La contribution du Bénin et de l’Afrique à l’avènement d’un ordre nouveau, en ce qui concerne les opérations de maintien de paix et de gestion des conflits, dans un monde visiblement en panne d’humanité et victime de destructions massives, aveugles et meurtrières, est manifeste.
Elle l’est d’autant plus que l’Afrique, par le truchement du Bénin, peut aujourd’hui revendiquer, la tête haute, la paternité de l’Initiative africaine d’éducation à la paix et au développement par le dialogue interreligieux, à l’origine d’un tel optimisme. Le nouveau Secrétaire Général des Nations Unies, l’un des tout premiers signataires de la pétition internationale pour la paix par un autre chemin et adhérent patenté à cette cause autorise enfin l’espoir.
Pendant que l’opinion internationale n’entrevoyait d’autre issue et de réponse appropriée aux folies meurtrières du fondamentalisme religieux que la riposte militaire, elle aussi destructrice et porteuse de ses propres limites, un petit pays de l’Afrique de l’Ouest, le Bénin, éperonné par une organisation de la société civile, le Centre Panafricain de Prospective Sociale (CPPS), a osé ramer à contre courant en plaidant pour « La paix par un autre chemin », celui du dialogue interreligieux et interculturel, qui n’exclut pas forcément l’approche sécuritaire dont il se veut plutôt complémentaire.
Quand bien même, il a été depuis longtemps, question du dialogue interreligieux et interculturel, pour promouvoir le vivre ensemble entre différentes composantes confessionnelles et culturelles d’une même communauté, rarement cette option a été envisagée comme alternative crédible aux opérations de gestion des conflits et maintien de la paix par la communauté internationale et les Institutions du Système des Nations Unies. L’on s’est toujours fié à l’approche sécuritaire dévoreuse d’énergie, de ressources et rarement accoucheuse de paix durable, en oubliant que le silence des armes est rarement synonyme de paix durable, s’il n’est accompagné d’un dialogue méthodique, sincère et fécond entre belligérants.
Il a fallu du temps pour concevoir et mûrir l’idée, associer les âmes de bonne volonté à la réflexion, y susciter leur adhésion ; ce qui a permis d’organiser, du 26 au 28 mai 2015, sous le parrainage de l’Unesco, avec l’appui du Gouvernement du Bénin et l’accompagnement des partenaires, le symposium international de lancement de l’Initiative africaine d’éducation à la paix et au développement par le dialogue interreligieux et interculturel. Au terme de ce grand rassemblement de plus de quatre cents participants dont deux cents en provenance de toutes les contrées du monde, a été élaboré et adopté Le Manifeste pour l’éducation à la paix et au développement par le dialogue interreligieux et interculturel.
Ce texte peut être considéré aujourd’hui comme la pierre d’angle sur laquelle est venu se greffer tout l’édifice de la paix par un autre chemin. Il est décliné en 25 paragraphes qui balisent le chemin à suivre pour promouvoir la paix en Afrique. Ce document a inventorié les situations et les raisons qui favoriseraient les troubles et remises en cause à l’origine des guerres, en Afrique. Son originalité tient au fait qu’il se propose, entre autres stratégies visant le renforcement de la paix, de promouvoir le vivre ensemble entre différentes religions et spiritualités, à partir des problèmes concrets de développement se posant dans le milieu. Il veut promouvoir la paix en luttant contre la pauvreté. Au Bénin, quelques projet concrets de démonstration sont en cours de réalisation.
Cette initiative modestement partie du Bénin, sous le parrainage de l’UNESCO, a aujourd’hui réussi à capter l’attention de la communauté internationale en quête d’innovations salvatrices. Il importe de rappeler à cet effet que, outre l’adhésion et l’appui du gouvernement du Bénin matérialisés à travers plusieurs extraits de relevés en Conseils des Ministres, de juillet 2014 à Août 2015, l’Assemblée Générale des Nations Unies, dans sa résolution A/69/L.41 du 15 décembre 2014, a adopté l’Initiative africaine d’éducation à la paix et au développement par le dialogue interreligieux et interculturel. Grâce au Secrétariat Général de cette institution, le Manifeste issu du symposium de mai 2015 a été traduit dans les cinq langues de travail de l’ONU. Le 24ème sommet des Chefs d’Etat de l’Union Africaine (UA) tenu les 30 et 31 janvier 2015 y a adhéré, sans oublier les soutiens acquis de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA).
Pour ratisser large, aller bien au-delà de ces soutiens d’institutions internationales et régionales et conférer une audience effectivement universelle à cette initiative, un appel à signatures de la pétition pour le renforcement des mandats et d’une coordination plus efficace des structures internationales chargées du dialogue interreligieux et interculturel pour la paix et le développement, a été lancé par le Professeur Albert TEVOEDJRE, Président du Centre Panafricain de Prospective Sociale (CPPS), à partir de Cotonou, le 06 juillet 2016, jour du Ramadan. L’objectif visé est de collecter le plus grand nombre de signatures en Afrique et à l’échelle de la planète pour conduire au renforcement et à la coordination plus efficace des agences et structures internationales chargées du dialogue interreligieux et interculturel.
Il se fait aujourd’hui que l’un des tout premiers signataires de cette pétition pour la paix par un autre chemin, se trouve être Monsieur Antonio GUTTERES, le nouveau Secrétaire Général des Nations Unies, qui va entrer en fonction dès le premier jour de la nouvelle année. A l’instar du manifeste et de la pétition pour la paix, il a reconnu, dans son discours programme, la nécessité de réformer la manière dont l’institution onusienne fonctionne : « Il est temps pour l’ONU de reconnaître ses insuffisances et de réformer la manière dont elle fonctionne ». Avec les trois piliers de la réforme que le nouveau Secrétaire Général des Nations Unies envisage, notamment, le maintien de la paix, l’aide au développement et la gestion, il vient de nous rejoindre courageusement dans ce combat, rassembleur de toutes les religions et de toutes les cultures pour une paix durable, porteuse de plus d’humanité, de progrès et de développement. S’ouvrira ainsi dès le 1er janvier 2017, avec Antonio Guterres, une ère d’espérance de sécurité humaine, fondée sur une démarche holistique efficace parce que réaliste, cohérente et devenant par conséquent « instrument incontournable » de salut public.
Après l’obtention de plusieurs milliers de signatures en Afrique et de par le monde, l’on peut d’ores et déjà considérer que la cause de la pétition ne tombera plus dans des oreilles sourdes et qu’une première bataille est gagnée. Dans notre combat méthodique pour cet ordre nouveau, les énergies doivent être stratégiquement et sans tarder être redéployées ailleurs ; ce qui entraîne ipso facto la clôture des signatures de la pétition ; notre cause ayant été entendue par le nouveau titulaire du portefeuille du Secrétariat Général des Nations Unies.
Toutefois, pour que le pari de la paix par un autre chemin soit gagné de façon durable par le Bénin et l’Afrique, il importe que les 25 grandes orientations préconisées par Le Manifeste pour l’éducation à la paix et au développement par le dialogue interreligieux et interculturel, pour renforcer la paix, en faisant reculer les frontières de la pauvreté au Bénin et en Afrique, deviennent le bréviaire de tous et contribuent, un peu partout, à l’éclosion de projets fédérateurs, promoteurs du vivre ensemble, de plus d’humanité et de développement. Ce sont là de nouveaux paris à gagner, sur lesquels toutes les énergies devraient désormais être concentrées.