le seul moyen de préserver la paix, l’unité, l’équité et le progrès social. Si publiquement, les péchés deviennent des actions de gloire, je pèse mes mots, si chaque fois que quelqu’un doit faire un péché, nous ne sommes pas capables d’apprécier que c’est un péché, que c’est au contraire une action de gloire, c’est dangereux pour le pays. Il est important pour nous que publiquement, nous ayons au moins la mesure, le courage de ne pas faire l’apologie du péché parce qu’après, il n’y a plus de repère.
Je voudrais inviter mes concitoyens, les uns les autres, à être conscients de cela sans qu’on ne se rejette les uns les autres. Il ne s’agira jamais de rejeter quelqu’un parce qu’il aurait commis une erreur. Mais il est important, je le répète pour la cité, que publiquement on ne fasse pas, qu’on ne glorifie pas ce qui n’est pas admis. A bon entendeur ». Ces propos marquent un regret de n’avoir pas réussi à atteindre l’objectif de punir un « pécheur ». Ajavon l’est-il ? Le procès n’a pas permis aux accusateurs de prouver la culpabilité du magnat de la volaille. Et c’est ce qui amène certains à croire, à tort, peut être à un procès politique. Avec un tel discours, Patrice Talon expose si bien un malaise prochain que les deux ont tenté de dissimuler depuis près de sept mois. La rumeur parle de mésentente sur le nombre de portefeuilles ministériels, d’une affaire de 50 milliards, de manque de synergie d’action pour la mise en œuvre du Partenariat public-privé…Quelle que soit la raison, l’affaire Ajavon et les derniers propos du Chef de l’Etat montre le vrai visage des hommes politiques, surtout béninois toujours friands de se donner des coups. Cette affaire en a tout l’air. Sous les tropiques, deux étoiles polaires ne sauraient briller au même moment
Laisser un commentaire