Entretien avec Mme Jacqueline Sagbohan, Coordonnatrice du projet FAO GCP/BEN/056/GFF

Conduite par madame Jacqueline Sagbohan ,coordonnatrice du projet FAO GCP/BEN/056/GFF dénommé ‘Elimination des POP et pesticides obsolètes et renforcement de la gestion du cycle de vie des pesticides au Bénin » , une équipe de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture – FAO a séjourné dans les communes de Malanville et Karimamaau nord-est du Bénin du 22 au 29 novembre 2016.

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Objectif de la mission : superviser la 3ème session de formation des facilitateurs pour la mise en place des Champs Ecoles Paysans (CEP) dans les 3 villages identifiés. Cette activité rentre dans le cadre de la composante 4 du projet intitulée « Promotion d’alternatives aux POP et autres pesticides chimiques dangereux ». Contractualisée avec l’institut international d’agriculture tropicale – IITA pour sa phase d’exécution, cette composante ambitionne de réduire la dépendance aux pesticides chimiques conventionnels extrêmement dangereux par la promotion d’alternatives de gestion intégrée des ravageurs.

L’activité en elle-même est un processus d’apprentissage de deux années  basé sur le volontariat. Pendant la première année, les paysans membres des CEP sont formés sur le champ commun d’apprentissage appelé Champs Ecole Paysan avec l’aide d’un facilitateur formé par le maître formateur CEP. Chacun d’eux devra repartir dans son exploitation pour la mise en application des techniques agricoles apprises. Le facilitateur ne fera le suivi dans les exploitations individuelles des paysans que dans la seconde année.

Sur le terrain, ensemble avec les producteurs, la coordonnatrice du projet a accepté répondre à nos questions.

1-    Quel est l’intérêt d’un projet d’élimination des pesticides dans un contexte agricole comme le nôtre où les sols sont pauvres, les techniques culturales archaïques et dans lequel les pesticides apparaissent comme la seule chance d’augmenter le rendement ?

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Le but du projet n’est pas d’éliminer les pesticides mais de procéder plutôt à l’élimination des pesticides obsolètes qui mal entreposés dans des conditions de stockage inappropriées et parfois déversés dans la nature constituent des déchets dangereux pour la santé des populations en général source de pollutions environnementales telles que l’air et les points d’eaux et aussi l’atteinte de la nappe phréatique par infiltration.

L’activité qui nous réunit ici est liée directement à la composante 4 qui constitue l’une des composantes du projet. Elle est intitulée « Promotion des alternatives aux Polluants Organiques Persistants (POP) et autres pesticides extrêmement dangereux’’. Cette activité est intitulée « Formation des Facilitateurs pour la conduite des Champs Ecoles Paysans (CEP) pour l’installation des cultures maraichères telles que l’oignon et la tomate. Ces facilitateurs ont pour rôle de former les producteurs de tomate et d’oignon des CEP installés au niveau de certains villages choisis après des entretiens structurés de focus groupes et de collecte des données typologiques.

2- Madame, Dans le cadre de l’exécution de ce projet, la FAO a contractualisé la composante 4 ‘’PROMOTION DES ALTERNATIVES AUX PESTICIDES’’ avec l’IITA. Quels sont les objectifs de cette composante 4 et qu’est ce qui justifie le choix de l’IITA ?

La composante 4 vise à réduire la dépendance aux pesticides chimiques conventionnels extrêmement dangereux par la promotion d’alternatives de gestion intégrée des ravageurs.

L’IITA a été choisi pour exécuter cette composante parce que l’IITA en tant que centre de lutte biologique avait développé et testé des produits, des pratiques et des méthodes alternatives efficaces à la lutte chimique et à faible impact sur l’environnement à travers des techniques de gestion intégrée aux pesticides conventionnels et la réduction de l’utilisation des pesticides chimiques extrêmement dangereux.

3- Qu’est ce qui s’est passé ici depuis le 20 novembre 2016 et quel impact ces activités ont-elles sur l’agriculture et l’environnement ici ?

Depuis le 22 novembre 2016 s’est déroulée la troisième session de la formation des facilitateurs sur les cultures maraîchères à travers la conduite des Champs Ecoles Facilitateurs (CEF) par l’installation des cultures de tomate et d’oignon où se développent les méthodes de bonne pratique culturale en comparaison avec les pratiques paysannes et aussi l’installation des parcelles concernant les activités génératrices de revenus.

4- Quels sont les villages concernés par l’activité des CEP ? Qui est concerné ?

Les villages concernés par les activités CEP sont : Birni-Lafia (commune de Karimama), Tombouctou et Madécali (commune de Malanville).

L’activité des CEP concerne les facilitateurs qui sont des Conseillers en Production Végétale (CPV) issus du CARDER Borgou/Alibori. En ce qui concerne les producteurs ils sont tous des maraîchers producteurs d’oignon et de tomate du département de l’Alibori.

5- Pouvez-vous nous dire en quelques mots, le mode de fonctionnement d’un CEP ? Quel est le rôle du facilitateur ? L’expérience dure combien d’années ? Il y a combien de paysans dans chaque CEP et combien de CEP sont fonctionnels aujourd’hui ?

Le mode de fonctionnement d’un CEP est l’animation par le facilitateur d’au moins d’une (01) fois par semaine des thématiques développés lors de la formation des facilitateurs.

Le rôle du facilitateur est de faciliter la mise en place et la conduite des CEP à travers les méthodes de bonne pratique de production en comparaison avec la pratique paysanne. 

Au niveau de chaque CEP, il y a vingt cinq (25) paysans hommes comme femmes

Sept (07) CEP sont fonctionnels dans trois villages que sont Birni-Lafia, Madécali et Tombouctou.

6- Quels sont les mécanismes de vulgarisation et de pérennisation prévus afin que les investissements d’aujourd’hui ne demeurent pas au stade d’expérimentation ?

Les meilleures pratiques alternatives identifiées et testées en milieu contrôlé et en milieu paysan seront développées et promues à travers les universités d’agronomie, lycées et écoles techniques d’agriculture pratique et aussi l’Etat à travers le Ministère en charge de l’Agriculture devra intégrer les Champs Ecoles dans son plan de développement agricole pour une pérennisation de cette forme de vulgarisation participative.

La pérennisation peut également se faire à travers la mise en application des bonnes pratiques de production par les paysans membres des CEP au niveau de leurs champs.

7- Qu’avez à dire pour conclure cet entretien ?

La 3ème session de la formation des facilitateurs pour la mise en place des CEP à travers les 3 villages identifiés se déroule dans les conditions de participation active de tous les facilitateurs.

L’intérêt qu’ils accordent aux thèmes développés et des pratiques sur le terrain à travers l’installation des Champs Ecoles Facilitateurs qui constituent un lieu d’apprentissage d’une forme de vulgarisation pour les bonnes pratiques culturales et le modèle producteur sont des raisons de succès qui permettront de comparer les résultats et tirer des avantages liés à la technique de bonnes pratiques culturales sur les cultures maraîchères testées.

Madame Jacqueline Sagbohan est ingénieur agronome de formation. En 1997 ( elle a soutenu une thèse de doctorat en entomopathologie. Elle est une spécialiste de Protection des végétaux.  Sa carrière a commencé en 1986( ?) à la direction Générale du CARDER Ouémé/Plateau au ministère de l’agriculture commeChef Service protection des végétaux.Elle a occupé le poste de Chef section alertes et interventions phytosanitaires de 1997à 2000. De 2000 à 2011, le poste d’Assistant aux programmes régionaux de recherche à la Direction Scientifique de l’INRAB. De 2011 à 2013, le poste elle occupe de Directrice adjointe du centre pilote agricole des techniques chinoises. Avant de venir à la FAO en 2015 pour coordonner le projet d’ « élimination des pesticideset autres polluants dangereux », elle était à la Direction de la Production Végétale au poste deChef service national semencier.

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