Après ses premiers mois marqués par la fermeté et le pragmatisme, le pouvoir Talon tombe progressivement dans une période de balbutiements. Les mois d’hésitation et de doute s’enchaînent et le dernier discours du président de la république tenu à Parakou montre bien le niveau d’anxiété atteint par le pouvoir.
Le temps de l’euphorie et des louanges n’a que peu duré. Très vite, s’est installé celui du doute et des remises en cause. Au début, le gouvernement était crédité d’une bonne intention. L’opinion prêtait naïvement au président de la république l’étiquette de messie national. Avec un bon projet de société ventilé pendant les campagnes, une plus grande méthode et de sérénité dans l’organisation du travail, il n’y a pas de raison qu’il ne réussisse pas. Beaucoup lui ont donné le Bon Dieu sans confession. Puis, depuis plus sept mois, plus rien. Le discours qui tendait à porter au régime défunt la cause des difficultés financières actuelles a fini à ne plus accrocher grand- monde. L’ambiance est devenue délétère, la paupérisation ambiante et la grogne des populations, bien que silencieuse, a réussi à secouer le Chef de l’Etat dans le calme olympien de la Marina. C’est dans un tel contexte que Talon entame une tournée dans le septentrion. Et le discours du Chef de l’Etat tranche avec tout ce qui a été entendu pendant la campagne. Pour une première fois, Patrice Talon annonce les difficultés dans la gestion du pays.
« Quand je faisais la campagne, je suis venu à Parakou, je vous avais dit que j’étais préparé pour la fonction, ….mais les 7 mois qui viennent de passer ont été pour moi éprouvants. Il a fallu consacrer des jours, des nuits à repenser plus que je ne m’imaginais, à réorganiser le pays dans tous les sens, dans tous les secteurs pour faire face au quotidien et engager la réflexion pour la suite… Nous avons eu beaucoup de mal à gérer le quotidien. Nous avons eu autant de mal pour réfléchir, pour structurer, avoir les compétences qu’il faut pour mettre en place une politique pertinente dans tous les domaines », a-t-il affirmé. Contrairement donc à tout ce qui a été miroité aux populations, la tâche s’annonce plus difficile. Et Patrice Talon l’a reconnu lui-même. On sent le pouvoir tomber progressivement dans l’incertitude. « Pourrions-nous faire tout ce que nous avons promis ? ». Telle est la question que Patrice Talon doit se poser régulièrement. C’est aussi une manière pour lui de préparer les uns et les autres à accepter à la fin un bilan moins reluisant que ce qu’il avait annoncé. Et d’ailleurs, on voit les signes de tergiversation, d’hésitation dans les derniers actes du gouvernement. Pour le Programme d’action du gouvernement, on en a vu beaucoup. Plusieurs moutures du Pag ont circulé avant qu’on ne finisse pas certifier celle qui fait foi. Et depuis, ce programme n’est pas toujours disponible pour être vulgarisé.
Le temps des rétropédalages
Après une première phase d’actions d’éclat et de séduction, le gouvernement tombe progressivement dans la déprime. Les actes de ces dernières semaines l’ont pleinement montré. En somme, on voit un gouvernement qui n’affiche plus la sérénité d’antan et qui, sur plusieurs dossiers, a montré de grandes fébrilités. Le dossier Samtal (Un marché de gré-à-gré de production des cartes d’indentité scolaire accordées à un proche parent du chef de l’Etat), nous en donne une autre preuve. Le Chef de l’Etat a été contraint de sacrifier la cohésion gouvernementale pour désavouer son ministre de l’enseignement secondaire obligé de remettre en cause la décision qu’il avait prise dans un premier temps. Gros signe de malaise pour un gouvernement dont le chef revendique plus de méthode, de tempérance et de cohérence dans les manières d’agir. En somme, le président Talon se rend bien compte qu’à l’œuvre, la tâche s’annonce plus malaisé. Ceci prouve bien qu’il n’était pas si prêt que ça, et qu’il ne connaît pas tous les rouages de la vie politique au Bénin. En 2021, on peut craindre qu’à cette allure, les fruits ne tiennent pas la promesse des fleurs
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