Le précédent Yaya Jammeh

Yaya Jammeh, le fantasque dictateur gambien aux petits pieds, (au propre et figuré) a fini par jeter l’éponge en prenant la route d’un exil doré en Guinée équatoriale. Une issue somme toute imprévisible au regard des derniers développements de l’actualité de ce petit pays totalement enclavé dans le Sénégal.

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Deux jours auparavant, le dictateur en effet, avait pris des mesures qui avaient fait craindre le pire: la proclamation de l’état d’urgence et la prorogation pour 90 jours de son mandat. Entre-temps, le président élu, Adama Barrow avait discrètement quitté le pays pour une brève apparition au sommet Afrique – France de Bamako. Et tous les observateurs de craindre que cet exil volontaire ne se prolonge indéfiniment pour le plus grand bonheur du dictateur qui se serait du coup débarrassé à peu de frais d’un opposant politique gênant. Le scénario catastrophe où le dictateur reprendrait en main la situation qui semblait lui échapper commençait à être évoqué. L’annonce du déploiement des forces de la Cedeao a subitement changé la donne et a véritablement accéléré le cours des évènements.

Pourtant, personne n’avait pris au sérieux les déclarations va-t-en guerre du président de la commission de la Cedeao, le Béninois Alain Marcel de Souza, (annonçant à cor et à cri l’intervention des forces de la Cedeao, si Jammeh continuait de s’opposer à la victoire d’Adama Barrow). Les observateurs politiques d’ici et d’ailleurs ont en mémoire les précédents malien et Bukinabè, où les atermoiements de la Cedeao ont plutôt contribué à aggraver les crises politiques. Dans le premier cas, la Cedeao on s’en souvient avait été totalement dépassée par les enjeux politiques et s’était montrée au final incapable de lever des forces militaires pour contrer les Djihadistes qui avaient occupé les trois quarts du territoire malien. La France est intervenue dans les conditions que l’on sait avec l’opération Serval aux résultats somme toute mitigés et la guerre n’est toujours pas terminée au Mali. Quant au cas burkinabè, n’eût été la résistance des associations de la société civile plus déterminées que les forces politiques, les putschistes du général Diendéré auraient pris possession du pouvoir pour imprimer un autre cours au processus démocratique de ce pays

Avec la Gambie, la Cedeao est passée plutôt rapidement de la parole aux actes, proclamant urbi et orbi par la voix de Marcel de Souza décidément très en verve, à la tête de la commission de la Cedeao que Yaya Jammeh n’avait d’autre choix que de reconnaître sa défaite. Pourquoi les choses sont-elles allées aussi vite en Gambie ? L’histoire dira un jour si la proximité du grand frère sénégalais et ses intérêts bien compris en Casamance toute proche ont été pour quelque chose dans le dénouement rapide de la situation politique en Gambie. Toujours est –il que  pour une fois dans la sous région, la fermeté de la Cedeao sur les questions de principe de la reconnaissance des résultats des élections a fini par payer, même si c’est au prix des concessions inacceptables pour les démocrates au dictateur déchu. Désormais, dans la sous région ouest africaine et même au-delà, il y aura un avant et un après le « précédent Yaya Jammeh ».Tous les tenants du pouvoir  qui s’aventureraient sur les chemins de la remise en cause des résultats des élections réfléchiraient par deux fois avant de s’y engager. Il  reste à souhaiter que ce précédent gambien fasse tache d’huile partout ailleurs sur le continent, à commencer par l’Afrique centrale où sévissent des dictateurs endurcis.

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