Bienvenue au pays des anomalies

Bienvenue au pays des anomalies. Le dictionnaire donne du mot la définition ci-après : « Bizarrerie, singularité, exception à la règle. » C’est ainsi que nous sommes. Nous prenons plaisir à faire à l’envers ce que tout le monde s’accorde à faire à l’endroit.

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Nous nous complaisons à marcher sur la tête alors que la nature en a autrement disposé. Voici un petit échantillon de nos hauts faits et exploits.

Huit candidats, en tout et pour tout, à la dernière élection présidentielle au Nigeria, un pays de 175 millions d’habitants. Une trentaine de candidats pour la même élection au Bénin, un pays qui ne compte que10 millions d’âmes. Instructive comparaison. Le Bénin n’est véritablement le Bénin que dans la démesure, que dans l’excès. Comment alors s’étonner que nous trainions 250 partis politiques ? Comme s’il y avait 250 manières différentes de faire le bonheur des Béninois. Comment alors s’affoler que la vie nationale bruisse des voix discordantes de 100 quotidiens ? Ces journaux naissent par hasard, survivent sur un marché publicitaire plus qu’anémié,   disparaissent, à la fin, comme ils sont venus. Ne vous laissez pas surprendre : au Bénin on tolère l’existence de deux ordres des pharmaciens. Et c’est une demi-douzaine de syndicats qui portent, à l’Université, la voix et la cause de l’étudiant béninois.

En Allemagne, en France, en Espagne et, de plus en plus, dans maints pays africains, le maire d’une localité, c’est l’homme ou la femme qui a le plus de chances d’être et de rester le plus longtemps possible à son poste. Car le maire est l’émanation d’une communauté restreinte. La proximité aidant, il finit par faire corps avec celle-ci. Mais, chez nous, on ne l’entend point de cette oreille. L’exception béninoise voudrait que le maire, dès le lendemain de son élection, soit précipité dans la fosse aux lions. Etre maire au Bénin, c’est faire avec l’incertitude du lendemain. C’est compter avec les variations saisonnières et inattendues du ciel politique. C’est être nanti d’un pouvoir constamment querellé, d’un pouvoir à géométrie variable. C’est être assis sur un siège essentiellement éjectable. Voilà le prix à payer aux combines politiciennes, aux luttes fractionnistes souterraines. Bye-bye la démocratie. Adieu le développement à la base. Les politiciens ainsi engagés dans un cycle infernal de querelles, prennent en otages les populations. Le bien être de celles-ci peut attendre.

L’abattage des animaux pour notre consommation relève désormais de technologies éprouvées et de conditions d’hygiène déterminées. En atteste, la norme ISO activement recherchée par tous établissements soucieux de garantir la qualité de leurs produits et services. Connaissez-vous l’abattoir de Cotonou ? C’est le plus grand établissement du genre au Bénin. Les anciens gestionnaires de la ville pensaient alors l’avoir implanté, en toute sécurité, à sa périphérie. Mais l’évolution rapide de Cotonou le situe désormais en son centre. Il faut faire du déménagement de cet abattoir une priorité. Au risque de nous répéter, voici ce que nous disions de l’abattoir de Cotonou dans notre précédente chronique : « Un monstre polluant qui dégrade l’environnement. Une bombe sanitaire qui met en danger nos vies. Une catastrophe latente, un cas patent de santé publique ».

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C’est connu : dans tous les pays du monde, l’essence est catégorisée, « produit dangereux ». Elle est à isoler, elle est à tenir loin de tout établissement humain. Elle est à stocker, par conséquent, dans des espaces sécurisés et sous haute surveillance. Au Bénin, l’essence coule à flots dans les maisons d’habitation. L’essence se balade le long des artères des grandes villes. L’essence trône sur les places publiques. L’essence voyage à vélo, à moto, en auto. Attirons l’attention sur ce cas préoccupant de cohabitation entre l’homme et ce produit dangereux. Le quartier Akpakpa-Dodomè, à Cotonou, abrite l’un des plus grands dépôts d’essence du Bénin. Les quartiers Jak et Placondji ne sont pas loin. Des milliers d’hommes et de femmes, dans une inconscience totale, vont et viennent, oublieux qu’ils sont sous la menace permanente d’un véritable volcan. Plaise au ciel que celui-ci n’eût point à entrer en activité. Mais, gardons-nous de prendre Dieu pour un sapeur-pompier. Impossible de continuer de nous asseoir gentiment pour que Dieu nous pousse tranquillement. Notre sécurité dépend d’abord de nous-mêmes. Nous allons répétant : « Dieu est au contrôle ». Nous voulons bien. Mais Dieu n’est pas un magicien

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