LA REVOLUTION TALON ? PRESQUE

Le présent pouvoir nous a opportunément épargné ce slogan creux de rupture ; parce que c’est simplement impossible d’opérer une vraie rupture dans un système sociétal. Va pour le Bénin révélé, aphorisme beaucoup plus soft et digeste.

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L’analyste objectif doit convenir de ce fait : nonobstant ce phénomène rémanent qu’un régime nouveau part toujours d’un nouveau départ, celui d’une bonne gestion relative par rapport au régime précédent, surtout s’il a duré une décennie, le Nouveau départ du régime Talon est en train de nous offrir les ingrédients d’une  possible révolution. En effet, voici les trois conditions d’une vraie révolution systémique :

  • La modernisation politico¬-institutionnnelle (la liquidation de l’ancienne politique à travers les structures)
  • La bonne gestion attendue de l’équipe au pouvoir (la liquidation de l’ancienne politique à  travers les hommes)
  • Une nouvelle orientation politico-idéologique (en finir avec l’idéologie porteuse de l’ancienne politique).

Les Béninois sont l’un des peuples les plus blasés du monde en ce qui concerne leurs gouvernants ; cependant la plupart acquiescent, malgré la brutalité de certaines initiatives comme l’opération villes propres et la traque des vendeurs de l’essence Kpayo, que le tremplin des réformes structurelles est bien lancé, surtout après le clinquant PAG. Cependant, on ne voit pas encore une « nouvelle conscience » politico-idéologique poindre à l’horizon. Est-ce le nouveau départ pour une révolution libérale afin de faire du Bénin un pays émergent ? Mais alors, le précédent régime avait les mêmes ambitions sans jamais parvenir à les réaliser faute d’organisations partisanes idoines. On attend toujours le ou les partis porte-étendard de la révolution talonnesque ; mais il est juste de reconnaître que contrairement au Président Boni YAYI, Patrice Talon est chapeauté par deux vrais hommes politiques en passe de devenir des hommes d’Etat, le « vice-président » Pascal Irénée KOUPAKI et « le premier ministre » Abdoulaye BIO TCHANE.

Leur présence au Gouvernement a crédité la nouvelle équipe d’un peu plus de rigueur dans la gestion des grands dossiers de l’Etat ; bien que tout ceci manque encore du punch nécessaire pour déclencher cette furieuse adhésion populaire dont avait bénéficié le régime du PRPB pendant près d’une décennie de vraie geste révolutionnaire. L’opération Le rouge et le vert actuellement déclenchée à Cotonou fait beaucoup plus de mécontents et de citoyens résignés que de vrais laudateurs enthousiastes !  Y a-t-il une équipe de vrais réformateurs soudée autour du Président Talon ? C’est à ce niveau qu’on détecte la principale faille de tout processus révolutionnaire : il y a souvent plus de zélés qui bombent le torse et assouvissent leur libido dominandi ; ce qui les conduit à oublier que dès que des mesures révolutionnaires deviennent des jougs pour les masses populaires et non des voies idoines pour soulager leurs conditions matérielles et morales d’existence, elles perdent leur raison d’être. Aussi sont-ce souvent des nervis fascistes qui se « montrent » que de vrais hommes pondérés et réfléchis ; comme Joseph Djogbénou. Ce brillant universitaire selon moi ne joue pas encore le rôle d’animateur central qui lui sied dans la talonnie ; et il y en a beaucoup d’autres dont les compétences ne sont pas encore suffisamment exploitées doublés qu’ils sont par des tire-au flanc opportunistes, comme en comptent tous les régimes politiques.

Dans une chronique à venir, votre serviteur s’attachera à montrer qu’avec Boni YAYI nous avons achevé ce cycle politique que nous avons appelé le Renouveau démocratique. Le multimilliardaire magnat du coton nous introduit dans un cycle politique nouveau que nos concitoyens du PCB ont désigné à tort du vocable de césarisme, concept introduit par le révolutionnaire russe Léon TROTSKI dans La Révolution trahie pour qualifier le modèle politique instauré par Joseph Staline. A vrai dire, nous ne sommes en face ici ni du césarisme ni du bonapartisme, mais d’un essai de l’Etat de démocratie nationale qui signe l’échec dans les pays en transition de la Périphérie, du libéralisme capitaliste développé au Centre.

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En effet, nous sommes apparemment loin des rengaines du Renouveau démocratique embouchées par tous les régimes qui ont précédé Patrice Talon depuis 1990 avec plus ou moins de bonheur. Il faut reconnaître que celui qui s’était le plus affublé des oripeaux de la démocratie libérale occidentale mais a échoué faute d’en avoir un chef politique idoine est le régime de Nicéphore SOGLO. Après lui, les ambitions ont été largement revues à la baisse. D’ailleurs le retour au pouvoir du Grand Camarade de Lutte de la période révolutionnaire et de ses affidés prouve s’il en est encore besoin, de la faillite précoce de notre « Renouveau démocratique ». Après le Général Mathieu KEREKOU, Boni YAYI, ancien dirigeant libéral de la BOAD, mais enfoncé dans les pesanteurs de la béninoiserie, n’a pu faire mieux avec son changement-refondation. Comme le Général Mathieu Kérékou, son congénère du Nord, il s’était engoncé au bout de cinq ans dans le césarisme néo-patrimonial que Patrice Talon essaye de dépasser. Ce dernier est loin d’être déjà un despote césariste, n’en déplaise à mes amis du PCB. Permettez-moi de pontifier : la tâche historique de l’Etat de démocratie nationale (ou révolution démocratique nationale) est de réussir dans les pays de la Périphérie du Système Mondial Capitaliste les tâches de l’accumulation locale.

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