Bénin: avis de quelques victimes de l’opération de déguerpissement

Que pensent les principales victimes des opérations de déguerpissement lancés récemment à Cotonou. LNT s’est rapprochée de quelques personnes dont les activités économiques s’organisent autour des trottoirs de Cotonou.

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Si certains reconnaissent le bien fondé de l’opération et s’exécute sans réchigner, d’autres ont des remarques à l’attention des autorités.

Eliane Agossou, propriétaire d’un dépôt de boisson à  Abomey-Calavi

Avant tout propos, je voudrais vous demander de dire au Préfet de l’atlantique qu’aujourd’hui avec les licenciements çà et là qui s’observent dans le pays, ce sont les femmes qui tiennent les foyers à travers leurs petits commerces. Je pense qu’il ne le sait pas. Concernant la casse, il devrait avoir des mesures d’accompagnement pour nous permettre de nous recaser. Sinon, nous ne sommes pas contre cette mesure. Il pouvait peut-être en amont de cette opération, prévoir un espace qui allait nous accueillir. Maintenant où allons-nous nous installer pour reprendre nos activités. Si nous étions dans un pays sérieux, les casses se dérouleraient sans heurts et violences. Je vous le dis parce que les forces de l’ordre ont tabassé un gérant de boutique qui vendait juste à côté de moi. Cela est triste et déplorable. Nous sommes tous unanimes sur le bien-fondé de cette opération de déguerpissement. Mais ce que nous leur reprochons surtout c’est de n’avoir pas pris en amont  des mesures d’accompagnement comme je l’ai dit au début.

Lucrèce Assogba, revendeuse d’ustensiles de cuisine et autres à Cotonou

Moi j’ai libéré le domaine public avant la date du 31 décembre 2016. Je l’ai fait précisément le 28 décembre pour éviter des problèmes, parce que notre préfet déborde de zèle parfois dans ses actions. Honnêtement je pense que l’opération de déguerpissement est une très bonne chose parce que cela va permettre de rendre la ville plus attrayante. Mais ce que nous déplorons tous dans cette opération, c’est l’absence de mesures d’accompagnement pour nous recaser. Ce que vous ne savez peut-être pas pendant tout le temps où nous occupions illégalement ces domaines publics nous payions des taxes à la mairie de Cotonou. Et nous pensions que du moment où nous contribuons au développement économique de la ville à travers ces taxes, il serait difficile de nous dire un jour de quitter ces lieux. Mais c’est ce qui fut fait avec l’arrivée du nouveau gouvernement. J’ai appris que le Dg de la Sogema, Armand Gansè a offert un espace de 9 hectares pour les personnes victimes du déguerpissement. C’est aussi une très bonne chose mais moi  j’attends de voir comment les places seront attribuées ».

Justin Ahouansou, propriétaire d’un cyber à Abomey-Calavi

J’ai été victime du déguerpissement parce que j’occupais illégalement le domaine de l’Etat. Cela dit, je pense que cette opération est la bienvenue parce qu’elle permettra de rendre plus belles nos villes en particulier celle d’Abomey-Calavi. Même si nous estimons que des mesures d’accompagnement n’ont pas été prises. Aussi, nous avons appris que sur ces espaces vides ils vont construire des centres commerciaux. Tout ceci participera à l’embellissement de la ville. Je vous avoue que les casses qu’il y a au niveau de mon cyber m’ont fait un manque à gagner. Depuis que l’opération de déguerpissement est rentrée dans sa phase active, les clients viennent rarement à mon cyber. Je les comprends parce que je n’ai que maintenant trois ordinateurs à cause de la réduction de mon local. Ce qui est insuffisant. Je compte ouvrir mon cyber derrière le village SOS pour avoir l’espace nécessaire pour installer tous mes ordinateurs. Je pense que l’aspect dimension sociale n’a pas été pris en compte dans cette opération. Parce qu’aujourd’hui les personnes les plus victimes de cette opération sont nos mamans. Pourtant ce sont-elles qui assurent aujourd’hui les charges locatives et alimentaires dans leurs foyers. Je sais de quoi je vous parle.

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Martine Agbossaga, vendeuse d’essence frelatée

Concernant la décision du préfet nous demandant de libérer les espaces publics, je vous avoue que c’est une bonne chose. Mais s’il nous permettait de faire toujours ce commerce se serait bien. Parce que j’ai l’impression qu’il veut prendre par cette opération pour interdire la vente de l’essence frelatée. Je suis consciente que c’est un commerce qui est dangereux. Moi-même je veux laisser ce commerce. Si je le fais comment vais-je nourrir mes enfants et payer leur scolarité ? Il me serait difficile. C’est vrai que certains parmi nous vendent de l’essence dans leurs concessions chose que je n’approuve pas d’ailleurs. Mais je les comprends en partie parce qu’ils doivent subvenir aux besoins de leurs familles.

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