«Les enfants du sable» : Gaston Zossou déplore l’absence de questionnement face à tout ce qui brille

Invité de la rencontre littéraire à l’Institut français du Bénin  (Ifb) à Cotonou, autour de son dernier roman, « Les enfants du sable » publié chez Riveneuve, l’écrivain et homme politique béninois Gaston Zossou a fait observer une cruelle absence de questionnement chez l’humain, notamment les communautés africaines face à des propositions mirobolantes.

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Publié en  mai 2015, « Les enfants du sable », le dernier roman de l’écrivain et homme politique béninois Gaston Zossou pose le problème de l’imprudence des communautés africaines dans un monde où le mal règne en maître. L’auteur à l’éloquence reconnue et à  l’écriture raffinée invité autour de ce livre  à la rencontre littéraire de samedi dernier à l’Ifb a livré le fond de sa pensée au public particulièrement bien mobilisé avec beaucoup de jeunes des collèges et lycées de Cotonou. Le roman « Les enfants du sable » en question est le récit romancé de l’histoire d’une communauté de pêcheurs marins des côtes ouest du Bénin  qui organisait périodiquement une partie de danse traditionnelle sur du sable fin et dont les meilleurs danseurs seront déportés aux Amériques après avoir succombé à l’appât d’un navire de colons venus leur proposer d’offrir un spectacle de la fameuse danse sur un pont du bateau.

Le péril d’un peuple sans interrogation

Cette histoire qui remonte le temps jusqu’au au 19ème siècle après la fin officielle de l’esclavage est en effet une brèche que Gaston Zossou emprunte pour éveiller les consciences sur le devoir de s’interroger face à tout ce qui paraît trop beau. « Le thème principal pour moi, c’est le manque de questionnement, le manque de retenue, cette légèreté qui nous fait courir vers tout ce qui est étincelant. Ce défaut de fierté personnelle qui fait que nous nous levons trop vite quand il s’agit de l’autre, du lointain » a indiqué l’auteur avertissant : « Tous les bons poisons sont enrobés de quelques sucreries ». La précieuse  question que ces pêcheurs aguichés, drogués puis déportés loin de leur contrée  devrait se poser est selon Gaston Zossou : « quelle est cette affaire ? ». Il estime qu’il était, pour des populations qui ne dansaient que sur la terre, indispensable de « se demander quelle est cette affaire ? » face à une proposition à danser sur un pont de navire contre de l’argent. Au-delà du Roman, c’est une question de vie et de fierté pour l’humain. Souligne-t-il, ne pas se poser cette question, ne pas avoir « cette méfiance salvatrice » est préjudiciable. En fait, Gaston Zossou s’oppose à la naïveté et relève que le mal est prédominant parmi les hommes. « Je crois au  mal, je crois en l’existence du mal. Je crois en la prédominance du mal sur le bien. Je suis convaincu  que Dieu, le père a donné la terre des hommes en affermage à Satan et que c’est lui qui règne maintenant. La gourmandise, la cupidité, la méchanceté, l’incivisme, voilà ce qui règne aujourd’hui » fait-il savoir sans craindre de choquer l’assistance. Il en appelle à la responsabilité des élites  à éveiller les consciences. « Ma conviction profonde est que les communautés humaines survivront par la force de la pensée de leurs élites » a-t-il dit. Aussi s’est-il adressé aux jeunes scolaires à qui il a demandé de prendre le temps se renforcer l’esprit à travers la réflexion, la lecture  et surtout d’aimer la vertu même rare qu’elle puisse être. Pour sa part, a-t-il assuré, « le bien est sporadique, le bien est léger, fugace. C’est pour cela que quand il y en a une petite vapeur, j’aime bien m’accrocher…En général quand j’écris, je crie haro sur le mal, la cupidité, la méchanceté, l’orgueil ».

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