Comme annoncé, le Cadre de concertation pour la gouvernance au Bénin (CCGB) a repris du service.
Après une période de pause observée au lendemain de la dernière élection présidentielle, les membres du cadre et autres personnes éprises d’une gouvernance en rupture avec les pratiques de l’ancien régime se sont retrouvés à la Bourse du travail pour examiner les premiers mois de gouvernance du régime de la Rupture et du Nouveau départ. De cet examen, le cadre de concertation par la voix de son président, Laurent Mètongnon, a laissé entendre qu’il y a des inquiétudes à avoir quant à la gouvernance actuelle.
Pouvoir économique concentré aux mains du Président
A en croire le président du CCGB, la gouvernance économique n’est pas celle souhaitée par le peuple béninois en votant pour l’avènement du régime de la Rupture. « Le Chef d’Etat pense à lui-même d’abord et demande aux citoyens d’être patients, de consentir des sacrifices pour un lendemain meilleur », a déclaré M. Mètongnon.
« Pendant ce temps, poursuit-il, on voit afficher dès les premiers conseils des ministres et les conseils qui suivent, la volonté de l’opérateur économique, de concentrer entre ses mains les secteurs vitaux et stratégiques de l’économie nationale ». « Il est actuellement le seul et incontournable fournisseur des intrants du coton et des produits vivriers. A qui appartiennent aujourd’hui les sociétés SODECO, AIC, SDI, DFA, CSPR, CAI, et dans quelle escarcelle vont tomber les dernières structures privatisées (ONS, ONASA, SONAPRA). Les quinze usines d’égrenage lui appartiennent désormais d’office ainsi que l’exportation du coton, principal produit de rente du pays. Le retour du PVI est annoncé de même que la prise en charge d’autres secteurs comme l’énergie, le port etc. », a confié Laurent Mètongnon. Il a également révélé que plusieurs contrats ont été signés dans le cadre du Partenariat Public-Privé (marché de la sécurisation du port par exemple) alors même que les décrets d’application de la loi adoptée par le parlement et promulguée par le Président n’étaient pas pris.
Nominations, libertés : Talon sur les traces de Yayi
Sur le plan des nominations et des libertés, le CCGB estime que le régime du Président Talon n’est pas du tout différent du précédent. Contrairement à l’annonce faite par le Président de procéder à des appels à candidature pour la nomination à certains postes, le cadre se désole de constater à un « débarquement des agents du secteur privé en majorité des sociétés du Chef de l’Etat quand il était opérateur économique » dans l’administration publique, à « des placements de retraités et de parents à des postes stratégiques, des anciens employés et amis, des copains et les recommandés de la France-Afrique ». Les autres nominations, souligne le cadre, sont surtout celles de quelques cadres ayant soutenu le candidat.
Le cadre a également noté des restrictions des libertés, notamment de presse avec la fermeture de certaines radios et télévisions, d’association avec l’interdiction d’activités des associations estudiantines.
Dans leur examen, les membres du cadre de concertation se sont également penchés sur la lutte contre la corruption et on fait savoir que contrairement à ce qu’a déclaré le Président Talon à Parakou, le peuple est prêt et attend le Chef de l’Etat.