Grands acteurs de la vie socio-politique du Bénin depuis plusieurs années, des personnalités et pas des moindres du pays se sont illustrées en 2016 avec des revirements spectaculaires ayant dégoûté la grande majorité des Béninois.
Boni Yayi : de la gloire à la décadence
Président de la République, arrivé au pouvoir en 2006 où il suscitait beaucoup d’espoir, le prince de Tchaourou a progressivement cédé à l’ ivresse du pouvoir qui a atteint son pic en 2016. En cette année de sa fin de règne, il a multiplié les bourdes cristallisant davantage le désamour du peuple pour lui. Des remaniements ministériels et des nominations à des fins politiques, la promotion de cadres traînant des casseroles, des attaques à peine voilées contre les partenaires sociaux et des adversaires politiques, des lancements tous azimuts de projets sans financements, la présidence transformée en guichet automatique pendant la campagne avec des manifestations populaires, l’échec cuisant de son poulain à la présidentielle et ses velléités de trouble à l’ordre public après son départ du pouvoir, sans oublier les scandales financiers durant tout son règne, font de lui, une grosse déception.
Adrien Houngbédji : « loueur de logo »
Président de l’Assemblée nationale et chef du Parti du renouveau démocratique (Prd), il s’est carrément ridiculisé pendant la présidentielle de mars 2016 en rejoignant à la dernière minute et contre toute attente, le candidat de Boni Yayi, son grand rival de ses dix dernières années qui a aussi failli le priver de son énième sacre à la tête du parlement. Désavoué par les électeurs dans son fief, il a juré de ne pas faire l’opposition et a rejoint le camp de Talon qu’il a combattu. Pour lui, le dramaturge béninois Ousmane Alédji a trouvé le « houngbédjisme », une philosophie politique « ayant pour principes moteurs l’inconstance, les revirements spectaculaires, l’opportunisme, la désacralisation de la parole et surtout le mépris absolu des militants qui passent ici pour un vulgaire bien fongible à fourguer au plus offrant ». De lui, dit-on, « loueur de logo ».
François Abiola : la ‘calvitie’ du pouvoir
« Les cheveux du pouvoir ». C’est le titre d’un ouvrage publié en 2016 par François Abiola. Ministre de Boni Yayi de 2008 jusqu’à la fin du mandat de ce dernier en avril 2016, ce professeur titulaire de sciences vétérinaires nourrissait aussi des ambitions présidentielles. Ce livre co-écrit avec notre confrère André Dossa devrait servir de rampe de lancement à sa communication électorale. Ministre d’Etat puis Vice-premier ministre du régime de Boni Yayi, et professeur de son état, il a manqué de hardiesse pour empêcher son patron de conduire la majorité présidentielle dans le décor à la présidentielle. Pressenti pour être candidat des Fcbe, le créateur du concept « Après nous, c’est nous » s’est laissé évincer par le Président Yayi qui a dégoté Lionel Zinsou. « Vous connaissez mon aventure et mon histoire immédiate avec le Président Yayi Boni au moment où on dit » qui sera le candidat ? ». Je demeure encore convaincu que si nous tous, de Kassa à Abiola en passant par Komi Koutché et mon ami Okounlola, si on nous avait laissé la main libre pour désigner ce candidat, peut-être que les choses auraient tourné autrement dans notre pays » a-t-il regretté récemment au congrès des Fcbe avant de prendre ses distances avec l’ancienne alliance au pouvoir❒
Eric Houndété : le virage inattendu
Eric Houndeté, l’actuel premier vice-président de l’Assemblée Nationale se trouve dans la liste des déceptions politiques de l’année 2016 pour son choix à la présidentielle de mars ; celui de soutenir le candidat Lionel Zinsou. Pendant longtemps, le député de la cinquième circonscription électorale s’était montré comme l’un des symboles de l’opposition politique au président Boni Yayi. Dans le discours comme dans les actes, il avait constamment affiché son opposition au régime Yayi. Il était l’un des principaux cadres et animateurs de l’Union fait la Nation, principale alliance d’opposition au gouvernement Yayi pendant son second quinquennat. Pendant l’élection présidentielle, il opère un virage à 180% en apportant son soutien à Lionel Zinsou. Pourtant, dauphin de Boni Yayi, désigné candidat des Fcbe dans des circonstances floues et controversées, Lionel Zinsou était le porte-étendard du système auquel Houndété s’était opposé. Candidat à la candidature de l’Un (opposition), il met ses convictions entre parenthèses et choisit l’option, la maladroite qui s’offrait à lui après que l’Un ait renoncé à présenter son propre candidat au scrutin présidentiel.
Léhady Soglo : vous avez dit opportunisme !
Fils de l’ancien Président de la République Nicéphore Soglo, actuel Président de la Renaissance du Bénin (Rb) et Maire de Cotonou, la principale ville du pays, Lehady Soglo a étalé son immaturité politique en 2016 en engageant son parti dans l’alliance contre nature Fcbe-Prd-Rb en soutien à la candidature de Lionel Zinsou à la présidentielle pendant que son géniteur combattant celui-ci, a mouillé le maillot pour le candidat Patrice Talon. Pourtant quelques mois plus tôt, il avait mis fin à l’accord politique signé entre la RB et Boni Yayi, participant ainsi à la gestion du pays depuis le K.O de 2011. Maire sur le fil du rasoir, il perd considérablement du terrain face au préfet rupturien Modeste Toboula. Avec Adrien Houngbédji, il partage le titre de « loueur de logo ».
L’Un: entre confusion et intrigues politiciennes
Plus grande alliance politique de l’opposition au régime Yayi, l’Union fait la Nation (Un) a fait la petite actualité dans la grande actualité de l’élection présidentielle. L’alliance a, par son attitude, marqué les esprits ; en majorité négativement. Avec battage médiatique, l’alliance avait lancé un processus de désignation de son candidat unique à la présidentielle. Emmanuel Golou du Parti Social Démocrate (Psd) et Eric Houndété étaient les deux candidats à la candidature de l’Union. Pendant de longs mois, ils ont investi, chacun dans son style, le terrain médiatique et politique, pour pouvoir remporter le challenge. Après plusieurs rebondissements et retournements de situation, l’alliance n’a plus désigné de candidat unique pour la présidentielle. Le processus s’est achevé en queue de poisson. L’alliance est restée dans une posture illisible jusqu’au second tour de l’élection. Pour le premier tour, elle n’avait pas de candidat fixe. Les deux prétendants à sa candidature sont allés chacun de son côté. Eric Houndeté a fait campagne pour Lionel Zinsou. Emmanuel Golou et son Psd ont rejoint la barque Ajavon.
Réalisation : Léonce Gamaï & Olivier Ribouis
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